Je cherche depuis longtemps un argument simple pour faire saisir aux élèves l'idée que notre esprit serait très dépendant d'expériences contingentes, morcelées et fragmentaires que nous avons pu avoir (un peu comme les histoires étranges de genèses factices et accidentelles de nos concepts dans La Structure de l'Apparence de Goodman ou un peu comme ce que j'avais tenté de décrire comme Mémoire d'intemporel chez Platon). D'habitude, je leur raconte plutôt une histoire d'enfants-table rase qui doivent saisir des concepts adéquats. Et ils ont l'air de trouver cela idiot et sans intérêt.
Et aujourd'hui, j'ai improvisé "Imaginez que vous ayez grandi dans la Station spatiale de Thomas Pesquet en microgravité. Concevoir qu'un corps tombe ou est attiré par le sol serait une découverte empirique, un jugement synthétique (a posteriori) qui vous surprendrait."
Non, ce n'est pas vrai, je n'ai pas dit jugement synthétique a posteriori. On laisse cela pour la classe prépa.
Et je ne sais pas pourquoi, peut-être à cause de Thomas Pesquet mais cela a marché, ils avaient l'air de trouver l'expérience de pensée plus intéressante que toutes mes cavernes, mes îles désertes, mes Mary achromates, mes Swampmen, mes Adams et mes Psammétiques habituels.
Un jour, j'aimerais bien retrouver ce film ou téléfilm que j'ai vu enfant (sur RTL9 il me semble, en Lorraine) où un prof de philo américain expliquait à ses étudiants "Mais qui vous dit que les objets qui tombent ne sont pas toujours tirés par des farfadets invisibles". Je crois que ce passage saugrenu (que j'ai vu avant de faire de la philosophie) a dû plus me marquer que bien des textes académiques.
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