lundi 5 décembre 2011

La soutenable absence de la Lune




Apparemment la Terre pourrait être stable et propice à la vie sans la Lune, contrairement à des calculs répétés depuis 25 ans.

Tout d’abord, il semblerait que les variations restent comprises entre 10° et 50° ce qui, tout en n’étant pas négligeable, implique des changements de climat moins violents. Surtout, les chercheurs ont constaté que pendant des périodes aussi longues que 500 millions d’années, l'inclinaison de l’axe de la Terre sans Lune restait comprise entre 17° et 32° et même entre 20° et 25° pendant des centaines de millions d’années. Ils ont découvert aussi que l’amplitude de ces variations n’était pas la même selon que la Terre tournait sur elle-même dans le sens contraire, ou non, à celui de sa révolution autour du Soleil. Une rotation rétrograde est ainsi plus stable et il en serait fortement de même si la période de rotation de la Terre était inférieure à 12 h.

Je ne comprends pas la fin :

Si donc l’Homme aurait peut-être pu apparaître sur Terre en l’absence de la Lune, on peut tout de même se demander comment sa science et sa technologie auraient pu se développer tant est vraie cette affirmation d’Henri Poincaré dans son ouvrage La valeur de la Science (chapitre VI ) lorsqu’il dit que ce qu’il veut montrer avant tout à son lecteur, « c’est à quel point l’astronomie a facilité l’œuvre des autres sciences, plus directement utiles, parce que c’est elle qui nous a fait une âme capable de comprendre la nature ».

Veut-il dire que sans la Lune, les instabilités auraient été quand même trop grandes pour qu'on puisse arriver à des inductions sur le système solaire ? Ou bien qu'on aurait eu plus de mal à passer du cycle court du "mois" lunaire à l'année solaire ? Ou bien veut-il dire que le Soleil et les planètes n'auraient pas été suffisants pour deviner l'idée même de grands cycles ?

Cela paraît assez douteux. Si les astronomes antiques ont réussi à trouver des inductions sur des cycles parfois très longs comme les 1460 ans de Sirius (à condition de ne pas trop partir uniquement d'un calendrier lunaire justement), j'imagine que même pour la science, la Lune n'aurait pas été si indispensable.

Certains cycles auraient peut-être même été plus réguliers (par exemple d'après ce site, la précession des équinoxes aurait eu lieu quand même mais aurait été bien plus lente).

Le philosophe "contingentiste" Quentin Meillassoux avait évoqué dans une conférence récente l'idée d'écrire des romans qui ne soient pas de fiction scientifique, sur des lois de la nature différente, mais de fiction "hors science" sur la possibilité d'un monde sans aucune régularité ou loi de la nature. Même dans un monde avec de plus fortes oscillations et changements climatiques plus violents, nous aurions dû inventer des "biais" heuristiques pour ne pas trop être des Sceptiques ultra-humiens. Il nous faudrait vivre dans un véritable chaos pour arriver à croire dans le chaos.

2 commentaires:

Rappar a dit…

En mettant les instabilités de côté, je pense que la Lune fut utile aux sciences en tant que "première marche vers l'univers".

Cet "astre" visible à l'oeil nu, tentant, qui fait rêver, a pu donner, par extrapolation, l'idée que la terre était ronde; qu'elle tournait autour du soleil; qu'elle avait des équivalents autour des autres planètes; son influence sur les marées -> la gravitation.

Tu as dû voir comme moi ce documentaire avec Michel Serres, exposant les Grecs en train de mesurer l'univers à l'aide de la géométrie; la circonférence de la Terre, puis, grâce aux rôle considérable des éclipses (de soleil, mais aussi de lune), la distance Terre-Lune, Terre Soleil (moins bien...), ... :)

Enfin, d'un point de vue psychologique, sans ce "proxy", l'homme aurait été beaucoup plus certain d'être seul dans l'univers... :)

En surfant sur futura-sciences.com , je tombe sur l'article sur l'instabilité des planètes telluriques, suivi de la vue d'artiste d'une collision entre la Terre et Vénus, et la pertinente annonce Google entre les deux :
"Enlèvements Des Gravats
Débarras le moins cher, Evacuation des gravats,et déchets" ;D

Phersv a dit…

Oui, il y a la visibilité et la Lune joue un rôle plus central que Vénus par exemple. Il y a la face sur la Lune qu'on retrouve dans tant de mythes : le Lapin sur la Lune dans la mythologie chinoise, etc.

Mais j'ai l'impression que les peuples de l'Antiquité devaient mieux remarquer certains détails du ciel nocturne que ce nous arrivons à imaginer. C'est quand même incroyable que les Sages de l'époque préhistorique aient pu déjà remarquer tant de cycles (même si dans le cas de Sirius, c'était pour une raison pratique parce qu'ils croyaient que cela les aiderait à mieux prévoir les crues du Nil alors qu'ils n'avaient même pas deviné le calendrier solaire plus simple).

L'astronomie a vraiment été une des mères des sciences et joue vraiment un rôle dans les mythologie, à en juger par la quantité de mythes sur l'Etoile du Matin (Venus) ou sur les constellations (les Pléiades par exemple qu'on retrouve par exemple dans la mythologie indienne comme les gardiennes Kṛttikā de Kārtikeya).

Greg Stafford a dit qu'on l'accuse tout le temps de "Gregging" mais que s'il y avait une seule chose qu'il pouvait changer radicalement sur Glorantha et qu'il n'ose pas faire, ce serait les calendriers, pour les rendre bien plus complexes et plus contradictoires pour qu'ils tombent moins justes et qu'on puisse plus se demander quelles sont les vraies régularités célestes.