Sans vouloir rien retirer au génie d'Alan Moore, certaines de ses histoires les plus célèbres parmi les comics mainstream sont parfois des révisions d'histoires plus classiques (même avant Supreme, qui n'est plus composé que de tels hommages à l'Âge d'Argent). Par exemple, j'ai déjà dit que sa célèbre histoire "Mogo does not socialize" (Green Lantern n°188, mai 1985), où on recrute une planète vivante comme Green Lantern était une révision (plus réussie) de "The Strange World Named Green Lantern" (Green Lantern n°24, John Broome, octobre 1963). [En revanche, je n'ai pas trouvé de précédent aussi direct de son chef d'oeuvre sur les limites de la traduction et de l'intelligibilité dans “In Blackest Night,” Green Lantern Corps Annual #3 (1987).]
De même, son célèbre "For the Man Who Has Everything" (Superman Annual #11, 1985) ressemble de très près (en encore plus mélancolique) à Superman #132 (Otto Binder, octobre 1959) et même son titre est en fait une citation de la première phrase dite par Batman dans cette histoire. Dans la version de Binder, Superman regarde ce qu'aurait été sa vie si Krypton n'avait jamais été détruite et de manière assez peu crédible, l'histoire se répète et il était destiné à devenir un superhéros quand même et à rejoindre la planète Terre. L'idée géniale est d'avoir transformé la simulation contemplative en une toxique hallucination où Krypton devient une dystopie et où Jor-El bascule dans l'amertume en s'étant trompé. Les deux sont d'ailleurs reproduits ensemble dans The Greatest Superman Ever Told (la version de 1987).
Enfin, son célèbre "Whatever Happened to the Man of Tomorrow?" (Superman #423 + Action Comics #583, septembre 1986) est moins original quand on a d'abord relu "The Doom of the Super-Heroes!" (Edmond Hamilton, Adventure Comics #310, juillet 1963), y compris l'extrême mortalité et la chute avec Monsieur Mxyzptlk qui est très similaire (celui de Hamilton étant un descendant de Mxyzptlk et non pas une évolution du même personnage).
Malgré tout le mépris de Moore actuellement pour le fanatisme conservateur des Geeks, toutes ces intertextualités rappellent à quel point il connaissait profondément les comics DC de l'Âge d'argent.
Theatre: A Very Wooster Holiday
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*Happy Christmas, Jeeves* by Heidi McElrath and Nathan Kessler-Jeffrey,
directed by Karen Lund, based on the stories of PG Wodehouse Taproot
Theatre Com...
Il y a 4 heures
4 commentaires:
Oui. Mais c'était avant qu'il dégringole les degrés insensibles de l'escalier du mal radical qui l'a conduit à la cave du Neonomicon. Snif.
Oui, je ne lis pas du tout ce qu'il écrit chez Avatar Press, cela m'a toujours paru assez sensationnaliste.
Même ses plus récents LoEG me paraissent devenir assez décevants.
Je plussoie. Bon, en même temps, il laissera derrière lui, gravés dans les sables du Temps et /ou forgés sur l'Enclume des Jours, une oeuvre dont peu d'auteurs peuvent se prévaloir : Watchmen, V pour Vendetta, From Hell et Top Ten, c'était pas des comics de tafiole. Je prépare un article vengeur sur sa production récente, mais à tous les coups il va faire semblant de pas l'avoir lu.
Des incursions du côté de chez Moore toujours aussi intéressantes, merci.
Au sujet de "Whatever...." ça retire un peu d'eau au moulin de Grant Morrison qui disait que Moore avait tout pompé (voir plus) sur le roman de Robert Mayer, Super-Folks :
http://artemusdada.blogspot.fr/2013/04/super-folks-de-robert-mayer.html
et : http://artemusdada.blogspot.fr/2013/04/super-folks-de-robert-mayer-02.html
Si je peux me permettre ?
Au sujet de ses travaux chez Avatar, j'ai longtemps hésité à lire Neonomicon et finalement c'est pas mal du tout.
Et en ce qui concerne Crossed +100 ce sont 6 épisodes de haut niveau si vous voulez mon avis : http://artemusdada.blogspot.fr/2015/10/crossed-100-alan-moore-gabriel-andrade.html [-_ô]
Et j'attends de pied ferme Providence (en V.F) pour rester dans la veine lovecraftienne, si je puis dire.
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