C'est seulement William Harvey (1628) qui a découvert la circulation cardiaque (les veines apportant le sang vers le coeur, les artères prenant l'impulsion cardiaque pour apporter l'oxygène des poumons vers les organes). La théorie classique de Galien au IIe siècle de notre ère disait que le foie secrétait du sang à partir de l'alimentation et l'envoyait vers les organes et que les artères prenait le Souffle (pneuma) depuis les poumons, mélangeant ainsi le sang et l'air. Harvey va relier ce pouls dans les artères avec le rythme de ce moteur cardiaque.
Mais à l'époque hellénistique dans la cité d'Alexandrie, cette histoire de pulsion du souffle vital apparaît dans une des premières psychothérapies.
Le médecin Hérophile (330-250), père de la médecine alexandrine et de la dissection anatomique, aurait eu parmi ses élèves à Athènes une certaine Agnodike. Agnodike n'a que des sources légendaires beaucoup plus tardives et est donc probablement un personnage imaginaire. Elle serait la première femme médecin, première gynécologue qui dut, dit-on, se déguiser en homme vers -300 (?) pour pouvoir exercer avant d'obtenir la modification des règles excluant les femmes. Elle aurait été obligée de se dénuder devant ses juges de l'Aréopage pour dévoiler son sexe. Et puisqu'on parle de premières femmes médecins, Jean de Mandeville raconte dans ses étranges voyages (milieu du XIVe) une autre légende sans rapport où une fille d'Hippocrate de Cos aurait été transformée en dragon de Cos par Artemis et ne reprendrait forme humaine que lorsqu'un homme l'aimerait.
Hérophile aurait aussi été le maître de son rival Erasistrate (310 - 250). Cet Erasistrate aurait aussi travaillé avec la médecin Pythias (II) la Jeune, la fille d'Aristote (qui n'eut pas les mêmes difficultés qu'Agnodike comme elle n'exerçait pas à Athènes et n'aurait pas eu autant de patientes). Erasistrate a repris à Hérophile une méthode très empirique de vivisection mais il aurait été plus radical que lui dans la critique des théories hippocratiques (et notamment dans le rejet des saignées).
Je connais pas assez l'histoire de la médecine, la théorie d'Erasistrate et les différences précises avec la physiologie de Hippocrate, Aristote et ensuite Galien mais il défend que les veines transportent le sang et les artères l'air.
Or c'est cette théorie sur l'Air et les artères qui permet de comprendre la célèbre anecdote sur Antiochus.
Le Roi Seleucos (358-281), roi de la partie orientale de l'Empire macédonien, demande à Erasistrate de soigner son fils Antiochus (324-261) vers -294. Erasistrate devine que la cause de sa langueur n'est pas physique mais psychologique. Il remarque en l'auscultant que le pouls du Prince dans ses artères augmente quand passe sa nouvelle et jeune belle-mère Stratonice (320-254), princesse macédonienne et fille du roi Demetrios Ier Poliorcète (337-283). Le mouvement de l'air, rythme du Pneuma, ne trompe pas face à la femme même si le patient ne dit pas la vérité. L'organe trahit l'esprit. Ses symptômes cliniques parlent plus sincèrement que sa volonté.
Le médecin conseille donc à Seleucos de renoncer à sa nouvelle épouse (la fille de Demetrios Poliorcète) pour la donner à son fils, ce qu'il accepte. Le futur Antiochus Ier Sôter sera l'ancêtre de la dynastie séleucide par cette Stratonice, fille des Antigonides.
La scène est souvent représentée dans une inversion sur le Regard Masculin : Antiochus est alité, en pâmoison, en convulsion qu'on associait plus aux vapeurs hystériques et c'est sa belle-mère qui passe alors comme le sujet actif du tableau (comme Omphale et Héraclès) tout en essayant de se cacher timidement dans certaines versions comme si elle était consciente d'être la cause des troubles de son beau-fils. Antiochus y est souvent représenté assez jeune mais il avait quand même 30 ans (et son père 48) quand il tombe malade d'amour. Stratonice avait eu une fille avec Seleucos avant ce re-mariage.
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