Notre ancien (et probalement futur) Président vient de découvrir le concept d'hubris.
Mais l'hubris de l'homme, dans son nouveau discours, n'est pas que l'homme puisse nuire à l'environnement. Non. C'est qu'il puisse même croire qu'il le fait.
Je ne comprends même pas cette prétention métaphysique.
Imaginons une hypothèse folle et concédons à cet individu son affirmation idiote.
Même en supposant qu'il ait raison et que la part du réchauffement climatique causée par l'homme soit plus faible que ce que les scientifiques disent, en supposant que d'héroïques industriels tentent de rétablir la Vérité contre les sombres complots des savants, cela ne voudrait-il pas dire quand même qu'on doit agir sur la part sur laquelle on peut agir ?
Autrement dit, si on croyait une seconde qu'un politicien inconstant et sophiste connaît mieux le climat que les climatologues, est-ce que cela soutiendrait la conclusion contre toute action pour lutter contre le réchauffement climatique ???
jeudi 15 septembre 2016
Badinguet Prophète
Publié par Phersv à 22:58 8 commentaires
Transparence
C'est une série d'avaries diverses à la maison. L'ordi de ma compagne ne fonctionne plus et nous attendons un peu avant de le remplacer. Je lui ai donc passé le mien, ce qui explique que je ne blogue plus. Je peux "liker" sur des médias sociaux ou mettre des liens sur Twitter mais cela devient plus difficile de poster plus longuement. Même ce dernier ordi devient d'ailleurs poussif et son problème de radiateur fait qu'il s'arrête tout seul au bout de deux heures.
L'été a été morose et j'ai l'impression d'avoir moins de curiosité intellectuelle que par le passé, ce qui m'afflige. Je me rends compte que je croyais qu'on pourrait mieux cultiver une "ambition" intellectuelle (en supposant que le terme ait un sens) sans vraie ambition sociale (ce qui serait sans doute la définition de la sagesse) mais que le risque est de perdre un peu les deux en même temps sans une exigence intérieure de continuer à lire sans aucun contexte académique ou sans une pression extérieure. La stratégie de l'ambition sociale dont on se moque souvent avait donc de bons arguments pour elle comme "moteur", nourrir la libido sciendi grâce à des motivations plus mesquines comme l'amour-propre (libido dominandi).
Depuis une douzaine d'années, je commence beaucoup de livres mais il est rare que j'en finisse. Cet été, cela devenait même insignifiant, en dehors de ceux que je lis à voix haute pour Mellon. Il commence hélas à devenir plus sélectif et ne permet plus que je lui lise n'importe quoi : il a refusé que je continue Swift ou Kipling, sans doute parce qu'il y a moins d'images que dans Tintin et Picsou Géant. C'était la première fois que je lisais du Disney depuis 20 ans et le ton a vraiment changé : on voit tout de suite que la rédaction est composée de Geeks qui écrivent comme s'ils étaient les éditeurs scientifiques de Carl Barks dans la Pléiade. Ils donnent les sources originales, les dates, les références alors qu'auparavant, tout était anonyme et la traduction française ne précisait même pas si cela venait de l'italien ou d'une autre langue. Saviez-vous qu'un numéro récent (Super Picsou Géant n°194, juin 2016) avait une histoire visant clairement Donald Trump (nommé Ronald Plump) ? Cela n'est paru au départ que dans l'édition danoise (suivie par les autres éditions européennes) mais le scénariste est Michael Gilbert.
J'ai aussi lu plusieurs épisodes du cycle du Magicien d'Oz de L. Frank Baum (notamment dans l'adaptation faite par Eric Shanower, l'auteur d'Age of Bronze). J'étais resté longtemps sur un préjugé (peut-être aussi à cause de ma haine contre le genre du Western) contre Baum en tenant compte de son article demandant un génocide des Indiens mais Baum était un personnage complexe, sans doute très féministe pour son époque par exemple (le livre est dédié à son épouse, une suffragette et il est clair que c'est un des thèmes du cycle, il y a même une Révolte des femmes qui exigent de reprendre le pouvoir à Oz). J'avais cru que la réputation du cycle d'être si apprécié par la communauté gay ne venait que d'une tradition historique extrinsèque ou accidentelle (que certains Gays auraient aimé le film de 1939 et qu'ensuite l'habitude aurait pris de parler de Friends of Dorothy comme euphémisme pour les homosexuels en général par une simple tradition contingente). Mais le second volume du roman a ce qui doit être la première héroïne transsexuelle de la littérature enfantine (en 1904) et le lien n'est sans doute pas si extrinsèque qu'on pourrait le penser.
La critique qu'on fait souvent contre Oz est que c'est plus mièvre ou puéril qu'Alice (les jeux de mots n'y sont certes pas aussi fins) ou même que Peter Pan (mais moins lourd moralement que Narnia). Mais même sans avoir lu le film de 1939 (que je connais par osmose, comme tout le monde), je comprends mieux la fascination que le livre a suscité. Il se peut que ce soit d'ailleurs le premier livre de fantasy à avoir incorporé une carte du pays imaginaire, avant Eddison ou Tolkien. C'est parfois très "édulcoré" et enfantin comme du Enyd Blyton (cycles de Wishing Chair, Noddy et de Faraway Tree, qui doivent être très inspirés par Baum près de quatre décennies après) mais Oz peut aussi avoir des niveaux assez sombres : un roi se suicide après avoir vendu ses enfants pour obtenir une plus longue vie, le Bucheron de Fer Blanc devient un cyborg deshumanisé parce que sa hache enchantée l'a mutilé. C'est aussi très païen : les Déesses de la Fécondité règnent clairement sur Oz (le Magicien Oscar Zoroastre est un charlatan et un usurpateur face à la Reine légitime Ozma et les diverses "Sorcières" des 4 points cardinaux - on peut même se demander si les hommes peuvent vraiment y avoir des pouvoirs magiques authentiques) et il y a des listes de divers génies élémentaires qu'on croiraient sortis de Glorantha (surtout dans les Aventures du Père Noël, dont il existe une jolie adaptation en comics par le brillant Mike Ploog). Oz a une dimension clairement plus américaine que les classiques britanniques. On y fait souvent l'éloge des ingénieurs, inventeurs capables de rivaliser avec la magie (le génie du soi-disant "Magicien" est qu'il n'en est justement pas un mais seulement un héros steampunk). Et il y a une certaine "ouverture d'esprit" dans le cycle qui n'est pas du tout victorienne (l'Epouvantail dit quelque chose comme : "Vous dites que je suis inhabituel ? Mais tout est inhabituel tant qu'on n'y est pas habitué !").
Il y a déjà de nombreux jeux de rôle sur Oz comme c'est dans le domaine public, par exemple : Oz: Dark & Terrible (vision "déconstructionniste", 2010), Adventures in Oz (disponible en "payez-ce-que-vous-voulez"), Battle for Oz (une campagne clef en main pour Savage World) et l'inachevé Heroes of Oz (qui utilise le système de Fudge).
Publié par Phersv à 22:31 2 commentaires
Libellés : mellon, nombril, parler des livres qu'on n'a pas lus