lundi 17 avril 2017

Le souvenir de l'éternité


Pour la plupart des Homais matérialistes-positivistes un peu simplistes dans mon genre, la croyance en une "immortalité" de l'âme n'est guère qu'une simple crainte de la mort. L'homme est un animal qui a assez de conscience pour ne pas arriver à se représenter la possibilité qu'il puisse cesser complètement d'exister, la crainte est donc l'expression d'une sorte de scandale douloureux ou du refus d'admettre qu'on ne soit pas un être nécessaire.

Mais dans le cas de la théorie de Platon, ce n'est bien sûr pas que cela quand on revoit les origines de "notre" métaphysique.

Il y a au moins deux exemples où l'éternité de la pensée du sujet sert une autre fonction qu'une compensation imaginaire à notre mort. L'expérience de notre vie est fragmentaire, relative. Nous sentons des choses particulières et limitées et nous devons extrapoler à partir de ces bases relatives. Concevoir l'éternité de la pensée consiste à transformer ce qui est fini et contingent en quelque chose qui donnerait la possibilité de dépasser cela.

(1) Prenons l'exemple de la célèbre théorie de la Réminiscence.

Platon semble dire que les âmes n'ont eu accès qu'à des exemples limités dans leur sens mais qu'ils doivent pouvoir aller plus loin qu'une simple généralisation à partir de ces données. Je ne vois que des formes approximatives et floues et peux pourtant arriver au concept du nombre Pi. J'ai souvent eu du mal à voir pourquoi Platon avait besoin de dire que l'âme avait accès à des Idées ou Formes intelligibles éternelles parce que l'âme éternelle se souvenait de les avoir contemplées "avant" cette vie limitée, de toute éternité. Pourquoi ce concept de "mémoire" ? Est-ce seulement pour des causes assez accidentelles, parce que les Grecs appelaient "VRAI" (A-léthès) littéralement ce qui retire l'Oubli (Léthè) ? Ce terme de "mémoire" n'est-il à prendre qu'en un sens métaphorique ou allégorique pour une difficulté à se représenter l'accès à ce qui est Universel et Nécessaire ? Cela n'est-il qu'une analogie pour une représentation confuse de l'intelligible ?

Aristote dit quelque part que c'est la partie où Platon "mythifie" et sa théorie de l'Intellect tentera de faire l'économie de toute cette théorie d'un souvenir de l'éternité (même si l'intrication de l'éternité et du temps devra quand même se faire au coeur de toute la métaphysique, de l'éthique et de la noétique d'Aristote).

L'empirisme dit que nous ne connaissons rien directement sur ce monde si nous n'en avons pas fait l'expérience au cours du temps, au cours de notre développement fragmentaire. Le rationalisme lui rétorque toujours qu'en ce cas notre connaissance serait trop mutilée et manquerait des capacités qui dépassent l'expérience phénoménale des sens. Mais Platon représente cette transcendance non pas comme une puissance inhérente à l'activité de la Raison mais comme une sorte "de réceptivité" d'un autre type, une autre saisie intuitive qui ne viendrait pas des sens mais de la contemplation des Formes intelligibles hors du temps. Autrement dit, Platon ne semble pas complètement remettre en cause un présupposé classique de l'empirisme : il faut quand même une intuition (ou bien ce que Russell appellera dans son langage une "accointance" directe) mais une intuition des Idées qui nous ferait échapper au temps.

La préexistence de l'âme "avant la naissance" n'est donc pas ici qu'une sorte de symétrique vide d'une hypothétique post-existence de l'âme après la mort. Il faut que le sujet ait un rapport de "souvenir" à quelque chose de non-temporel parce que la trace du souvenir est ici un mode de rapport à l'éternel qui impliquerait à la fois le fait qu'il y a eu "présence" de ce dont on se souvient et qu'il y a conscience d'une perte, d'une absence dans le temps confus où on s'est écarté de cette éternité.

Excursus extra-platonicien : Toute la métaphore de la "Nostalgie" dans le Néo-Platonisme vient de ce terme de souvenir : la mémoire est un sceau ambivalent, à la fois la restitution, le retour mais aussi l'écho d'une origine perdue et donc d'une déchéance, d'un exil. Un souvenir de l'éternité est déjà un oxymore car il n'y avait pas de mémoire là où tout était encore éternel et donc on ne se souvient de l'éternité que si elle se dérobe à nous au moins en partie. Plotin dit qu'un être parfait n'aurait jamais de Mémoire car il n'aurait que la saisie intuitive dans le même instant sans aucune distension, sans aucun écart intérieur (ce qui sera la définition du temps chez Plotin comme chez Augustin). Non seulement l'Un était au-dessus ou avant toute Mémoire mais l'Intelligence et même l'Âme du Monde sont encore au-delà de la Mémoire (Plotin, Traité 28, 12 sur Zeus et l'Âme). Il faut être bien déchu dans le potentiel du devenir (comme les "Démons" chez Plotin, les êtres intermédiaires qui participent aussi de nos facultés désirantes et imparfaites, Traité 28, 43) pour avoir besoin d'une Mémoire. Cela suffirait à opposer le "Zeus" néo-platonicien et le Dieu personnel d'Augustin, qui doit, lui, garder essentiellement une Mémoire comme sujet avec lequel nous serions dans une relation de dette, de promesse et d'espérance (Augustin, Sermon 52, sur le Mystère de la Trinité où la Mémoire serait peut-être approximativement un "analogue" du Père alors que l'Intelligence serait le Fils et la Volonté le Saint Esprit).

Récapitulons. Dans le temps réel tel qu'il s'écoule, nous naissons, nous croissons et nous apprenons diverses choses, des opinions relatives. Tout serait alors relatif à ces temps changeants. Mais en même temps, par notre raison, nous sommes des êtres amphibies, avec un pied resté dans le "Ciel", c'est-à-dire dans la négation de ce temps et de cette relativité. Qu'est-ce que ce "Ciel" ? C'est un nom pour ce qui est vrai pour toujours, en tout temps, en tout lieu et nécessairement. C'est ce que Kant appelle "a priori".

La Réminiscence (Anamnèse) a pour fonction de dire comment un être dans le temps peut ainsi aussi participer de l'intemporel, de l'Universel et du Nécessaire en ayant saisi les Formes et en ayant oublié qu'il s'en souvient en fait au fond de lui. Toute vraie connaissance peut se distinguer de l'opinion en étant un "souvenir de l'éternité".

L'idée n'est donc pas seulement comme pour Nietzsche de craindre notre corps, ses désirs et ses imperfections mais de poser la question d'une telle connaissance. Il est difficile de réduire tout le concept d'Universel et Nécessaire sub specie aeternitatis en épistémologie à un simple biais psychologique ascétique même si Nietzsche pourra toujours voir dans l'éternité le comble peut-être du "Nihilisme" ou du déni de notre "Finitude".

(2) Deuxième exemple sur la Preexistence de l'Âme : le Choix de la Destinée.

A la fin de la République de Platon (qui porte sur la question de la Justice et finit par dire que la Justice doit se définir comme un rapport harmonieux et hiérarchisé entre les facultés de l'Âme et donc aussi entre les diverses parties de la Communauté humaine), Platon passe par un de ses "Mythes", le Mythe d'Er. Ces Mythes ne sont pas que des reprises de la tradition ou des échecs du raisonnement car on peut y voir la fonction rationnelle.

[Les lecteurs de Kant reconnaissent facilement un ordre assez harmonieux dans ces mythes et par exemple dans le Mythe du Jugement du Gorgias le Postulat du Souverain Bien, dans le Mythe d'Er le Postulat de la Liberté et dans le Mythe du Démiurge du Timée une préfiguration d'un argument (cosmico-)téléologique. Pouvait-on "comprendre" ces Mythes aussi clairement et sans enthousiasme superstitieux de l'imagination avant que Kant ne les traduise en son jargon si scolaire ?]

Le Mythe d'Er, qui est pourtant un Mythe sur l'Enfer et sur l'Oubli, sur le Léthé, sert en gros à accomplir la même fonction que le Mythe de la Réminiscence du Ciel, mais du point de vue du problème éthique et plus seulement épistémologique. Er se souvient de ce que nous devons oublier alors que dans le Phédon on se rend compte qu'on se souvient tous de ne pas avoir complètement oublié.

Comme on l'a dit plus haut : "Dans le temps réel tel qu'il s'écoule, nous naissons, nous croissons et nous apprenons diverses choses, des opinions relatives. Tout serait alors relatif à ces temps changeants. " Nous ne serions alors pas responsables de nos désirs et de nos croyances qui sont toutes causées par divers éléments que nous ne contrôlons pas. Notre "destinée" nous serait imposée de l'extérieur parce que nous la recevrions comme nous recevons nos sensations et nos opinions.

Er, lui, revenu des Morts, dit avoir vu que chaque âme choisissait son futur destin d'après ses désirs propres et à peu près en "connaissance de causes", d'après le rapport de sa propre constitution intérieure entre ses facultés, entre ses désirs, son ardeur et son intellect. Ainsi chaque âme était responsable de sa propre destinée en l'ayant choisie : le tyran, le vicieux, l'intempérant choisir le mal moral en croyant que c'est le bien, le Sage choisit les infortunes de la vertu en sachant que c'est le bien. Peut-être la première apparition de notre concept moderne ou chrétien de la Liberté.

Le Mythe paraît très discutable car si l'âme n'a pas choisi sa propre "constitution" qui lui permet de former le choix, nous serions dans une régression à l'infini. Les Âmes mauvaises seraient dans un cercle vicieux où leurs déséquilibres antérieurs les condamneraient à une sorte de mauvais karma dans leurs vies futures et à d'autres mauvais choix de destinées.

[Second excursus extra-platonicien : Leibniz a tenté un Mythe philosophique un peu analogue dans la Théodicée sur la Liberté et le Mal en imaginant qu'Athéna doit choisir hors du temps le Monde où Sextus commet son crime pour optimiser le Bien global et le Libre-arbitre. Et là encore on peut se demander si Sextus est vraiment "responsable" de ce qu'il y a dans sa Monade et si cela dédouane complètement le choix d'Athéna dans la Pyramide des Mondes Possibles.]

Le Cycle de la Métensomatose serait peut-être plus compréhensible si on évitait ce retour des âmes qui choisissent à nouveau hors du temps une nouvelle vie temporelle. Il faudrait alors remplacer cet Enfer de l'Eternel Retour, dans lequel nous retournerions sans cesse dans la Roue des transmigrations par un "Ciel" unique. Si l'Âme n'avait fait son choix qu'une seule fois mais que ce commencement était en fait complètement hors du temps, on éviterait les contradictions de ces allers et retours entre l'Hadès au-delà du Léthé et le monde de la vie temporelle. Il faut donc que l'Hadès et ses Moires soient remplacés par une situation impossible à se représenter où le Sujet commencerait l'action et le choix de ses propres motifs.

On reconnaît là la solution kantienne qui fonctionnerait en fait moins bien dans la réincarnation platonicienne et son monde sempiternel et cyclique. Chez Kant, le Sujet tente "une seule fois" (si cela a un sens hors du temps) de choisir son Caractère intelligible (ce qui est la Liberté) et peut espérer ensuite progresser à l'Infini vers le Règne des Fins (équivalent possible ou justification d'une croyance religieuse). Mais pour arriver à cette distinction entre le Mythe d'Er des Anciens et la forme de Liberté qui se développe dans un cadre plus chrétien, il a fallu aussi que ce monde soit plus séparé de l'éternité.

L'eschatologie (postulat du Souverain Bien et immortalité) fut transformé par le monde moderne dans la croyance au Progrès, et fut donc déplacé du salut individuel en une fin collective où le sujet devient l'humanité. Platon entre-définissait la justice comme vertu individuelle et politique alors que les Modernes espéraient que le vrai Jugement dernier serait le tribunal de l'Histoire. L'immortalité n'était plus la gloire mais le mouvement du Progrès générique.

Le Mythe du choix des destinées a mieux résisté dans la modernité en un sens que ces croyances sur le salut. La théorie sartrienne de la liberté par exemple suppose peut-être toujours en fait un tel choix non-historique de sa propre existence.

Contrairement à toute l'interprétation heideggerienne du Kantisme comme analytique de l'être fini, c'est peut-être l'empirisme le plus commun, celui de Locke à la version radicale chez Mill qui constitue la vraie théorie philosophique qui a refusé cette fonction d'un souvenir de l'éternité pour ne partir que des révisions graduelles et provisoires de nos croyances.

6 commentaires:

Elias a dit…

Article remarquable !

"Aristote dit quelque part que c'est la partie où Platon "mythifie" et sa théorie de l'Intellect tentera de faire l'économie de toute cette théorie d'un souvenir de l'éternité (même si l'intrication de l'éternité et du temps devra quand même se faire au coeur de toute la métaphysique, de l'éthique et de la noétique d'Aristote)."

Toute la théorie de l'intellect agent c'est un peu la continuation sublimée du mythe, non ?

"Le Mythe du choix des destinées a mieux résisté dans la modernité en un sens que ces croyances sur le salut."
Je trouve -ça étonnant, parce pour ma part ça ne me parle pas du tout (en tous cas moins que le salut par l'accès aux vérités éternelles, ça doit être mon côté spinoziste). ça me paraît au fond assez "compensatoire" également.

Phersv a dit…

Toute la théorie de l'intellect agent c'est un peu la continuation sublimée du mythe, non ?

Oui, je ne comprends pas la fin noétique du De Anima (mais je n'y suis jamais revenu depuis 20 ans) et notamment tout ce concept d'Intellect Agent qui produit les concepts et Intellect Patient qui doit les recevoir et les schématiser via l'imagination ("pas de pensée sans image", thèse qui semble anti-platonicienne). Il y a des lectures plus platoniciennes où l'Intellect reste très proche d'une unité néo-platonicienne (je crois comprendre que c'est la direction de l'interprétation d'Averroès) mais il doit y avoir des versions plus "sobres" chez Alexandre d'Aphrodise sur la dualité entre Intellect agent et Intellect "matériel".

Je trouve -ça étonnant, parce pour ma part ça ne me parle pas du tout (en tous cas moins que le salut par l'accès aux vérités éternelles, ça doit être mon côté spinoziste). ça me paraît au fond assez "compensatoire" également.

Je suis hélas resté sous le choc de cette théorie bizarre (même si je me contente d'un compatibilisme assez plat, dennettien, dans mon éclectisme ordinaire). Je me demande d'ailleurs dans quelle mesure Kant se rendait compte qu'il semblait en partie reprendre le Mythe ?

La Béatitude spinoziste est peut-être plus proche de la version "sobre" d'Aristote où l'activité contemplative ne s'immortalise dans le temps que par cette saisie, sans qu'il y ait besoin d'une autre immortalité.

Anonyme a dit…

J'interprète le montage de Platon dans un sens très rationaliste à partir de l'hypothèse que Platon entend rendre compte avant tout de l'expérience du mathématicien. L'anamnèse intervient au cours d'une démonstration de géométrie et il est important que l'on puisse dire de la compréhension de Ménon qu'elle est une réminiscence dans la mesure où le mathématicien n'a pas l'impression d'inventer mais de découvrir une vérité toujours-déjà-là. La difficulté rebondit ensuite dans la mesure où les vérités géométriques font intervenir des "êtres" paradoxaux, les incommensurables, et on remarquera que dans la République, l'un des seuls exemples donnés d'idées appartenant à la quatrième section est justement "la diagonale". Platon a l'air de dire qu'on ne peut pas être simplement constructiviste, qu'il faut que les hypothèses soient justifiées dans un arrière-monde transcendant. Aristote rapporte que les auditeurs venus écouter Platon discourir sur le "souverain bien" avait été très déçu quand il leur avait fait un cours de math. L'identification du divin au mathématique permet ensuite de donner un "étalon" aux démonstrations analogiques sur les autres domaines : les proportions de la justice dans République débouchent alors sur la reprise du problème de la fin du Gorgias (qui se clôt aussi sur un discours "more geometrico") : qu'en est-il de la responsabilité éthique de l'individu ? Le mythe du pamphylien montre que le choix de la destiné n'est pas le résultat d'un tirage aléatoire (symbole honni de la démocratie) mais d'un arbitrage guidé par la sagesse (avec Ulysse choisissant une âme humble et dépourvu de défaut comme celle de Socrate). Platon parvient ainsi à concilier une société de caste, qui ne déterminerait finalement que la transmission héréditaire des corps et du corps social, avec une pseudo-mobilité des âmes. Bon, ça ne permet pas de rendre compte de tous les aspects de la question, mais l'éternité du platonisme est une transposition des implications conceptuelles de "l'omnitemporalité" des mathématiques pour penser les justes proportions dans le monde réel. On le voit aussi dans le Théétète et dans le Timée. Goodtime.

Phersv a dit…

Oui, je me souviens notamment de ton impressionnant commentaire géométrique de l'Analogie de la Ligne.

Mais quand tu dis que la Réminiscence veut simplement dire que Platon est un "réaliste" (les mathématiques sont une réalité indépendante de notre construction), ce serait compatible avec une théorie de la Intuition d'Idées sans que ce soit un Souvenir. D'ailleurs, les anti-platoniciens attaquent souvent l'idée d'une Intuition comme une sorte de perception supra-naturelle sans bien distinguer avec la Réminiscence.

Les Déconstructionnistes diraient sans doute que la Réminiscence est la Métaphysique de la Présence : le souvenir n'est pas perception directe de l'Idée mais perception d'une présence occultée, de la trace d'une ancienne présence recouverte.

Je n'avais pas parlé en effet de cette Mobilité sociale imaginaire comme compensation idéologique de l'injustice des naissances empiriques. Il y a donc possibilité d'une progressions "karmique" (comme dans le Bouddhisme) et pas seulement un cercle vicieux où les âmes mauvaises seront condamnées à refaire les mêmes choix. Ulysse, par exemple, est d'habitude plutôt une figure du Sophiste, plus la mètis que la sophia (même si à l'origine les deux étaient la même chose). Si l'intelligence rusée d'Ulysse l'aide ensuite à choisir la sagesse, on sort de l'univers cyclique avec Eternel Retour et on se dirige vers un Progrès possible et notre conception du temps linéaire (Plotin dit quelque part qu'Ulysse le Curieux écoute le chant des Sirènes parce qu'il désire la Connaissance, y compris la Connaissance du Mal au risque de s'y exposer). L'axiologie et la téléologie des philosophes depuis Anaxagore et Socrate doivent conduire les Anciens à dépasser leur Temps cyclique sans progrès (même si les Stoïciens continuent à défendre l'Eternel Retour du même tout en disant que Zeus organise une finalité bonne de ce Cosmos actuel).

En un sens, le Voile d'Ignorance de Rawls crée un nouveau Mythe sur la Justice qui mélange le contrat social transcendantal avec la Préexistence : une société serait juste si nous pouvions vraiment accepter de faire le choix de notre naissance en le tirant au sort.

Anonyme a dit…

Je crois qu'il y a une philosophe qui utilise le voile d'ignorance de Rawls pour imaginer une société plus juste entre les hommes et les animaux : tu ne sais pas si tu es un homme ou un animal quand tu fixes les règles (et ça me faisait en effet penser à la métempsycose de Platon). Goodtime.

Phersv a dit…

Ah, je ne connais pas la philosophe dont tu parles (est-ce Martha Nussbaum dans son livre Frontiers of Justice, qui parle surtout du statut des personnes en situation de handicap mais aussi du droit des bêtes ?). Si j'ignore ma situation, mon propre sexe et mes facultés cognitives, pourquoi pas aussi mon espèce, en effet. Mais ai-je besoin de me dire que j'aurais pu naître minotaure pour avoir de l'empathie pour les vaches ?

L'objection que la Position originelle rawlsienne était encore "spéciste" mais pouvait s'adapter aux autres animaux a été proposée par plusieurs auteurs comme Peter Carruthers, The Animals Issue (1992) où il défendait la thèse que seul le Contractualisme (et non l'Utilitarisme de Singer) pouvait conférer un statut juridique à des entités qui n'avaient pas de personnalité juridique, ou Mark Rowlands, Animal Rights (1998).