Far Sector est le nouveau comic book écrit par la romancière de SF N.K. Jemisin. C'est (tout comme le titre principal de Green Lantern en ce moment avec les scénarios de Grant Morrison) un hommage au roman policier, qui joue sur ses conventions, mais avec une Green Lantern humaine, Sojourner Mullen, avec un Anneau très particulier (même si on n'en sait pas encore plus). L'Agent Mullen a été assignée dans le "Secteur Lointain", loin d'Oa et loin de tout, sur The City Enduring, une Cité construite dans un Essaim ou Archipel de Dyson autour de son étoile.
La gigantesque Cité de 20 milliards d'habitants abrite trois espèces humanoïdes :
(1) Les Nah, humanoïdes mais légèrement reptiliens avec leur appendice caudale et leurs membranes empoisonnées. Leurs longs noms formés de descriptions poétiques font un peu penser à la langue métaphorique des Tamariens.
(2) Les @At, qui semblent être une espèce "numérisée" ou Uploadée et qui méprisent les êtres demeurés dans la matière biologique.
(3) Les ke-Topli, dont je crois comprendre qu'ils vivent avec des végétaux intelligents qui les parasitent de l'intérieur.
Les trois espèces ont jadis failli s'entre-détruire et ont même annihilé deux mondes dans leurs guerres. La Cité a donc été créée comme une arche pour mettre fin à leur conflit et les trois espèces ont été dotées d'une modification de leurs systèmes pour empêcher en théorie toute émotion et inhiber la violence. And then the Murders began...
La Green Lantern terrienne exilée se retrouve donc dans une position à être la seule à avoir des émotions dans un monde où elle est à la fois la représentante des Forces de l'ordre, la gardienne de la Cité et une étrangère singulière. Ce thème de l'émotion sonne bien sûr un peu stratrekien mais il faut voir ce que NK Jemisin compte en faire. Comment Mullen sait-elle déjà que cette violence va resurgir ? Que cache-t-elle dès le début ?
Je croyais ce genre d'atmosphère de Film Noir un peu épuisée depuis Blade Runner mais la Mégalopole dessinée par Jamal Campbell pourrait réussir à devenir un personnage à part entière dans la BD, même si l'arrière-fond paraît moins présent que les personnages.
Pour l'instant, le statut de Green Lantern peut paraître relativement accessoire mais Jemisin a dit qu'elle va peu à peu plus nouer la Cité du Secteur Lointain avec le reste de la mythologie GL qu'elle a absorbée pour rédiger cette expérience de mystère spatial. Avec ce premier numéro, cela pourrait évoquer un peu Hardcore Station de Jim Starlin, qui était aussi une série d'enquête dans une station pleine d'ETs (mais où Starlin jouait surtout sur son obsession sur le théologico-politique). Il reste aussi à voir si l'Empire anonyme mystérieux qui a manipulé les trois espèces dans le passé va réapparaître.
2 commentaires:
Tiens, je ne savais pas que Jemisin écrivait des comics.
Il y a quelques années, j'avais, sur la base d'une critique positive dans Strange Horizons, acheté The Killing Moon. Écriture plate (la rareté des descriptions me gêne particulièrement en fantasy, j'avoue), atmosphère inexistante, et surtout des dialogues que j'avais trouvés épouvantablement pompeux (du genre où si un personnage est prêtre, on s'adressera à lui en disant une fois sur deux "Priest" -- je ne sais pas si c'est moi, mais à mes oreilles ça sonne mauvaise série télé) : je suis allé au bout, mais j'en suis sorti (probablement) vacciné.
Bon, c'est peut-être moi qui passe à côté, je ne sais pas...
C'est la première fois qu'elle se met aux comics (elle a été contactée par Gerard Way, le chanteur qui a créé Umbrella Academy et repris Doom Patrol). Elle a dit qu'elle n'avait d'ailleurs jamais lu un comic book de Green Lantern avant de commencer à se documenter pour l'écrire (ce qui m'avait paru un choix curieux, Ta-Nehisi Coates ou Jonathan Lethem étaient déjà fans des personnages Marvel qu'ils ont repris).
Mais on voit qu'elle a quand même assez de sens de la narration graphique pour ne pas trop tomber dans le piège de l'Overwriting des écrivains qui n'ont pas eu encore assez d'expérience comme scénariste. Elle dit ne contacter encore son dessinateur Jamal Campbell que par email mais que c'est quand même une vraie collaboration.
Il y a un passage qui manque un peu de subtilité où elle appuie le fait qu'elle est en train de faire allusion à Trump (le racisme "utilisé par les empires colonialistes et dans les élections présidentielles") mais étant moi-même obnubilé par le fascisme de l'exécutif US, je ne vais pas lui jeter la pierre d'avoir voulu insérer ce clin d'oeil (qui, d'ailleurs, est cohérent avec le point de vue d'une narratrice terrienne).
Je n'ai toujours pas lu ses romans mais le cycle de Broken Earth avec ses trois Hugo de suite a l'air intéressant. The Killing Moon a l'air d'être un peu une version fantasy de ce qu'elle essaye ici dans une ambiance space opera.
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