dimanche 10 octobre 2021

Les mondes de Tiānxià Guīyuán


J'ai plutôt aimé L'Essor des Phénix (天盛长歌, Tiānshèng Cháng Gē, littéralement l'Epopée des Tiānshèng) la série fantastique chinoise qui passe sur Netflix (70 épisodes). Elle est adaptée d'un des romans de "Tiānxià Guī Yuán" (天下歸元) mais ce serait si librement que même la fin du livre a été changée. Le début paraît parfois très elliptique et allusif tant il y a d'éléments à absorber. 

De son vrai nom Lú Jīng, 卢菁), Tiānxià Guīyuán est une écrivaine chinoise qui a écrit plusieurs romances à l'eau de rose fantastiques dans des mondes imaginaires qui seraient à peu près à la Chine impériale ce que Game of Thrones est à la Guerre des Roses (l'aspect d'intrigues sombres de Cour est encore accentué dans l'adaptation TV).  

L'Essor des Phénix se passe des siècles après le cadre dans L'Impératrice Fuyao. Bien que ce soit censé être un Autre Monde, les éléments de l'histoire réelle de la Chine sont parfois directs, notamment sur la religion taoïste ou bouddhiste. Dans un épisode, on dit que le Prince Ning Yi est "aussi intelligent que Zhūgé Liàng", le ministre génial dans L'épopée des Trois Royaumes. Le fait de choisir une Terre alternative au lieu d'une dynastie réelle permet de donner plus de liberté ou d'importance aux héroïnes dans le pays de l'Impératrice Wǔ Zétiān

Dans Fúyáo húanghòu 扶搖皇后 (L'Impératrice Fuyao, 2008), le début comprend un voyage inter-dimensionnel. On parle dans les conventions littéraires du genre chuānyuè 穿越, "traversée", les personnages sont souvent féminins mais voyagent généralement plus dans l'histoire réelle vers une des Dynasties passées. Meng Fúyáo était à l'origine une archéologue de notre époque qui se retrouve (après être tombée dans une tombe) réincarnée dans le corps d'une enfant à la naissance mystérieuse (née dans un lotus) et dans un Autre Monde. Elle est élevée comme esclave dans une secte taoïste (secte de l'épée de Xuanyuan) mais va se hisser progressivement à la tête de l'Empire des Cinq Royaumes, face à divers événements surnaturels et en séduisant un des Princes impériaux, Zhangsun Wuji. 

Selon les conventions du roman fantastique de xiānxiá, elle va même finir comme une xiān (une "Immortelle"). Le livre, paru d'abord sur Internet, a gagné des prix littéraires et a été adapté dans une série télévisée, La Légende de Fúyáo (扶摇, 2018). 

Dans Di Huang 帝凰 (L'Impératrice Phénix, 2009), l'idée de départ me paraît plus originale. L'Impératrice Mingrui est assassinée dès le début mais renaît aussitôt (je crois comprendre qu'il y a encore une part de paradoxe temporel), réincarnée dans l'enveloppe d'une simple servante qui va enquêter sur le meurtre de son incarnation passée pour trouver qui était derrière le complot à la Cour de l'Empire des Six Royaumes (il y a de l'inflation). 

Le mot (fèng)huáng (鳳凰) qu'on traduit comme "Phénix" (huang étant la phénix femelle) est un oiseau mythique chinois qui n'a pas l'idée "Renaissance" ou de flammes comme le mot Phénix en Europe (c'est seulement le Roi des Oiseaux et donc l'Oiseau des Rois) mais il y a dû y avoir une influence occidentale et l'idée a dû évoluer car ces cycles de romans jouent clairement sur ce thème de renaissance. 

D'autres romans de "voyages" de Tiānxià Guīyuán comprennent Le Sourire de Mille Taëls (千金笑), et L'Eparpillement des Moineaux (燕傾天下). 

Puis Tiānxià Guīyuán écrivit ensuite Huáng Quán (凰权, Le Pouvoir des Phénix) où l'héroïne, Fèng Zhīwēi, est une Lettrée travestie surdouée et ambitieuse qui cache son sexe pour percer dans le monde impériale et qui va faire l'objet de plusieurs quiproquos (étant aussi poursuivie par une des filles de l'Empereur). Elle apparaît parfois comme une sorte de Jon Snow mais ce n'est peut-être qu'une coïncidence. Elle n'a pas les superpouvoirs fantastiques de Fúyáo, elle est juste une super-Mandarin et on semble être dans un cadre plus "réaliste" que dans du xianxia (en tout cas dans les premiers épisodes que j'ai vus). 



L'adaptation TV (Tiānshèng Cháng Gē) a inversé la priorité en se centrant bien davantage sur son principal amoureux, le Sixième Prince impérial Níng Yì

Il y a environ 18 ans, l'Empire a connu un changement de dynastie. L'Empire Dasheng a laissé la place à l'Empire Tiānshèng (dirigé par la famille Ning et l'Empereur Níng Shìzhēng). Toute la dynastie précédente (qui semble avoir été tyrannique) a été massacrée même s'il subsiste des rumeurs sur au moins un enfant qui aurait été épargné. C'est le jeune Prince aîné Ning Chuān qui tenta de tuer cet héritier encore nourrisson mais la rumeur continue à penser que c'est Ning Yi qui l'aurait tué alors qu'il n'était qu'un enfant. La société secrète de la Pagode Sanglante (Xuè Fútú, 血浮屠), les anciens gardes du corps des Dasheng, continuerait à vouloir venger cet enfant. 

L'Empereur Níng Shìzhēng, toujours inquiet d'une menace de cette ancienne faction, se méfie encore plus de ses propres enfants et avec raison comme chaque faction de Princes prépare un coup d'Etat. Il a déjà fait mourir un de ses fils, l'intègre 3e Prince Ning Yiáo, qui avait été victime d'un complot de ses frères. 

Le héros est le 6e Prince Níng Yì, le surdoué Prince de Chu. Sa mère, Yǎyuè, accusée de sorcellerie, a disparu quand il était enfant (elle aurait lancé un enchantement qui relie la santé de Ning Yi à celle de l'Empereur pour qu'il ne le fasse pas exécuter), et il a été enfermé à résidence depuis une douzaine d'années en prison dans un Temple parce qu'il avait soutenu son demi-frère Ning Yiáo. Il vient de revenir en grâce (seulement parce que son père paranoïaque veut l'utiliser pour affaiblir ses autres enfants du Clan Chang). Ning Yi se fait passer pour un incapable qui ne se soucierait que d'alcool et de soieries mais dissimule (assez mal en fait) qu'il est aussi machiavélique et ambitieux que ses frères, soucieux de se venger de toutes les injustices qu'il a vu commettre et prêt à créer un réseau complexe d'agents pour arriver au pouvoir ou se protéger des intrigues de la Cour. Il va tomber amoureux de Fèng Zhīwēi, nièce du Colonel Qiu, mais la Lettrée de génie est très partagée dans son rapport au Trône impérial et a fait le serment solennel sur l'âme de sa mère de ne jamais accepter d'épouser le Prince Ning Yi. 

Au début de l'histoire, les adversaires à la Cour sont surtout le sadique et malveillant Prince héritier Níng Chuān, allié au 2e Prince Níng Shēng, le redoutable Prince de Yan, à la Princesse Impériale Ning Sháo et au 5e Prince Níng Yán, le brutal et stupide Prince de Zhao. Ils appartiennent par leur mère au Clan Chang. Par la suite, on fera connaissance aussi de Ning Qi (7e Prince, Prince de Wei) et du jeune Ning Ji (10e Prince, Prince de Duan). 

6 commentaires:

賈尼 a dit…

ça a l'air passionnant... dommage que je n'aie (a) pas Netflix et (b) de toute façon pas le temps de regarder des séries.

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Phersv a dit…

Oui, 70 épisodes, c'est un peu interminable (enfin, cela ne fait que l'équivalent de 3 saisons occidentales...).

Je n'ai toujours pas fini les Héros au Condor, sous-titrés en anglais sur YouTube.

Anonyme a dit…

Passionnant, très bien joué, beaucoup de scènes émouvantes et bien imaginées tout en restant très réalistes. Les premiers épisodes, il faut un peu s accrocher pour un français, difficile à bien comprendre.
La souffrance du prince Ning ji, son humilité, son jeu de regard sont très émouvants. Beaucoup de fantaisie aussi, des personnages variés dont les personnalités sont très étudiées.

Anonyme a dit…

J'ai adoré une magnifique série ... apparemment la fin a été modifiée par rapport au livre. ..

Phersv a dit…

Ah, je suis curieux, la fin du roman est différente à quel point ?

(Mais je n'ai toujours pas fini la série)