Kripke, mort à 81 ans, fut un génie singulier dans l'histoire de la logique et de la philosophie, notamment pour son incroyable précocité (il publia ses premières découvertes de logique dès 17 ans et dialoguait d'égal à égal avec un titan comme Quine dès 22 ans à Harvard) et par sa manière de transformer radicalement (avec David Lewis) toute la philosophie analytique de la fin du XXe siècle ou le retour de la métaphysique. Le livre de Kripke, Naming and Necessity, (en français La Logique des noms propres) issu d'une série de conférences en 1971, est l'un des plus grands livres de la philosophie du XXe siècle.
Je voudrais rester très introductif ici. Je me contenterais d'esquisser l'arrière-fond de quelques arguments tirés de Naming and Necessity sans parler du reste de son oeuvre (et par exemple pas de sa théorie de la Vérité et sa propre résolution du Paradoxe du Menteur).
I Qu'est-ce que la logique modale ?
La logique moderne, recréée par Gottlob Frege et Bertrand Russell, a une puissance incroyable mais a été conçue avant tout comme un instrument mathématique pour représenter clairement des relations entre des termes, entre des "individus" (que ce soit des points ou des nombres quelconques) qui existent de manière éternelle et nécessaire. Cela n'a pas de sens de se demander si 3 va cesser d'être après 2 ou si 3 aurait pu ne pas être impair.
La logique modale consiste pour simplifier à considérer des modèles plus complexes où on peut faire varier non seulement différentes relations entre des individus mais aussi des domaines d'individus. Au lieu de parler de 2 et de 1729, on peut parler de termes comme "le nombre de planètes" et se demander si ce nombre est 8 ou 9 ou ce qui se passe si ce nombre avait été différent. On dit qu'un nombre (ou un ensemble ou une propriété) est contingent quand il aurait pu être autre que ce qu'il est. 9 est nécessairement impair mais 9 n'est pas nécessairement le nombre de planètes.
La logique modale a une puissance nouvelle puisqu'elle peut représenter ce que font notre langage et notre pensée dès que nous réfléchissons au changement ou à des possibilités alternatives. On peut se demander à quelle condition on peut dire que "L'actuel souverain du Royaume-Uni n'est plus le même souverain qu'il y a un an" car les propriétés d'un individu peuvent changer à travers le temps, ou bien se demander ce qu'aurait pu signifier "Le chef d'Etat de la Grande-Bretagne si cela avait été une République".
II Les axiomes de Lewis
La logique modale avait été développée au départ uniquement comme plusieurs possibilités d'axiomes sans se demander ce que ces différents axiomes signifiaient en réalité. Le philosophe américain Clarence Irving Lewis (1883-1964, à ne pas confondre avec David K. Lewis, 1941-2001 qui a aussi travaillé en logique modale) avait classé différents axiomes possibles qui permettaient des enchaînements différents. Philosophiquement, CI Lewis était un pragmatiste particulier car il considérait que nous avions des cadres conceptuels "a priori" (indépendants de nos expériences) mais que nous avions en fait des choix pragmatiques à faire dans nos expériences) entre ces divers cadres "a priori". Contrairement à Kant où les catégories des concepts purs sont uniques, nécessaires et universelles comme conditions de penser pour tout être humain, pour CI Lewis, nos sciences étaient le développement de plusieurs catégories possibles parmi lesquelles nous devions et pouvions ensuite sélectionner selon différents intérêts et applications pragmatiques.
III Le rejet de la logique modale par Quine
CI Lewis avait rendu la notion d' a priori "plurielle" avant qu'un de ses élèves à Harvard, Willard Van Orman Quine (1908-2000), n'aille jusqu'à récuser complètement les concepts de Kant en considérant qu'il n'y avait aucune différence absolue et nécessaire entre un jugement qui ne relèverait que de la logique et un jugement qui ne relèverait que d'un fait d'expérience. Quine admettait bien comme CI Lewis plusieurs logiques possibles mais il voyait qu'on pouvait très bien changer en énoncé "analytique" (dérivant uniquement des axiomes) ce qui paraît d'habitude "synthétique" à condition de changer des axiomes d'un système formel.
Mais Quine rejeta la logique modale presque entièrement car il considérait qu'elle avait un vice philosophique : elle présupposait qu'il y avait un sens à parler d'individu en les séparant de telle ou telle propriété. Dès qu'on considère qu'il y a un sens à parler ainsi en séparant des propriétés possibles, des propriétés nécessaires et des individus possibles ou des mondes possibles, on glisse selon lui vers une position "métaphysique" sans même s'en rendre compte, qu'il appelait l'essentialisme. L'essentialisme au sens logique, c'est croire qu'on peut désigner directement un individu comme vide de toute propriété et qu'il y aurait aussi des individus qui ont des propriétés qu'ils peuvent ne pas avoir tout en restant le même individu ou bien au contraire des propriétés qu'ils ne peuvent pas ne pas avoir. Pour Quine, c'est obscur puisque nous décrivons dans nos pratiques effectives des individus via des propriétés qu'ils ont en réalité dans ce seul monde et pas en saisissant des propriétés essentielles indépendantes à travers d'autres "mondes possibles". Pour lui, je tomberais prisonnier de jeux de mots sans aucune condition claire de vérité si je me demande si tel individu est "nécessairement" ou pas tel qu'il est. La logique modale serait une mauvaise logique car elle nous ferait revenir vers des spectres métaphysiques que deux siècles d'empirisme et de sciences de la nature auraient tenté d'éradiquer.
Il y a un monde et cela suffit, même si les sciences ont besoin d'autres structures mathématiques en plus pour analyser ce monde unique. Quine affirmait que c'était l'expérience devait déterminer quelle logique nous devions appliquer mais il préconisait de nous astreindre à éviter toute logique modale un peu développée pour éviter de penser en de tels termes métaphysiques. On peut appeler cet interdit de Quine contre la logique modale son "extensionnalisme" : "Pas d'entité sans identité" (on ne doit pas supposer qu'il existe quelque chose si on ne peut pas donner de conditions claires de son identité). Pour Quine, se demander combien d'individus sont possibles a aussi peu de sens que de se demander combien d'anges peuvent entrer dans une aiguille.
Toute la philosophie analytique de la seconde moitié du XXe siècle va réagir en se positionnant par rapport à cette austérité puritaine positiviste de Quine.
IV La Nécessite de l'identité et notre rapport aux "Individus"
La logicienne Ruth Barcan-Marcus (1921-2012) démontra en logique modale un résultat assez paradoxal dès 1946, la formule de Barcan ou "Nécessité de l'Identité". En logique modale, on peut dire que si x est identique à y, alors x est nécessairement identique à y et donc n'aurait pas pu ne pas être identique à y. L'identité au sens strict ne peut pas varier. Il n'y a pas d'identité contingente. Ou pour le dire de manière plus choquante en imitant la formulation de la Loi de Murphy : si x et y peuvent coïncider alors ils ne peuvent pas ne pas coïncider.
Mais cela pose alors un problème sur ce qu'on appelle identité et même sur ce que signifie dans notre pensée le fait de désigner quelque individu que ce soit. La logique modale a été élaborée au contraire pour représenter le fait qu'un individu peut avoir des propriétés différentes et Quine ironisait contre ce résultat de Barcan comme une nouvelle pierre contre la clarté des concepts de la logique modale. (Par la suite, Barcan tenta de défendre qu'elle avait déjà anticipé les arguments de Kripke qui voulaient défendre l'interprétation de sa formule, ce qui créa une querelle amère de priorité entre elle et Kripke, mais l'avis général est que Barcan, quelle que soit sa priorité en logique, sous-estima rétrospectivement les apports originaux de Kripke dans sa défense philosophique).
V Descriptions définies et noms propres au sens logique
On distingue donc depuis Bertrand Russell deux manières bien distinctes d'atteindre ou de viser quelque chose ou de faire référence à une entité : soit par connaissance directe d'un individu soit par la description indirecte d'une propriété. La connaissance directe d'un individu est ce que Russell appelait (de manière un peu équivoque) un "Nom Propre Logique", un terme qui ne pourrait par stipulation désigner qu'un seul individu réel.
Et Russell défendait l'idée qu'au sens rigoureux, un Nom Propre Logique quand on l'utilise dans la réalité ne désigne en réalité qu'une instance particulière d'une expérience singulière (telle nuance de couleur que je ressens ou tel événement avec telle onde electro-magnétique dans telles coordonnées spatio-temporelles). Mais dans notre langage, nous parlons souvent d'individus en ne connaissant d'eux que des descriptions. "Le Président de la République en 1958" désigne certes un seul individu réel mais je n'ai eu aucune connaissance directe de cet individu, c'est pour moi une description de certaines propriétés que j'associe ensemble pour former mon concept individuel de "De Gaulle", pas un nom propre "logique". Cela permet de dire que "Le Président de 1958 est De Gaulle" mais que la description aurait pu ne pas désigner l'individu réel De Gaulle.
Et une description peut être trompeuse en ne renvoyant à rien : "L'actuel Roi de France" est une description non-dénotante et on peut donc dire que "L'actuel Roi de France est chauve" ou "L'actuel Roi de France a des cheveux" sont tous les deux faux sans contradiction puisque la référence est vide.
VI Les mondes possibles de Kripke
Dès son jeune âge, Kripke devint célèbre en découvrant un moyen élégant en logique modale pour représenter les différents modèles qui peuvent rendre vrais des raisonnements et déductions entre des possibilités ou entre des temps différents. On parlait déjà des "mondes possibles" depuis au moins Leibniz, Russell, Carnap et CI Lewis mais Kripke ajouta une relation qu'on appelle "relation d'accessibilité" entre les mondes possibles et démontra que varier cette propriété de la relation d'accessibilité revenait à obtenir les différents axiomes qu'avait étudiés CI Lewis. Ce n'était pas qu'une différence de présentation, cela fournissait tout un nouveau domaine d'étude en clarifiant la compréhension des mondes possibles. Kripke avait démontré la complétude de la logique modale en prouvant que tout énoncé qui peut être démontré en logique modale admet des modèles où cet énoncé est vrai.
Kripke avait bien des défauts comme son orgueil, son attitude vis-à-vis des femmes ou sa susceptibilité paranoïaque mais il avait une intelligence incroyable pour clarifier des questions. Dans de nombreux cas en philosophie du langage, de la théorie de la vérité jusqu'à l'essentialisme, sa manière d'étudier un problème paraît si simple qu'ensuite on a du mal à voir comment cela a pu ne pas paraître évident avant lui. C'est d'ailleurs la marque de grandes découvertes philosophiques que de débloquer des problèmes d'une telle manière qu'on se demande ensuite naïvement comment on pouvait faire ces confusions qui ont été démantelées.
L'aspect philosophique de son travail consista à répondre (du moins en partie) aux objections de Quine contre la métaphysique des mondes possibles. Il considérait que la logique modale pouvait être plus neutre ou "innocente". Il semblait défendre une thèse de "déflation ontologique" où un monde possible (contrairement à la thèse réaliste de David Lewis) n'est vu tout au plus que comme un modèle mental ou linguistique d'une combinaison d'événements ou de propriétés.
En un sens, l'attitude de Lewis et Kripke furent opposées dans leur rapport à leur maître Quine. Lewis prit au sérieux qu'on doit avoir des conditions plus claires d'identité mais qu'au sens propre aucun individu n'appartient à deux mondes différents si on prend le terme au sérieux. Kripke minimisa la réalité de cette notion de monde possible mais en admettant une zone crépusculaire où un même individu pouvait être dit le même avec des propriétés possibles différentes.
VII Identité et propriétés essentielles
Mais Kripke devait concéder qu'il fallait bien introduire ce que Quine craignait comme une certaine forme minimale d'essentialisme au sens logique, c'est-à-dire qu'on devait bien distinguer une référence à des individus (ce que Kripke appela un "désignateur rigide") et des propriétés qu'on pouvait fixer comme "propriétés nécessaires" (ou essentielles, y compris pour des individus contingents) ou "propriétés contingentes" (ou accidentelles, propriétés qu'on a mais qu'on pourrait avoir sans cesser d'être identiques à soi).
Par stipulation, un terme comme "Macron" est un désignateur rigide et je peux pourtant comprendre un énoncé comme "Macron aurait pu ne pas être Président". Macron est identique à Macron dans tout monde possible où on pourrait de manière intelligible réidentifier ce même individu mais il n'est pas nécessairement identique au Président. Si Macron signifiait nécessairement "Le Président actuel", je ne pourrais pas dire "Le Président aurait pu ne pas être Président". En revanche, je peux choisir de rendre rigide ou pas une description comme Président : le Président réel élu en 2017 (rigidement, notre Macron) aurait pu ne pas être Président dans un autre monde possible (ou François Fillon l'est, par exemple).
(En passant, Kripke démontre que ce qu'il appelle "désignateur rigide" ne se réduit pas simplement à ce que Russell avait déjà étudié comme scope d'une description)
Kripke a contribué à clarifier la question en séparant deux choses, le point de vue épistémologique (ce que je peux connaître) et un point de vue métaphysique (ce que les faits sont). Si j'ignore des informations, je peux croire que Macron n'est pas Président. Je ne sais que de manière a posteriori qu'il l'est et rien dans ce désignateur Macron n'implique nécessairement ou métaphysiquement qu'il soit le Président. Mais même si tout ce que je savais a posteriori de lui était qu'il était Président dans la réalité cette description par laquelle j'ai accès à la connaissance de cet individu réel ne prouverait pas non plus qu'il est métaphysiquement nécessaire qu'il fût Président.
VIII Essences d'espèces naturelles
Un des arguments qu'on associe le plus à cette distinction de l'épistémologie et de la métaphysique est plus associé à des arguments développés par Hilary Putnam à peu près à la même période (même si Putnam voulut ensuite encore moins que Kripke en défendre les conséquences métaphysiques).
De même qu'on utilise le désignateur rigide pour suivre un même individu en des scénarios alternatifs très différents, on peut faire de même pour des essences d'espèces.
Je peux dire que je ne sais pas a priori que l'eau est du H2O (je pourrais concevoir que ce que je décris comme de l'eau aurait pu être une description plus vague) mais pourtant qu'il est nécessaire que ce que nous décrivons en réalité comme de l'eau soit vraiment du H2O. L'eau = H2O est une identité nécessaire, comme Macron = Macron et pourtant nous avons bien appris quelque chose en le découvrant. Une identité peut être métaphysiquement nécessaire dans tous les mondes possibles où il y a vraiment de l'eau sans être "épistémologiquement inévitable", triviale ou connaissable uniquement par un concept a priori de l'eau.
Si j'imagine une autre monde où coule de "l'eau" qui n'est pas du H2O, la conclusion de Kripke serait simplement que ce n'est pas de l'eau mais quelque chose qu'on désignerait en fait improprement comme de "l'eau" (du moins relativement à notre identification de ce terme où la science nous a révélé que c'était du H2O). Du point de vue linguistique, on peut certes modifier l'extension d'un mot et décréter que le jade ne désigne pas une seule vraie espèce naturelle mais une description plus vague qui peut s'appliquer aussi bien à la structure de la la jadéite qu'à celle de la néphrite.
IX L'argument néo-cartésien de Kripke
Kripke s'est amusé ainsi à défendre un argument de distinction d'une représentation consciente et d'un événement physique.
Son argument part de cette Nécessité de l'Identité.
(1) Si A = B, alors A est nécessairement identique à B
(2) Il y a des identifications théoriques (comme "attraction magnétique = un effet d'une force électro-magnétique") qui sont bien nécessaires.
(3) Mais si on découvre que tel phénomène conscient est réalisé dans tel événement physique, je ne peux pas en déduire qu'il est métaphysiquement nécessaire que les deux soient identiques.
(4) Mais s'ils peuvent être distingués dans certaines possibilités alors ils sont distincts.
Toute la difficulté du néo-dualisme (chez David Chalmers par exemple) consista à développer et défendre ce (3) en tentant de montrer qu'on peut vraiment savoir que les deux pourraient ne pas coïncider si un zombie sans aucune conscience réelle ou sans aucun vécu subjectif pouvait être un double physique parfait avec un traitement de l'information qui puisse semble de l'extérieur exactement similaire.
Je ne pense pas personnellement que ce débat prouve le dualisme mais les outils formés pour le discuter ont ensuite raffiné des éléments de sémantique et toute une partie des discussions en philosophie de l'esprit sur le fonctionnalisme ont été renforcées par cette nouvelle manière de retrouver une distinction réelle entre la conscience et le corps.
Une des différences entre Kripke et Lewis est que Kripke resta plus attaché aux questions de philosophie de la logique ou du langage alors que Lewis élargit ses interprétations de la logique modale au-delà, à des analyses de la Causalité par exemple, de manière bien plus paradoxale. Lewis pouvait être considéré comme un métaphysicien général alors que Kripke demeurait plus méfiant et se confinait davantage aux mêmes questions originelles sur la vérité ou sur la référence.
Les deux sont assez techniques en réalité et les deux arrivaient à le cacher avec un langage assez familier qui dissimulait parfois la complexité formelle de ce qui était sous-jacent. Mais je pense que l'audace métaphysique a fini par l'emporter pendant un temps au début de ce siècle (même si on peut supposer un retour de balancier plus positiviste à nouveau après une exaltation métaphysique).
Autres posts sur l'histoire récente de la philosophie analytique : Le retour de la métaphysique, Michael Dummett, Ruth Barcan, Jaakko Hintikka, et mon cher Hilary Putnam.
Maintenant que Putnam et Kripke sont morts, qui est le plus grand philosophe analytique vivant ? Le néo-Hégélien atypique Robert Brandom ? Le gnoséologue Timothy Williamson ? Le néo-Quinien atypique Stephen Yablo ? Ou ce bon vieux David Kaplan ?
5 commentaires:
Kit Fine!
Bon, sinon, j'apprends la mort de Kripke par ton post (déjà un peu ancien, en plus), et je m'aperçois que tout en sachant évidemment bien de qui il s'agit (comment passer à côté?), je n'ai, en fait, jamais rien lu de lui, même pas Naming and Necessity. Je me demande bien pourquoi -- et j'ai un peu honte...
En tant que personne, je ne le défendrais pas (il semblerait qu'il était du genre non seulement à harceler les étudiantes mais surtout à sanctionner celles qui s'opposaient à lui) mais en tant que philosophe, il était incroyablement brillant.
Oui, Kit Fine est moins original dans les conclusions sans doute mais il a un sens historique plus large.
Kripke : Il y a eu des accusations précises pour le harcèlement? J'avais l'impression que c'était une réputation un peu diffuse, mais que rien de clair n'avait été dit, et du coup j'ai tendance à être prudent. (Je ne sous-entends pas du tout que c'est faux, bien sûr.)
Fine : C'était une proposition un peu en l'air : je ne suis plus du tout suffisamment ce qui se fait en philo analytique pour avoir une opinion informée. J'ai simplement cherché parmi les vivants qui m'avait beaucoup impressionné (et, même s'il n'est plus tout jeune, je l'ai surtout lu ces dernières années), mais je ne sais pas du tout si c'est un bon candidat. (Je ne le trouve pas moins original que Yablo, cela dit.)
Non, il n'y a pas eu de procès contradictoire et je ne veux pas lancer d'accusation, mais la rumeur était que l'Université de Princeton l'avait forcé à partir alors qu'il était la star la plus connue du département de philosophie avec Lewis. The Mind-Body Problem de Rebecca Goldstein est un roman à clef où elle raconterait (en déplaçant des personnages) sa propre relation avec Kripke (même si le personnage du livre est plus tiré du mathématicien Conway). Sur le harcèlement moral, j'ai entendu des témoignages directs de doctorante. En étant charitable, on dit qu'il pouvait être agressif dans ses règlements de compte avec les étudiantes qui critiquaient ses thèses.
Yablo n'est pas original dans ses conclusions assez néo-quiniennes mais les moyens qu'il utilise pour y arriver sont parfois très ingénieux. J'ai seulement étudié ses critiques contre le dualisme de Chalmers et c'était assez vertigineux dans les ressources qu'il créait pour contrer le rationalisme modal de Chalmers.
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