dimanche 2 novembre 2014

Utopiales XV (29 octobre-2 novembre 2014)


Les Utopiales de Nantes ont lieu au Palais des Congrès et ils mènent de front des conférences, des projections de film (avec un festival du cinéma) et un "pôle ludique" avec des parties de jeux de plateau et de jeux de rôle. Voilà le Palmarès 2014 (qui comptait même un prix du meilleur scénario de jeu de rôle).

Le Président actuel est l'astrophysicien et amateur de SF Roland Lehoucq mais il y a à présent de plus en plus d'universitaires spécialistes de SF en plus des auteurs. Le thème était "Intelligences" et il y a eu donc plusieurs petits exposés ou discussions sur l'IA ou sur le thème de la compréhension d'Autres intelligences. (Certaines conférences ont été mises sur cette chaîne YouTube).

J'ai hélas raté mon idole Michael Moorcock mais j'ai assisté à quelques conférences, dont un retour sur l'oeuvre d'éditeur ("Ailleurs et Demain" et la Grande Anthologie de la Science-Fiction) et d'auteur de Gérard Klein ("Gilles d'Argyre"). Il dit que la science-fiction est à présent plutôt en crise éditoriale en France et pense que la désillusion face à l'avenir et face à la science expliquerait le déclin des ventes de science-fiction. Il faisait aussi l'hypothèse que les Indiens et Chinois auraient (ou avaient peut-être déjà) assez d'ingénieurs plus optimistes ou plus favorisés que les nôtres pour supposer un nouvel Âge d'or de la SF mais en Asie.

J'ai acheté la somme de Simon Bréan, La science-fiction en France (Presses Universitaires de Paris Sorbonne, 2012), et je me rends compte à quel point je ne connais quasiment pas les auteurs étudiés comme Francis Carsac, Stefan Wul, Philippe Curval, Pierre Pelot ou Jean-Pierre Andrevon. En un sens, le livre raconte aussi à quel point de nombreuses collections françaises (en dehors des livres du Fleuve Noir) faisaient le choix de ne publier quasiment que des traductions (Ailleurs & Demain a 70% d'Anglo-saxon, Présence du Futur encore plus). Le début est surtout une description des différents éditeurs ou collections au fil du temps mais il résume ensuite aussi des thèmes et des séries françaises et on perçoit quelques tendances à chaque période qui ne se réduisent pas à l'imitation des oeuvres anglo-américaines. Mais la SF française (ou même francophone) restera sans doute longtemps très marginale par rapport à ce qui existe en anglais, alors qu'il n'y a pas du tout la même impression de "marge" dans la bande-dessinée par exemple. Il n'est pas absurde d'imaginer que Gérard Klein soit le plus grand auteur français de SF vivant et on n'imagine pas comparer son oeuvre à celles des grands maîtres qu'il éditait en France.

Plusieurs librairies de Nantes se réunissent pour créer la "Librairie éphémère" qui est une collection impressionnante de science-fiction. J'y ai acheté un peu de SF québecoise que j'ai du mal à trouver en France (à part chez Scylla).

5 commentaires:

Fabien Lyraud a dit…

On ne commence qu'à se rendre compte que les auteurs français sont importants. D'un côté il y a un effet crise. Les traductions ça coûte cher et le point mort d'une traduction c'est forcément plus élevé que celui d'un francophone.
Et d'un autre coté si l'on veut que la SF française soit reconnue il faut bien qu'il y ait une présence sur les salons du livre et ne pas tout laisser aux auto-édités. Bref on commence à comprendre ce que le milieu du polar a compris à la fin des années 80.
Mais il faut dire que l'accident de la nouvelle SF politique française des années 70 a laissé des séquelles chez les libraires qui ne voulaient plus trop vendre de Français à une époque.
Mais à côté de ça il reste quelques déserts éditoriaux dans le domaine.

Rappar a dit…

"on n'imagine pas comparer son oeuvre à celles des grands maîtres qu'il éditait en France" ; en effet, pour moi son oeuvre est bien en-dessous des auteurs qu'il publiait. Sa petite S-F de space-opéra est moins réussie que ses anthologies et ses analyses. Pour moi, dans la liste des grand auteurs français de S-F vivants, il y a J-P Andrevon et Michel Jeury qui passent bien avant lui :/

Fabien Lyraud a dit…

Déjà dans le domaine du pur space opéra, Klein est très loin de Francis Carsac, de Nathalie Hennerberg ou même de Stefan Wul. Et des auteurs comme Pierre Bordage ou Laurent Genefort ont fait beaucoup mieux depuis. Bref Klein a beau détester la SF populaire et plaider pour la hard science, il n'en est pas moins qu'il écrivait de la SF populaire, celle là même qu'il déteste en tant qu'éditeur. La schizophrénie de certains éditeurs français est franchement difficile à supporter.

Phersv a dit…

Il a évoqué ses écrits de "Gilles d'Argyre" chez Fleuve noir en disant que c'était en partie alimentaire (il les écrit au moment où il est lui-même un jeune fan en plein service militaire en Algérie) mais qu'il voulait aussi atteindre deux publics, avec de la sf plus "juvénile", plus proche du Space Opera des années 1930 pour préparer le public français aux auteurs plus "contemporains" des années 1960 (comme Frank Herbert ou Robert Silverberg, qu'il fut un des premiers à repérer). Mais je crois que certains de ses Space Opera de cette période (comme Le Temps n'a pas d'odeur) fut refusé d'abord chez le Fleuve noir et il dut donc aller chez d'autres éditeurs.

Mais j'ai de la tendresse pour G. Klein parce qu'il a défendu Empire Galactique chez Robert Laffont (mais il fut très déçu de l'échec de la seconde édition).

John Warsen a dit…

En tant qu'auteur, Gerard Klein est sans doute à Greg Egan ce que Matthieu Ricard est au Dalaï-Lama, mais en tant qu'éditeur, il a eu un rôle de premier plan pendant l'âge d'or des années 70.