Rand ne sortira qu'en 1957 son Atlas Shrugged (sécession de la Plèbe inversée où les riches se retirent dans un refuge pour oligarques pour faire comprendre qu'on ne peut rien faire sans eux - on se demande comment leurs brevets les font vivre seuls sans travailleurs) mais dix ans avant, juste avant la vague montante de McCarthysme, DC avait déjà publié une parodie par anticipation Il s'agit de "Journey into Ruin" dans Action Comics #107 (avril 1947), avec une morale qui pourrait presque s'interpréter comme une fable contre la financiarisation de l'économie.
Wilbur Wolfingham, un escroc récidiviste (apparu pour la première fois dans Superman #26, janvier 1944), a réussi à faire croire à quatre millionnaires qu'il pouvait les endormir pendant 25 ans (jusqu'en 1972) et les réveiller ensuite sans qu'ils aient vieilli. L'idée est alors qu'ils se seraient enrichis simplement en dormant par les intérêts de leur fortune déposés pendant la période de leur léthargie. L'escroc ne les a endormis que pour quelques heures et il avait l'intention de partir avec l'argent mais Superman décide de donner une leçon aussi bien au fraudeur qu'à ses victimes. Superman l'endort avec eux et construit un décor artificiel en engageant des figurants. Il leur fait croire que tout a été dévasté par ce procédé où tout le monde a voulu les imiter et où plus personne n'a travaillé. Sans le travail, tout s'est écroulé et ils se réveillent donc dans un monde en ruines.
Cependant, il ne faudrait pas projeter une critique anachronique sur cette histoire de 1947. La fin s'attaque certes à l'irresponsabilité de certains riches oisifs mais le thème reste celui d'un éloge puritain du travail. Le scénariste est un certain Don Cameron (1905-1954 - à ne pas confondre avec l'éditeur communiste qui sera accusé d'avoir censuré Orwell) et il aura plus de notoriété par la suite par un article plus McCarthyste, un reportage sur les Communistes dans les syndicats.
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