Cet article sur les Carnets Zilsel critique la prose d'A. Barrau, physicien théorique et très amateur de philosophie continentale. Il y a une part qui me paraît assez probante, sur l'obscurité et la fascination pour une sorte de parodie de la déconstruction contemporaine (et contrairement aux éditeurs de la revue, ce n'est pas la référence à Sokal ni l'ironie contre Deleuze qui me gêne dans cet article). Mais d'un autre côté, il y a aussi une partie plus allusive qui se demande si même en physique théorique, Barrau n'aurait pas exagéré son apport, ce qui me paraît moins bien montré puisque l'auteur de l'article, certes physicien, reconnaît ne se fonder que sur des données assez indirectes, comme le fait qu'un des thésards de Barrau aurait été plus productif. Cette amertume plus agressive de ce passage risque de noyer les autres arguments.
Mais plus gobalement, un intérêt de toute "l'affaire Barrau" est de trouver ainsi une brêche plus originale dans la guerre entre les deux cultures.
Sokal avait surtout attaqué des philosophes et chercheurs de sciences humaines qui faisaient dire n'importe quoi aux sciences dures pour prétendre à la scientificité (et Bouveresse avait ensuite ajouté au dossier le cas de Régis Debray disant n'importe quoi sur le théorème de Gödel). On peut penser ce qu'on veut de l'évolution récente assez étrange de Bricmont mais à cette époque, ce n'était pas contre la philosophie continentale ni contre les humanités mais bien contre la pseudo-scientificité (et d'ailleurs, certains Continentaux n'y figuraient pas justement parce qu'ils ne cherchaient pas cette valorisation hypocrite qui consisterait à se moquer des sciences et techniques tout en faisant semblant d'en absorber des éléments - il y avait de la métaphysique deleuzienne mais pour ainsi dire pas de Derrida car ce dernier avait été plus purement littéraire). De même, l'affaire Maffésoli récente (où une revue lié à ce sinistre imposteur avait publié un article absurde écrit par deux sociologues sous pseudonyme qui voulaient montrer la vacuité de cette école) témoignait du même genre de jargon sans intérêt.
Mais le cas de Barrau est très différent même de l'affaire Bogdanov. Les Bogdanoff étaient peut-être semi-compétents et peu sérieux ou rigoureux mais ils étaient aussi assez isolés de la communauté des chercheurs. Barrau est un vrai chercheur scientifique reconnu par ses pairs, mais qui semble pourtant avoir un désir mimétique de profondeur spéculative ou bien d'être admis parmi les philosophes en s'affranchissant en philosophie de la rigueur qu'il doit manifester dans ses expériences.
Et en ce cas, c'est une triste occasion manquée qu'un physicien théorique qui veuille prendre la peine d'expliquer des modèles cosmologiques très récents (ce dont on pourrait lui être gré) mais qui le fait avec une volonté de déconstruire dans sa vulgarisation tout discours intelligible sur le sujet (comme le fait remarquer Peter Woit, dans un livre récent, Barrau dialoguait avec le philosophe analytique Max Kistler et l'ironie était que c'était ce dernier qui devait atténuer les sauts ou approximations du scientifique).
Heureusement qu'il y a d'autres scientifiques (comme Etienne Klein) qui aient pu assez s'intéresser à la philosophie sans tomber pour autant dans les travers de se payer de mots.
On Writer’s Block: Part 2: What I Do About Writer’s Block
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We use the term “writer’s block” to describe our inability to deal with the
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does...
Il y a 4 heures
1 commentaire:
"Heureusement qu'il y a d'autres scientifiques (comme Etienne Klein) qui aient pu assez s'intéresser à la philosophie sans tomber pour autant dans les travers de se payer de mots."
Etienne Klein s'intéresse à la philosophie mais il n'invoque pas la science pour défendre une philosophie déterminée, me semble-t-il. Je crois l'avoir entendu citer cette formule que Merleau-Ponty avait reprise aux physiciens London et Bauer : "la science ne fait que des découvertes philosophiques négatives".
Parmi les physiciens qui, à l'inverse, mobilisent la science au servie d'une philosophie déterminée on pourrait citer Bernard d'Espagnat.
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