A Sparte, Hélène était adorée comme une déesse, tout comme ses frères, les faux jumeaux Castor et Polydeuces (le second, immortel, accepta de mourir par intermittence pour mieux la partager avec Castor).
Le Roi lacédémonien Démarate (Roi Eurypontide de -515 à -491, juste avant l'expédition mède, Co-Roi et rival de Cléomène le roi Agiade) est lié à une légende d'Hélène que raconte Hérodote (VI, 61). Sa mère serait née contrefaite mais une apparition d'une femme mystérieuse, incarnation d'Hélène, l'avait rendue belle et elle avait épousé un certain Agetos. Le Roi Ariston tomba amoureux d'elle, répudia sa femme stérile et força son mari Agetos à s'en séparer pour qu'il puisse l'épouser. Mais l'enfant Démarate, qui naquit seulement sept mois après ce mariage forcé, était soupçonné d'être l'enfant d'Agetos et non d'Ariston.
Cléomène, l'autre Co-Roi de Lacédémone, avait tenté de faire détrôner Démarate et avait même corrompu la Pythie pour obtenir d'elle une dénonciation (de même que Cléomène avait jadis était manipulé par Clisthène qui avait aussi financé la Pythie). Le complot échoua et la Pythie fut remplacée.
Démarate, en tant que Roi et Prêtre de Zeus, fit parler sa mère à un sacrifice et elle lui dit qu'il était le fils de l'image du Roi Ariston mais que cette image était en fait le héros Astrabacus.
Astrabacus (le Mulet) et son frère Alopecus (le Renard), fils d'Irbus (de la dynastie des Agiades - alors que Démarate et Ariston étaient de la dynastie des Eurypontides) étaient deux Héros spartiates qui avaient aussi un culte. Ils auraient retrouvé l'image de la "Déesse Droite" (Orthia, un aspect assimilé à Artemis), effigie antique et inhumaine qui aurait été rapportée par Oreste et Iphigénie de Tauride. Ils seraient devenus fous en voyant la statue mais auraient ainsi fondé le sanctuaire d'Orthia.
Démarate s'exila chez les Perses mais mourut en ayant refusé de trahir sa cité. Cléomène, qui menait le combat contre les Perses, devint fou (comme les deux héros de la légende) et s'éventra lui-même comme un sacrifice.
Donc pour récapituler, Démarate, personnage historique (qui ne vit guère que quelques décennies avant Hérodote) semble vraiment lié à des mythes assez obscurs non seulement sur les Tyndarides mais sur cette Image Qui Rend Fou.
Et même sans être lévi-straussien, il doit forcément y avoir un sens derrière ce Mulet et ce Renard mais je ne le vois pas de manière évidente. Et pourquoi ce chiasme : pourquoi Démarate se défend-il d'être un bâtard eurypontide en s'inventant une origine fantastique agiade ?
Plutarque mentionne plusieurs fois un héros peu connu, Cychrée de Salamine, fils de Poseidon.
Dans la Vie de Thésée, Plutarque parle de Sciron de Mégare. Sciron était seigneur de l'Isthme corinthien et on l'accusait de précipiter ses victimes dans les eaux. Thésée le tua en rejoignant Athènes depuis Trèzène, et il aurait été aussi selon Appolodore un autre fils de Poseidon, tout comme Thésée. Selon Plutarque, qui rapporte une tradition de Mégare, Sciron n'était peut-être pas mauvais s'il était le gendre de Cychrée de Salamine et c'est la rumeur athénienne qui en a fait un criminel.
En effet, Cychrée, fils de Poséidon et de Salamis, eut pour fille Chariclo qui épousa Sciron et qui fut la mère d'Endeis, épouse d'Eaque (Roi d'Egine, autre île du même Golfe Saronique), mère de Pélée et Télamon.
(Dans certaines versions cette nymphe Chariclo est la femme de Chiron, ce qui lierait alors Chiron à la généalogie d'Achille et décidément la famille avait un lien avec les néréides car Eaque aurait aussi eu des relations avec une néréide nommée Psamathé avec qui il eut un fils nommé Phokos).
Dans la Vie de Solon, Plutarque raconte comment Solon obtint pour Athènes le contrôle de l'île de Salamine en offrant un sacrifice au héros Cychrée (et un autre héros nommé Periphemos). Autrement dit, Solon, personnage historique, étend le pouvoir de la Cité, en vouant un culte au héros que Thésée, créateur du synoecisme, aurait combattu.
Certaines versions des Mystères d'Eleusis disent que Cychrée était associé à un dragon chtonien nommé Cychreides et, ce qui montre un mythe archaïque mal compris, on ne sait si Cychrée suscita le Dragon ou s'il le tua au contraire.