Pour continuer dans la série des cauchemars dont j'arrive à me souvenir.
Je suis dans un cinéma et c'est un multiplex mais le film n'est pas précisé. Je me dis qu'il est dommage que je n'aie pas entendu la musique qui était dans un film antérieur (je suppose qu'il s'agit d'une série de blockbusters) et qui me permettrait de mieux apprécier ce film-ci.
Je décide alors (et cela me semble être un pari raisonnable dans la "logique" du rêve) que je dois quitter la salle, au risque de rater une partie du film pour aller illégalement dans une autre salle écouter cette musique (car le multiplex doit sans doute diffuser en parallèle le premier épisode). Je perds une chaussure noire dans la salle obscure et je la laisse au sol sous ma chaise en me disant qu'elle me permettra de prouver que j'étais bien là quand je reviendrai.
Je sors de la salle, un peu angoissé, non pas seulement parce que je resquille mais parce que je ne suis pas sûr de bien estimer les temps et si je vais rater une part trop importante du film en faisant le pari d'écouter la musique en resquillant et en m'insinuant dans l'autre salle.
Je clopine très lentement avec une seule chaussure et le changement de salle demande de marcher sur le toit gris d'un complexe industriel. L'autre salle semble être assez éloignée, dans une autre aile du multiplex et je marche comme un voleur honteux en me disant que mon choix est complètement irrationnel, surtout si je ne récupère jamais ma chaussure. J'ai l'impression que l'itinéraire est interminable comme si le rêve se ralentissait soudain sur chaque centimètre parcouru.
Et là, je me réveille, assez anxieux juste avant que le réveil ne sonne.
Auto-analyse :
Comme dans le précédent, c'est une inhibition morale sur des choix irrationnels ou un complexe de l'imposture, mais il y a quelque chose de plus précis : mes cauchemars font souvent référence à des objets perdus (et j'imagine que si je croyais à de la mythologie freudienne, cela se réduirait à de la castration).
Dans un autre cauchemar très analogue, je suis dans un train où j'ai mis des valises et je vois d'autres articles laissés au quai et lorsque je redescends pour les chercher le train part sans moi et je me reproche de n'être pas redescendu en gardant toutes les valises avec moi. J'ai l'impression qu'il s'agit de la même anxiété déplacée sur l'encombrement et l'aliénation, y compris dans la vie quotidienne où je ne cesse d'avoir peur de perdre clefs, papiers ou copies. Ces valises et la chaussures semblent être la peur d'être fragmenté et de dépendre de cette fragmentation, comme si l'idée même d'une pluralité d'objets dont je suis dépendant était quelque chose de fondamentalement anormale. Et depuis l'enfance, j'ai un rapport assez névrotique à l'oubli comme si je redoutais plus de tout cette dispersion où je perdrais mes pensées et où il faudrait que je les revisite sans cesse pour vérifier si elles sont bien là (ce qui explique sans doute le fait d'écrire des blogs même si plusieurs sont quand même effacés par le temps). L'objet perdu n'est pas "tranché" comme dans la castration mais plutôt angoissant par son caractère extérieur, facultatif ou amovible.
Ou alors il y a aussi la crainte que je ne puisse jamais faire de la recherche sérieuse en remontant sans cesse à des détails inessentiels via des chaînes d'associations et sans arriver à me concentrer sur le présent et sur le travail à faire (et de manière générale, une anxiété sur une culture réduite à des renvois où je perdrais le fil). Non, là, je surinterprète.
Je venais de lire juste avant de dormir un chapitre de Walter Burkert sur la toison d'or (Homo Necans, chap. 2 : il y rappelle que Thyeste - dont le nom ressemble au mot "θυσία", sacrifice, vole un agneau d'or à Atrée avant que celui-ci ne le force à dévorer ses enfants) mais je ne crois pas que la chaussure perdue soit une allusion à Jason et sa sandale perdue mais je me suis souvent interrogé sur la signification de cette inégalité ou claudication. Mais ce sujet m'entraînerait vers des associations hors sujet (comme les parallèles entre Atrée/Thyeste et Pélias).
Theatre: A Very Wooster Holiday
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*Happy Christmas, Jeeves* by Heidi McElrath and Nathan Kessler-Jeffrey,
directed by Karen Lund, based on the stories of PG Wodehouse Taproot
Theatre Com...
Il y a 4 heures
2 commentaires:
Ca me fait (un peu) penser au premier fascicule du Cinema Purgatorio d'Alan Moore.
L'oubli, la perte, l'usurpation, les rapines oniriques du bien d'autrui pour éviter le manque, (h hi là c'est moi qui en rajoute un peu), le tout à la sauce grotesque, nos inconscients murés sont bien tous faits des mêmes briques.
Bonne année à toi et aux tiens !
Merci, meilleurs voeux !
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