dimanche 5 mai 2019

Expériences en Ludothèque


On a essayé divers jeux avec mon fils de six ans Mellon dans les diverses ludothèques qui se multiplient dans le quartier (comme celle par exemple de l'Espace Ludo de la Halle Secrétan). 

Celestia a été une catastrophe. Joli matériel mais j'ai détesté le système - tel du moins que je l'ai compris (je suis incapable d'appliquer les règles correctement la première fois). 

La Chasse aux Gigamons : un Memory amélioré (par des paires de cartes qui donnent des effets différents à chaque tour) que Mellon a beaucoup aimé. Pas mon genre. Joli. 

Bâtisseurs et Inventeurs sont assez amusants.
J'aimais plus à première vue les superbes illustrations d'Inventeurs mais il souffre d'un grand défaut à mes yeux : la déconnexion trop grande entre le jeu et le thème. On joue une "équipe" d'inventeurs qui sont en compétition de la préhistoire à l'époque moderne et c'est un peu bizarre de voir si "Marie Curie" va inventer les flèches ou la peinture rupestre, ou si c'est bien Aristote qui va découvrir l'ampoule électrique. Les Bâtisseurs est bien mieux directement adapté à son thème (Bâtisseurs Antiquité ajoute des options plus complexes pour développer ses ouvriers ou pour envoyer des esclaves). Inventeurs a un peu plus d'interactions comme on a intérêt à envoyer un de ses inventeurs parasiter les recherches d'une autre équipe pour être co-inventeur. 

Drakon : Un jeu où chaque aventurier a un pouvoir spécial dans le labyrinthe que chaque joueur construit chaque tour. J'ai trouvé (1) que les cartes avaient trop de chances de donner des impasses ennuyeuses (2) que le dragon ne bougeait pas assez et même s'il attaque un aventurier, il ne fait que faire perdre une pièce d'or. Tout cela faisait très anti-épique. Le pouvoir de la Magicienne (qui peut se déplacer bien plus facilement) paraît plus intéressant que les autres. Pas convaincu du tout. 

Galaxy Truckers : Quelle déception. On construit à toute vitesse des vaisseaux mal agencés, avec autant de blocages dans les combinaisons que dans le jeu précédent, et ensuite ils se font exploser par des météorites. Cela peut sembler drôle. Là encore, j'ai dû rater quelque chose car j'ai eu une impression de chaos aléatoire finalement assez barbant, frustrant et répétitif. 

Star Realms : Mon fils adore ce jeu de deck building sur des batailles de flottes spatiales, depuis une partie mémorable où sa Fédération a réussi à s'installer sur une planète protégée de tellement de satellites qu'il était totalement invulnérable. Ma flotte de brutes impériales fut vite réduite à néant devant cette Grande Muraille. 
Un détail que je n'arrive pas à comprendre dans les règles est quand on peut obtenir les effets en sacrifiant une de ses cartes. Plusieurs cartes disent donner l'effet de pouvoir faire ce sacrifice mais je croyais qu'on avait toujours le droit de le faire. 

Santorini : très bon jeu. La première fois qu'un jeu abstrait me plaît autant (grâce à sa ruse pour faire croire qu'il y a un "thème" mythologique sur son architecture mathématique). Règles ultra-simples, jeu très rapide et pourtant très bonne rejouabilité comme les cartes introduisent des variantes différentes à chaque fois.
Les cartes ne sont pas équilibrées (Hermès est bien plus puissant qu'Artémis par exemple) mais ce n'est pas très grave. Arès (qui détruit un étage de bâtiment) est un peu casse-pied car il peut ralentir le jeu pas mal.

Cela me donne presque envie de réessayer des jeux abstraits (comme toutes ces innombrables variantes d'échecs comme Onitama ou Hive, ou bien (du même auteur que Hive) Tatsu, qui réinvente le backgammon, ou le joli Tao Long qui réinvente le Mancala). 

Kreo : Jeu de cartes coopératif. Les joueurs sont des Titans à la création du monde. On doit gérer des ressources (les quatre éléments) pour créer progressivement l'univers ensemble mais sans avoir le droit de se concerter (sauf si on dépense un jeton d'énergie). Les pouvoirs des Titans me semblent peu équilibrés à première lecture.

(Un autre jeu au thème relativement similaire (comme le vieux jeu vidéo Populous), Gaia, me semble à première vue plus amusant mais on ne l'a pas testé. Il ajoute des tuiles de terrain et des pions dans la construction des mondes et il n'est pas coopératif.)


  • Autres explorations ludiques : Jeux sur le développement de la vie et sur l'Histoire


J'avais mentionné l'an dernier cette liste de jeux sur la biologie. Je dois y ajouter quelques jeux en plus : 
Bios: Megafauna est le plus complexe et détaillé (les autres sont des jeux, la trilogie Bios est déjà de la simulation théorique pour biologistes et tous les jeux de l'ex-américain devenu allemand Phil Eklund sont une expérience philosophique en eux-mêmes - dommage qu'il semble libertarien et climatosceptique par ailleurs, ce qui se voit directement dans ses commentaires). On commence avec une amibe et on développera soit un végétal, soit un arthropode, un mollusque ou un vertébré face aux dangers de l'Hypothèse Médée (comme les végétaux sont en jeu aussi, on prend même en compte la composition de l'atmosphère, oxygène et carbone, pas seulement l'alimentation). Un détail simple de ce jeu très riche auquel je n'aurais pas pensé est que les carnivores ne sont pas en compétition avec les herbivores, ils le sont plutôt avec les autres carnivores du biome (et vice versa pour les herbivores). Je redoute un peu que ce soit injouable mais c'est une mine d'idées (ses séries Origins ou Pax vont bien plus loin que les Civilization habituelle, High Frontier en revanche a l'air d'être tellement complexe dans la gestion de l'astronautique que la plupart des joueurs abandonnent sans avoir réussi à calculer les éléments nécessaires pour lancer une fusée). 

Evolution : Chaque joueur joue une ou plusieurs espèces animales mais il n'y a pas plusieurs biomes (dans l'extension Evolution Climate, on ajoute le facteur climatique mais de manière générale). En gros, on choisit si l'espèce est herbivore, par défaut, ou si on choisit carnivore (et elle s'attaquera alors à un herbivore qui ne pourrait pas se défendre). Les carnivores réduisent donc la population d'herbivores mais un des gags est que si on ne peut pas attaquer du tout d'herbivores d'un autre joueur mais qu'on peut attaquer un des siens, on est forcé par les règles de le faire... Evolution et Bios: Megafauna ont des points de vue différents sur la prédation. Evolution a quand même aussi l'idée d'un équilibre puisque les carnivores vont baisser en population s'il n'y a pas assez de herbivores ou s'ils conduisent les proies à l'extinction. Le jeu me semble assez simple et élégant dans sa modélisation. 

Dominant Species : La glaciation arrive et on va être en compétition dans les différents biomes. Le matériel (du euro moche) ne me donne pas du tout envie (mais cela dit, les trois jeux ont du matériel assez moche, à part certaines extensions d'Evolution). 

Pour parler d'un autre thème (les Pirates), je devrais aussi ajouter dans les possibilités que j'avais énumérées un jeu historique de Phil Eklund, Lords of the Spanish Main (où on peut aussi jouer la politique navale de Richelieu).
Je suis très attiré par son Pax Emancipation (moins sombre que le jeu assez sinistre sur l'abolition Freedom: The Underground Railroard). Le jeu à venir de Matt Eklund chez Sierra Madre, Pax Transhumanity, semblerait original par son optimisme dans notre époque si catastrophiste mais ressemble trop à des fantasmes d'Elon Musk ou Eliezer Yudkowsky avec des Héros Entrepreneurs innovants qui mènent l'Humanité vers son Âge d'Or libertarien. 

2 commentaires:

Elias a dit…

Les exemples que vous donnez peuvent tous se jouer à deux ?
Vous connaissez "saboteur", vous en pensez quoi ?

Phersv a dit…

Pardon pour ce long retard pour répondre (plus d'un mois).
Non, ils ne se jouent pas à deux sauf Star Realms ou Santorini (Bâtisseurs ou Inventeurs marche aussi). Drakon serait très peu adapté et il vaut mieux être nombreux.

Non, je ne connais pas Saboteur.