jeudi 29 avril 2021

Superpolis

(1) Le Vortex, le programme de vulgarisation scientifique d'ARTE, fait une vidéo sur le livre de William Blanc sur les superhéros et la politique (avec Manon Bril de la chaîne youtube "C'est une autre histoire"). C'est centré sur la sainte Trinité DC (Superman, Batman, Wonder Woman), en dehors d'un passage sur l'homosexualité chez Marvel dans les X-Men. Comme d'habitude avec William Blanc, c'est très solide. Mais comme d'habitude avec le Vortex et les YouTubers, il faut aimer un humour un peu "cringey" comme diraient les jeunesdaujourd'hui. Ah, si, sur WW, ils auraient pu aussi tenir compte du bouquin d'Elizabeth Sandifer, A Golden Thread, qui entre bien plus en détails sur les théories sexuelles si hors normes de Marston (qui ne se réduisent pas entièrement à du BDSM). 

(En passant, je suis devenu très fan de la vulgarisation sur YouTube, découverte grâce à Mr Phi et Science4All. J'aime beaucoup SpaceTime de PBS (avec l'astrophysicien australien Matt O'Dowd), Dr Lincoln sur FermiLab et en français ScienceClic). Je ne lis plus Scientific American du tout comme je le faisais il y a 30 ans et je vois que mes connaissances cosmologiques ont pris beaucoup de retard. 

(2) Le comic book le plus constamment politique que je connaisse est Savage Dragon écrit et dessiné par Erik Larsen depuis près de 30 ans. Comme le principe de la bd est que le temps y passe au même rythme que dans la réalité, les différents Dragon ont dû faire face depuis des décennies aussi bien à la nullité de G.W. Bush qu'à celle de Trump (qui a fini par déporter Dragon au Canada). C'est un comic hautement atypique et qui serait jugé très obscène même en France pour certaines de ses scènes, un peu comme si on imaginait un mélange de Jack Kirby dans les combats et de Lauzier dans le défoulement politico-sexuel et l'exubérance ironique (sauf qu'Erik Larsen est de gauche). 

(3) Je n'ai pas tellement aimé la lourdeur de Commanders in Crisis mais le pitch de départ de cette mini-série (12 épisodes, pas encore achevés) était clairement une réaction aux quatre ans de cauchemar trumpien. Les superhéros y sont tous des Présidents des USA élus sur des différentes Terres parallèles qui ont toutes été plus "libérales" que la nôtre avec un Président hispanique, un Président gay, une Présidente femme, une Présidente musulmane, une Présidente métisse et sans doute intersectionnelle. L'ennui est que le Multivers semble éradiquer les Terres les unes après les autres pour une raison qui reste pour l'instant peu claire mais qui est décrite comme une réaction de défense immunitaire du Multivers contre les Terriens. Les blagues y sont des allusions à la culture geek (un vilain s'appelle "Headcannon", en référence à l'expression de head canon), notamment à des séries comme Crisis on Infinite Earths et le scénariste Steve Orlando y reprend de manière plus explicite des thèmes qu'il ne pouvait sans doute pas utiliser dans Wonder Woman. Orlando joue peut-être aussi avec l'histoire actuelle du Multivers DC, Infinite Frontier, où l'équivalent d'Obama commence à jouer un rôle plus central. Mais je reste sceptique sur la capacité à faire fonctionner la métaphore avec des personnages qui restent assez caricaturaux. Les superhéros sont des métaphores mais il faut doser l'évidence des références. 

1 commentaire:

Desméïl a dit…
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