Tout le monde doit déjà connaître le site de The Digital Comic Museum (DCM) qui donne gratuitement et légalement des comic books américains qui ont eu leur ascension (je préfère dire montés que tombés) dans le Domaine Public.
Il y a notamment là bas les histoires de Fawcett Comics et Captain Marvel (le premier, celui qui réussit au début des années 1940 à concurrencer Superman avant d'être rattrapé par un procès de DC).
Il y a aussi tous ces autres genres que les superhéros ont depuis refoulés (guerre, policier, espionnage, pirates, western, romance, humour, animaux...).
Mais il y a aussi des histoires bien plus obscures, comme par exemple celles du groupe Ziff-Davis. Elle existe toujours sous une autre forme (ZDNet) mais c'était une maison d'édition assez prestigieuse dans les Pulps des années 1920-1940 et ils avaient notamment racheté le célèbre magazine d'anticipation Amazing Stories.
Au début des années 1950, Jerry Siegel, le créateur de Superman, venait de finir son premier contrat avec DC (il y retourna à nouveau pendant toutes les années 1960) et il fut embauché par Ziff-Davis pour tenter de lancer leurs propres bandes-dessinées. Elles furent nombreuses mais sans guère de succès. Les titres sont parfois assez originaux et les numéros commencent souvent à #10, le #11 étant souvent d'ailleurs le dernier la même année 1951. Le Musée a plus d'une centaine de leurs numéros (dont surtout leur plus gros succès G.I. Joe qui continua, lui, pendant une cinquantaine de numéros jusqu'en 1957). Ziff-Davis a plutôt évité le genre des superhéros, peut-être parce qu'il était en déclin à cette période ou bien parce qu'ils jugeaient le marché déjà saturé.
Au début des années 1950, Jerry Siegel, le créateur de Superman, venait de finir son premier contrat avec DC (il y retourna à nouveau pendant toutes les années 1960) et il fut embauché par Ziff-Davis pour tenter de lancer leurs propres bandes-dessinées. Elles furent nombreuses mais sans guère de succès. Les titres sont parfois assez originaux et les numéros commencent souvent à #10, le #11 étant souvent d'ailleurs le dernier la même année 1951. Le Musée a plus d'une centaine de leurs numéros (dont surtout leur plus gros succès G.I. Joe qui continua, lui, pendant une cinquantaine de numéros jusqu'en 1957). Ziff-Davis a plutôt évité le genre des superhéros, peut-être parce qu'il était en déclin à cette période ou bien parce qu'ils jugeaient le marché déjà saturé.
Lars Gratia Martis
Lars of Mars pourrait en théorie appartenir à de la SF mais il est simplement un superhéros. Il n'eut que deux numéros à l'été 1951. Les dessins sont de Murphy Anderson, qui illustrait auparavant Buck Rogers et qui passa juste après Lars sur un personnage très similaire, Captain Comet chez DC (le même design que Lars fut adopté ensuite par Murphy Anderson pour le célèbre Adam Strange en 1958).
Superman était une inversion de John Carter (le Terrien Carter acquiert des pouvoirs sur Mars, le Kryptonien Kal-El acquiert des pouvoirs sur Terre) et Jerry Siegel s'amuse à faire une fusion de Superman et John Carter : Lars (au nom si étrusque ou scandinave) est un Martien complètement humanoïde envoyé sur Terre en mission secrète pour nous empêcher de mal utiliser nos armes nucléaires. La Planète nommée par le Dieu de la Guerre se veut donc paternaliste et pacifique. C'est aussi la même année que le très joli The Day The Earth Stood Still de Robert Wise, où Klaatu et Gort doivent nous convaincre d'abandonner nos moeurs rétrogrades.
Dans Lars, les Martiens et les Vénusiens avaient déjà failli s'entre-détruire ainsi, ce qui a causé une interdiction du voyage interplanétaire dans le système solaire et c'est le Conseil Suprême de la Quatrième Planète qui a décidé d'envoyer leur meilleur agent secret pour surveiller notre planète primitive.
Dans Lars, les Martiens et les Vénusiens avaient déjà failli s'entre-détruire ainsi, ce qui a causé une interdiction du voyage interplanétaire dans le système solaire et c'est le Conseil Suprême de la Quatrième Planète qui a décidé d'envoyer leur meilleur agent secret pour surveiller notre planète primitive.
Lars s'est retrouvé bloqué sur Terre après un crash de son vaisseau et le gouvernement martien lui ordonne de rester jusqu'à ce que la situation géopolitique terrienne s'arrange et "qu'il n'y ait plus de Mal" (ce qui vaut une bulle assez blasée et pessimiste du pauvre exilé). Bien qu'extraterrestre, il a vite adopté la position américaine contre le totalitarisme communiste, soviétique et chinois, et ses supérieurs restés sur Mars sont d'accord avec lui et ont mis sous écoutes ces menaces. Son pire ennemi (deux apparitions) sera le Professeur Raskov, savant fou criminel et ami de Staline qui a inventé un rayon glaçant. J'imagine que si la série avait duré, on aurait entendu parler à nouveau de ce Bloc Vénusien ennemi de Mars.
Pouvoirs
Il a plusieurs pouvoirs comme la télépathie (dont il se sert pour apprendre l'anglais), un pouvoir d'hypnose (il manipule son amie pour qu'elle ignore ses absences) et quelques gadgets martiens comme son jetpack (qui lui permet même de passer dans une Cinquième dimension pour franchir des distances en une vitesse supérieure à la lumière) et un rayon magnétique. Il n'est jamais dit si ses pouvoirs mentaux lui sont uniques ou si c'est commun aux Martiens.
On voit une jolie scène dans la Cinquième Dimension où il est soudain en superposition avec un essaim de contreparties minuscules de lui-même avant de réintégrer notre dimension. Ce genre de petites scènes délirantes sauve ce comic de Jerry Siegel de sa monotonie.
On voit une jolie scène dans la Cinquième Dimension où il est soudain en superposition avec un essaim de contreparties minuscules de lui-même avant de réintégrer notre dimension. Ce genre de petites scènes délirantes sauve ce comic de Jerry Siegel de sa monotonie.
Identité secrète
Il a pris l'identité secrète la plus transparente qui ait jamais existé pour un superhéros.
Il se fait en effet passer pour un acteur qui joue le rôle d'un Martien humanoïde pour une nouvelle série télévisée Man From Mars. Lars n'a pas de mal à simuler une certaine folie excentrique où l'acteur humain se prendrait pour son personnage extra-terrestre, ce qui lui permet de garder son scaphandre et jetpack en permanence comme si ce n'était qu'un costume factice de la série.
La plupart pensent qu'il ne fait cela que par goût de la publicité et il lui arrive dans un épisode de mettre un masque en plus pour qu'on n'assimile pas l'acteur et le vrai héros martien dont les médias entendent parler. Ainsi, il prétend n'être que son propre imitateur (un peu comme Iron Man prétendra n'être qu'un employé et garde du corps travaillant pour Stark ?).
Il est engagé par une jeune productrice télé (oui, en 1951, les comics sont souvent en avance dans le statut social des femmes), June Conway, qui n'a pas l'air de le prendre très au sérieux et pense avoir conçu toute son identité (alors que Lars fournit parfois ses aventures réelles comme scripts pour les histoires de Man From Mars). C'est sans doute son origine martienne qui fait qu'il n'a aucun scrupule à l'hypnotiser pour qu'elle ait l'illusion qu'il reste avec elle quand il est en mission secrète.
DC aura quelques années après son propre Martian Manhunter, nettement moins humanoîdes mais avec une liste inépuisable de superpouvoirs (invisibilité, polymorphie, élasticité, vol...). Adam Strange reprendra le costume de Lars mais en s'inspirant plutôt de John Carter dont Lars était une inversion. Lars ressemblait plus à Superman sur bien des points (sa June Conway si active ressemble à Lois Lane) et sa série télévisée anticipe la vraie série Adventures of Superman (1952-1958) qui n'était alors qu'en préparation mais dont Jerry Siegel devait déjà savoir qu'il ne toucherait pas un seul centime.
Les éditions Ziff-Davis des années 50 aimaient décidément les Martiens car un autre titre (qui ne se trouve hélas pas encore sur le Musée) était Crusader from Mars (deux numéros en 1952). Le héros martien Tarka est condamné par la justice martienne après un crime passionnel à aller sur Terre avec sa soucoupe volante pour faire régner la justice. S'il échoue, il sera exécuté (et la planète Terre aussi en passant...). Il se donne d'ailleurs une juridiction sur Terre et se permet d'envoyer nos criminels au bagne "pour creuser les canaux martiens". Il reste donc à écrire la fanfiction où Tarka (et son complice Zira), criminels devenus justiciers, rencontreront Lars. Et peut-être aussi Gort (Klaatu Barada Nikto).
Il se fait en effet passer pour un acteur qui joue le rôle d'un Martien humanoïde pour une nouvelle série télévisée Man From Mars. Lars n'a pas de mal à simuler une certaine folie excentrique où l'acteur humain se prendrait pour son personnage extra-terrestre, ce qui lui permet de garder son scaphandre et jetpack en permanence comme si ce n'était qu'un costume factice de la série.
La plupart pensent qu'il ne fait cela que par goût de la publicité et il lui arrive dans un épisode de mettre un masque en plus pour qu'on n'assimile pas l'acteur et le vrai héros martien dont les médias entendent parler. Ainsi, il prétend n'être que son propre imitateur (un peu comme Iron Man prétendra n'être qu'un employé et garde du corps travaillant pour Stark ?).
Il est engagé par une jeune productrice télé (oui, en 1951, les comics sont souvent en avance dans le statut social des femmes), June Conway, qui n'a pas l'air de le prendre très au sérieux et pense avoir conçu toute son identité (alors que Lars fournit parfois ses aventures réelles comme scripts pour les histoires de Man From Mars). C'est sans doute son origine martienne qui fait qu'il n'a aucun scrupule à l'hypnotiser pour qu'elle ait l'illusion qu'il reste avec elle quand il est en mission secrète.
DC aura quelques années après son propre Martian Manhunter, nettement moins humanoîdes mais avec une liste inépuisable de superpouvoirs (invisibilité, polymorphie, élasticité, vol...). Adam Strange reprendra le costume de Lars mais en s'inspirant plutôt de John Carter dont Lars était une inversion. Lars ressemblait plus à Superman sur bien des points (sa June Conway si active ressemble à Lois Lane) et sa série télévisée anticipe la vraie série Adventures of Superman (1952-1958) qui n'était alors qu'en préparation mais dont Jerry Siegel devait déjà savoir qu'il ne toucherait pas un seul centime.
Les éditions Ziff-Davis des années 50 aimaient décidément les Martiens car un autre titre (qui ne se trouve hélas pas encore sur le Musée) était Crusader from Mars (deux numéros en 1952). Le héros martien Tarka est condamné par la justice martienne après un crime passionnel à aller sur Terre avec sa soucoupe volante pour faire régner la justice. S'il échoue, il sera exécuté (et la planète Terre aussi en passant...). Il se donne d'ailleurs une juridiction sur Terre et se permet d'envoyer nos criminels au bagne "pour creuser les canaux martiens". Il reste donc à écrire la fanfiction où Tarka (et son complice Zira), criminels devenus justiciers, rencontreront Lars. Et peut-être aussi Gort (Klaatu Barada Nikto).
4 commentaires:
Très intéressant, merci.
C'est très divertissant. ;) Je ne me doutais pas qu'en 1951 la télé était déjà si présente aux USA. Du coup cet aspect-là du script a peu vieilli :)
D'après ce site, il y avait déjà 6 millions de téléviseurs pour 150 millions d'habitants en 1950 et cela monte à 60 millions en 1960.
Superman deviendra d'ailleurs présentateur télé dans les années 1970 au lieu de travailler au Daily Planet quand les scénaristes se diront que la presse écrite ne parlait plus au lecteur (récemment ils ont aussi essayé d'en faire un journaliste sur un Site d'Info en ligne...).
Une des choses qui m'a les plus amusé dans ces numéros est de voir les publicités. Alors que le lectorat devait être assez jeune, il y avait une pub pour un briquet à 2$ (soit environ 20$ de 2014) et une gaine amincissante pour femme à 5$ (50$ d'aujourd'hui)...
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