Sur le site de Comixology, Silver Surfer Infinite est une sorte de bande-annonce gratuite de la nouvelle série écrite par Dan Slott et dessinée par Mike Allred. Autant dire que si un comic-book est (1) gratuit & (2) écrit par Slott (ou Gillen), vous devriez être traîné devant le Tribunal de La Haye, interné à La Verrière ou une combinaison des précédents si vous ne le téléchargez pas.
(En revanche, 3,6 euros pour avoir la suite, cela me paraît démesuré si c'est à peu près le même prix pour un fichier que le format papier)
C'est aussi une publicité pour ce format baptisé "Infinite" et si c'est vraiment ainsi que tous les titres sont adaptés pour la version informatique, c'est très impressionnant, bien plus agréable à lire que les vieux ComicBookReader. Les bulles apparaissent ou disparaissent comme dans une sorte d'animation, ce qui permet d'apprécier mieux encore l'image, et de glisser facilement dans les dialogues.
Le Surfer est un personnage difficile, peut-être même plus que Superman, en raison de sa distance et du poids de la parabole religieuse. Tous les superhéros sont des métaphores de la Puissance et du Divin mais dans le cas du Surfer, c'est encore plus évident, avec une dimension qui se veut même post-chrétienne puisqu'il a été créé par un Dieu amoral qui dévore les Mondes. Le Surfer fait donc la synthèse du Christ par son sacrifice et de la Révolte prométhéenne en choisissant la cause des Mortels contre son Père, le principe de Prédation cosmique.
Les fans l'aiment pour sa "noblesse" et pour son rôle central dans la mythologie originelle de l'Univers Marvel aux débuts des Quatre Fantastiques. Le Surfer est le seul personnage dont même Stan Lee a dû avouer que Jack Kirby l'avait créé seul (et n'a jamais réussi à faire aussi bien avec ses Nouveaux Dieux), mais Stan Lee se l'est approprié avec encore plus d'insistance que Spiderman (Lee avait demandé à Marvel, en vain, qu'aucun autre auteur n'ait le droit de le toucher).
Mais le Surfer n'a jamais eu droit à des histoires très intéressantes, même dans ces vieilles paraboles de Stan Lee qui en fit son Saint Antoine tenté par Mephisto avec des dessins de Buscema. Une exception pourrait être dans l'équipe The Defenders où il devenait un héros plus conventionnel mais aussi plus humain que ce Messie.
En 1987, Steve Englehart avait tenté d'injecter plus d'humour dans le personnage pour rompre avec le ton trop sublime-grandiose de la série originelle (mais le pathos revint vite quand il fut rappelé que le Surfer avait en fait oublié à quel point il avait collaboré aux génocides cosmiques de Galactus). Mais cela n'avait pas plus fonctionné (même si ce fut un relatif succès avec une longévité d'une douzaine d'années). D'autres scénaristes comme Jim Starlin ou Ron Marz revinrent donc à des recettes de combats cosmiques dont je n'ai gardé aucun souvenir et le Surfer eut d'autres titres plus brefs depuis les années 2000.
Ici, Dan Slott me semble plutôt revenir à la tentative d'humour déjà tentée par Englehart mais avec plus de subtilité. Il s'inspire directement de Doctor Who (une des transformations des fans américains, en dehors des influences japonaises, est l'internationalisation du héros britannique). Il est ici un héros inhumain mais avec une "ancre" qui est une Compagne humaine normale, Dawn. Dawn est une candide qui ne sait rien du Surfer et elle s'étonne qu'il ait l'air connu de tous dans l'Univers, ce qui rappelle le Docteur (si ce n'est que le Surfer est quasiment omnipotent alors que le Docteur a seulement le Tardis).
Les blagues où le Surf semble ressembler à Jolly Jumper dans Lucky Luke (alors que je vois plutôt le Surf comme une extension, une sorte d'organe extérieur) montrent bien une rupture dans le ton. La même rupture avait très bien fonctionné sur le Daredevil de Mark Waid ces dernières années, ou les Gardiens de la Galaxie de Abnett & Lanning (le She-Hulk de Dan Slott n'était pas une rupture puisque la série avait toujours été décalée et humoristique depuis John Byrne) mais on peut être plus perplexe ici.
2 commentaires:
Pour completer :
http://www.comicbox.com/index.php/news/avant-premiere-vo-review-silver-surfer-1/
"Entre Amélie Poulain et Amelia Pond...", bien vu.
Enregistrer un commentaire