dimanche 24 novembre 2024

[OSR] Générateurs dans Knock! n°1

Knock! est un mégamagazbook de plus de 200 pages édité par les Joyeux ChampiHommes (dont Eric "Surcapitaine" Nieudan ou Olivier "Nobboc" Revenu). Plein d'humour et de trouvailles, c'est sans doute une des meilleures sources d'idées "oSR" (ou "Jeu d'Aventure à Bricoler Par Soi-Même", DIY) avec d'autres sites qui collaborent avec eux comme ceux du Grümph ou de Kobayashi

Les Merry Mushmen ont résumé l'esthétique de la Régénération Néo-Paléo-Chaos en 7 points (qui viennent d'autres manifestes comme ceux de Matt Finch) :

  • (1) les décisions du joueurs doivent compter plus que les caractéristiques sur la feuille de perso. 
  • (2) le cadre est un environnement dynamique conduisant à des situations intéressantes, non pas un récit linéaire. 
  • (3) le maître du donjon doit être un arbitre neutre de l'interaction avec ce cadre, pas un metteur en scène. 
  • (4) les arbitrages comptent plus que les règles
  • (5) les dés doivent produire des situations inattendues par des tables de résultats aléatoires
  • (6) le cadre n'a pas à être "équilibré" pour être "jouable" et ce sont les joueurs qui doivent donc évaluer si une situation dangereuse peut être résolue à leur niveau de capacité. 
  • (7) la création de perso doit être rapide pour permettre de les remplacer rapidement.  


(1) me paraît essentielle en jeu même en dehors d'un cadre dit "Old School". La forte mortalité impliquée en (7) paraît plus discutable à mes yeux (mais j'ai une tendance à voir le "Death Funnel" ou les "Total Party Kills" comme un échec collectif de tout le jeu, pas comme une expérience amusante). 

Le seul désavantage de cette vaste taille du magazine est qu'on se perd dans des mines de bonnes idées. J'ai la flemme de faire un vrai index et je ne vais faire qu'un aide-mémoire de quelques idées à réutiliser en jeu, notamment les générateurs aléatoires (sans parler ici d'autres éléments qui font aussi l'intérêt du mook comme les nombreux conseils, les monstres, les plans ou les illustrations) : 

Knock! An Adventure Gaming Bric-à-Brac - Being a Compendium of Miscellanea for Use with Old School Role-Playing Games n°1 (février 2021) voir aussi la fiche sur RPGeek et la review chez Pookie

La couverture a déjà un générateur aléatoire de Démon qui dégouline de saveur originale, notamment ses motivations (comme retrouver son amour perdu) ou ses effets magiques (comme échanger l'âme du PJ avec la sienne). En parlant de chaos aléatoire, voir aussi les pages comme Chaotic Shiny ou d4 Caltrops

Chris McDowall : Le Golem de Grimoires de Magiciens p. 16

Daniel Sell : d66 vulnérabilités originales de grands sorciers p. 20-24

Nobboc : d66 équipement (contient par exemple une armure en cuir qui est en réalité en peau de troll en train de se régénérer, ou une fiole contenant un homoncule...) p. 25-27

Daniel Sell : générateur de PNJ aventurier retraité dans le village, sa personnalité, ses motivations

Jack Shear : générateur de ce qu'il y a dans la bosse d'Igor p. 52

Fiona Geist : générateur de goblin féérique atypique p. 59-60

Nobboc : 8 rencontres étranges avec des statues p. 80

Nobboc & Nieudan : 20 casques magiques p. 104-105

Jason Sholtis : 1d12 transformations psychologiques affectant temporairement le Donjon p. 130

Nobboc : 1d12 lames magiques p. 133

Chris Tamm : générateur d'égouts sous une ville p. 134-139

E. Nieudan : générateur de factions dans un donjon p. 140-142

Nouvelles classes de personnage

Nobboc :  : Armure vivante p. 161-162 (voir aussi le monstre Amas d'Armures p. 180)

Ethan Lefevre : Arme Animée p. 178

Benjamin Baugh : Swarm Lord p. 173 (un être contrôlant une masse de petites créatures, que ce soit des rats, des insectes, serpents, oiseaux...). 

Nobboc : d66 Anciennes Occupations du PJ (avec un petit côté Warhammer) p. 176

La fin du magazine a quelques créatures et des lieux. Dans The Wizard Cave de Chris Tamm, il y a des tables pour créer des motivations de sorciers dans leurs caverne p. 209. 

J'aime bien aussi l'idée de rajouter une espèce de Blaireaux intelligents (Badgermen, qu'on pourrait appeler Meles en latin ou Mujina / Tanuki en japonais) pour les donjons comme ils creusent des tunnels et sont généralement des animaux assez cools. 

mercredi 20 novembre 2024

[RuneQuest] Rêves sous le Pavillon rouge

Nous avons commencé une nouvelle campagne de RuneQuest avec Gianni

Elle se déroule dans l'Empire de Kralorela, un Etat millénaire où on adore les Dragons et où les humains (les "Kralori") rêvent de cultiver leurs talents pour faire éclore leur nature draconique, comme l'Empereur Godunya (et comme la secte du Sentier de la Maîtrise Immanente). 


Nous jouons dans la Cité de Lur Nop, le seul endroit dans l'Empire où un quart de cette ville portuaire est ouvert aux Barbares pour le commerce (son nom vient peut-être de Lop Nur, site des essais nucléaires chinois dans le Xīnjiāng). La Préfète de la Province de Wanzow est l'Exarque Violette Máng Jiāo'ào (Fière et Affairée) Tso et le Juge principal est Sa Seigneurie Yǒng Sù Lóng.

Il y a six personnages, le Magistrat et son Entourage : 
    (1) Le Juge Wū Láng Fāt, Magistrat du Quartier des Barbares. 
    (2) "2-Pas" Liǎng Bù la Géomètre et Jaugeuse de la Douane 
    (3) Zūn Zàng, le Chamane du Dieu de la Ville 
    (4) Wèi Róng, Garde du corps du Juge. 
    (5) Tóng tú, la Contrôleuse des Décès. 
    (6) Wú áo, le Chat étudiant en Oniromancie (et nécromancie).

Je joue Wú Ao, un chat "éveillé" qui commence à étudier à l'Académie Impériale la Mort et les Rêves. Il possède deux queues (comme ce yokai japonais, le Nekomata). 


Son Altesse, le Juge Wū Láng Fāt est le Magistrat du Quartier Barbare.

Nous sommes convoqués en pleine nuit pour enquêter sur l'assassinat dans sa résidence de Patius van Gera. Cet étranger est un riche marchand qui vient du lointain Empire lunaire du côté du Couchant, et qui vit à Lur Nop depuis dix ans. Il s'est notamment enrichi comme courtier pour des produits de Teshnos. 

Quelqu'un est entré par une corde dans sa chambre par la fenêtre et a fait entrer une sorte de tige dans son cou. Je crois percevoir sur la corde que l'assassin doit être une femme. Aucun bien n'a été volé en dehors d'un masque en forme de démon mais ce masque avait un double qui, lui, est toujours accroché au mur. Il y a aussi une tapisserie en caractères kraloreli mais dans une langue inconnue. Mes tentatives pour rêver à ce sujet sont infructueuses et les papiers saisis ne nous apprennent pas encore beaucoup. 

Nous mettons en détention la veuve de Patius van Gera, Sepida, pour essayer de la faire parler. Les Masques viendraient d'un cadeau d'un ami de Patius, qui l'aurait offert à leur mariage. Mais elle est terrifiée et prétend qu'elle n'a aucun souvenir de celui qui avait fait ce présent. 

Après une visite dans les Archives du Clan Zì Mǎ (le Clan des Lettrés) obtenus grâce au Sceau du Juge, nous apprenons que les Masques viendraient de la Province de Shiyang, dans le Nord de Kralorela et qu'ils dateraient de le sombre période des invasions de la Grande Horde des Pentiens de Sheng Seleris il y a environ deux cents ans. 




Nous discutons aussi avec Achili van Zayara, un autre concurrent lunaire de Patius. Patius n'était pas simplement "lunaire" traditionnel mais appartenait, comme son épouse, à la tradition des Spolites qui adorent les Ténèbres et pas seulement la Lune Rouge. 

Quand nous revenons chez nous, au Bureau des Affaires Barbares, nous découvrons que Sepida, l'épouse de la victime, a été libérée par quelqu'un qui s'était fait passer par Illusion pour le Juge Wū Láng Fāt. Nous tentons de les poursuivre vers la place du Marché mais nous perdons leurs traces. 

Je m'endors et voyage dans le Monde des rêves. Je suis alors dans un parc fleuri avec un Pavillon. Une brute avec un masque, attend là avec impatience quelqu'un. Il disparaît quand je tente de lui parler et ensuite une femme masquée apparaît et appelle "Tar", qui doit être l'inconnu. Elle n'a pas la même odeur que l'assassin de Patius. Elle réagit violemment quand j'essaye de lui parler à son tour. Elle me blesse dans le rêve mais je réussis à me réveiller indemne. 

des héros kraloreli par Jan Pospíšil, Guide of Glorantha I p. 265
La yóuxiá en pantalon est Yánggōngchūn, de l'école du Dragon

vendredi 15 novembre 2024

Premières nations américaines : deux Germano-Cherokees

Christian Prieber (1697-1745), un juriste saxon "radical" qui s'enfuit dans les colonies anglaises d'Amérique en 1735 pour s'installer chez les Cherokees qui étaient alors au nord de la Georgie (sud-est de l'actuel Tennessee). Il s'y remaria avec une indigène et devint une sorte de premier ministre du Chef Moytoy (1687-1741). Moytoy avait été déclaré (avec l'aide de commerçants britanniques) Empereur de toutes les nations cherokee. Prieber vivait paraît-il entièrement comme un Cherokee au point de choquer les Occidentaux. Il écrivit des livres sur eux et devint un communiste utopiste qui pensait que la République cherokee deviendrait un modèle pour le monde, le "Royaume du Paradis". Il tenta de résister aux avancées européennes et espérait dresser les Cherokees contre les Anglais qu'il accusait de les exploiter, mais il fut capturé par les indiens Creeks et livré aux Britanniques. Il mourut en prison vers 1745. Ses oeuvres utopistes furent hélas perdues avec lui dans sa détention. Un récit dit que sa fille Creat (peut-être fille aussi d'une fille de Moytoy ?) épousa un chef nommé "Double-Têtes" (car il portait deux scalps de Blancs) mais qu'un jour un aigle enleva leur enfant et que Double-Tête aurait alors tué la malheureuse Creat. 


Priber apparaît (avec l'orthographe "Priber" qui était devenue celle qu'il utilisait en Amérique) dans le cycle Age of Unreason de Greg Keyes, où l'alchimiste Benjamin Franklin dirige une armée de sorciers indigènes. J'ai déjà parlé d'un projet d'uchronie, "Pantisocratie" où le poète anglais Robert Southey vient s'installer auprès des Indiens pour fonder une utopie du côté de la Pennsylvanie ou de l'Ohio. 

Sequoyah (1770-1843) ou "Georges Gist", métis de la tribu Cherokee (son père serait aussi, comme Prieber ci-dessus, un Allemand). Il était handicapé et boiteux, ne pouvant espérer devenir un chasseur. Il avait dû fuir de son Tennessee vers l'Alabama puis dans les années 1830 dans le nouveau Territoire Indien cédé à l'est de l'actuel Oklahoma. A partir de 1810-1820, il crée un système d'écriture pour la langue cherokee, un syllabaire de 86 signes. Au début, les Cherokee étaient réticents à l'adopter mais ensuite, dès que Sequoyah réussit à l'enseigner à certaines femmes, le syllabaire fut adopté par presque toutes les tribus au point que le peuple analphabète devint soudainement un des peuples les plus lettrés, plus alphabétisé que leurs voisins colons. Sequoyah devint un politicien cherokee qui écrivit leurs lois et leur constitution et il tenta de négocier avec les USA. C'est pour l'honorer que son nom fut donné à l'arbre. 

Les rétrospectives Casus Belli : 26 et suivantes

 Comme l'a dit Imaginos, Faenyx reprend sur son blog la rétrospective des Casus Belli de la première formule et notamment après le numéro 25 que j'avais survolé et avant le numéro 39 où commence la rétrospective de Vociferator. Vous aurez donc ainsi une synthèse de toute la série (Vociferator en est pour l'instant au numéro 54).  

lundi 11 novembre 2024

Stagecoach de John Ford (1939) et La Diligence de Goscinny (1967)

Dans Stagecoach de John Ford, la diligence a 9 passagers au total : deux à l'avant, Buck le conducteur et Curley Wilcox le sheriff, et sept à l'intérieur, Ringo Kid le truand-au-grand-coeur, Dallas la prostituée, Hatfield le joueur sudiste hautain, Mme Lucy Mallory la femme de l'officier qui part le rejoindre, Doc Boone le médecin alcoolique, Peacock le vendeur de whisky et M. Henry Gatewood, le banquier qui s'est enfui avec sa caisse. 

Dans La Diligence de Lucky Luke, il y a 8 membres dans l'expédition au total : Hank Bully le Fouet (équivalent de Buck), Lucky Luke sur son Jolly Jumper (équivalent de Curley mais avec le charisme du Ringo Kid), et six dans le compartiment : Scat Thumbs le tricheur (équivalent de Hatfield, y compris dans la caricature de l'acteur, mais en plus sympathique), Jeremiah Fallings le Photographe, Digger Stubble le Prospecteur, Madame Annabella (qui peut s'inspirer de scènes misogynes du début du film) & Oliver Flimsy (qui au début fait plutôt penser à ce lâche de M. Peacock), le Révérend Sinclair Rawler (qui n'est que très approximativement équivalent à Gatewood). Dans l'adaptation américaine en dessin animé de 1984, Rawler devient un médecin et plus un révérend pour ne pas choquer les spectateurs (et le vieux Digger est retiré). 

L'itinéraire est ce qui change le plus entre le film classique et la bd. 

Stagecoach traverse seulement 330 km entre Tonto (Az), puis "Apache Wells" (ville fictive, plutôt Apache Junction) et Lordsburg (New Mexico), à travers le territoire apache. Une diligence avec six chevaux sans une bonne route ne faisait guère qu'une douzaine de km par heure. 


Dans La Diligence de Goscinny & Morris, le voyage va de Denver (Colorado) à San Francisco (Cal.) en passant par Fort Bridger (Wyoming), Salt Lake City (Utah), Carson City (Nevada) et Sacramento (Cal., selon l'actuelle route 50) soit une distance de plus de 2000 km, 6 fois plus long que dans Stagecoach. Ce chemin depuis Fort Bridger doit correspondre à peu près au sentier californien et au chemin du Pony Express. 


Le film se déroule en 1880 et les campagnes de Geronimo à travers cette région (Arizona, Mexique, Nouveau Mexique) se déroulent de 1878 à 1885. 

La bd croise le voleur de diligence Black Bart qui était actif en Californie et Oregon de 1875 à 1883