Ce n'est pas une évaluation du texte mais le sujet d'une recension par Florian Cova d'un livre collectif édité par Sandra Laugier sur le "Perfectionnisme moral".
Cova a toujours du talent pour dénicher les problèmes d'analyse (la théodicée de Paul Clavier* se trouvait assez bien discréditée, et je ne parle même pas d'autres recensions comme le démontage si réussi de Jean-Luc Marion) mais ici, le plus réjouissant est que la critique du livre pose un problème sur le concept même de "Perfectionnisme moral" qu'on voudrait nous "vendre". Comme tous les Analytiques, il divise pour désintégrer, distingue une version faible (qui risque d'être triviale) et une version forte (qui risque d'être soit insuffisante soit peu plausible).**
Il y a aussi une vertu étonnante pour un chercheur français (certes exilé à Genève pour un post-doctorat) à avoir ainsi brûlé des idoles institutionnelles aussi redoutables de l'ENS à l'Université. J'imagine que nos éditeurs philosophes, si fervents admirateurs des vertus intellectuelles de l'esprit critique, admireront l'accomplissement de soi et l'intégrité qu'exigent de tels textes sans pseudonymes. Il fut une époque où on aurait dû fuir aux Pays-Bas pour moins.
* J'ai de l'amitié pour P. Clavier mais je crains qu'il n'ait été corrompu par la clique de Swinburne ou des Plantingiens dans leur dédain face au naturalisme.
** Une qualité de certains naturalistes issus de Stephen Stich est qu'ils tournent le dos à la modération bonhomme issue de la rhétorique conservatrice de Hume (même quand Hume est au sommet du paradoxe, il fait croire qu'il suit le sens commun). Quand ils distinguent une version "faible" et une version "forte", c'est souvent pour défendre la version ultra-forte-extrême, notamment parce que c'est la plus rentable en "impact".
vendredi 23 septembre 2011
Peut mieux faire
Publié par Phersv à 22:22
Libellés : parler des livres qu'on n'a pas lus, philosophie
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