jeudi 15 septembre 2011

"¡Viva la Muerte!"


"Me atormenta el pensar que el general Millán-Astray
pudiera dictar las normas de la psicología de la masa.
Un mutilado es de esperar que encuentre un terrible alivio
viendo cómo se multiplican los mutilados a su alrededor."
Miguel de Unamuno



Il est facile d'avoir de l'imagination et de concevoir de l'intérieur qu'un être humain soit pour l'exécution d'un autre humain par simple loi du talion. Mais sans prétendre à des standards d'humanité irréalistes, il est un peu plus difficile de s'imaginer en train d'ovationner la mort d'êtres humains qui ont eu le tort de tomber malades sans avoir d'assurances privées.


Le député Ron Paul, médecin et libertarien, paraît un peu gêné mais il n'ose dire qu'il serait bien entendu d'accord avec le cri "Qu'ils meurent, ces assistés !". Pour lui, tout droit social est la mort des libertés fondamentales : ce n'est plus la Liberté ou la Mort, mais la Liberté c'est la Mort. Il n'y a pas de vraie Liberté des maîtres sans la Liberté inconditionnelle de périr pour quelques dominés.

Même l'exemple de Wolf Blitzer était mal choisi puisqu'il partait de l'hypothèse que toute personne qui est sans assurance l'est par un choix irresponsable ou par manque de prudence, comme s'il n'arrivait jamais qu'on puisse être dans cette zone entre le Medicaid (pour les plus pauvres) et des assurances privées suffisantes. Or cela n'a rien de théorique (selon les estimations, entre 20,000 et 40,000 personnes meurent chaque année aux USA par manque d'assurance, une douzaine de 11/09 refoulés).

Le plus sinistre dans cette acclamation "Vive la Mort des Malades qui manquent d'autonomie !" n'est pas seulement que 60 ans de propagande ont suffi à étouffer les élans les plus élémentaires de la conscience et faire évoluer ces Tea Parties en un death panel barbare. Le Docteur Ron Paul sait bien les conséquences de ce qu'il défend comme son chef de campagne est lui-même décédé d'une pneumonie sans assurance santé, en laissant 400,000 dollars de dettes à sa famille.


Antoine Caron, Triomphe de la mort, Musée d'Histoire de la Médecine

3 commentaires:

Elias a dit…

Il faut aussi responsabiliser les enfants ... qu'ils cessent de choisir des parents qui n'ont pas d'assurance.

Elias a dit…

Susan Moller Okin, a bien montré, je trouve, que les théories libertariennes de la justice supposent un monde ou les hommes naissent adultes. En tous cas sa réductio ad absurdum de la théorie nozickéenne de la justice m'avait fortement impressionné.

Rappar a dit…

> les théories libertariennes de la justice supposent un monde ou les hommes naissent adultes.

...et égaux; ils ont tous les mêmes moyens et les mêmes héritages culturels et sociaux...

Non mais franchement, quand la théorie manque à ce point de réalisme, on ne peut en tirer que des conclusions simplistes et fausses.

Il est nécessaire de protéger les gens contre eux-mêmes, et de les empêcher de prendre des risques ; les études sociologiques montrent que les hommes sous-estiment les risques. Ainsi sont interdis les comportements à risque (ex: skier hors piste, conduire trop vite)... et les assurances habitation et auto sont obligatoires, pourquoi l'assurance-santé ne le serait pas?

Il faudrait plusieurs films "Sicko" pour faire changer les mentalités aux USA... :/