vendredi 18 janvier 2019

Aquaman (vol. 8) #25-33


J'avais parlé un peu du volume 7 des aventures d'Aquaman (2011-2016, 52 numéros) qui est d'ailleurs le run de Geoff Johns qui a été en gros adapté dans le blockbuster récent du réalisateur d'horreur James Wan (notamment les numéros 14-16, si ce n'est qu'Atlantis n'a pas vraiment le temps d'attaquer la Surface car sinon il faudrait expliquer pourquoi ce n'est pas un film avec toute la Ligue de Justice).

Ce film est très prévisible dans sa structure de quête arthurienne (avec le Trident d'Atlan à la place d'Excalibur comme arme prouvant sa légitimité et augmentant ses pouvoirs sur les Léviathans des Abysses (dommage qu'ils n'aient pas su mieux utiliser l'allusion au Roi Pêcheur qui n'est ici qu'un des princes atlantes rivaux). Cette histoire du Trident avait déjà été faite bien avant, avec le Trident de Neptune dans les aventures de Namor le Prince des Mers (The Submariner) dans Tales to Astonish #70-75 en 1966 ! Mais ce décor, la verticalité aquatique et les lumières coraliennes des Abysses rendent le film assez regardable (et c'est un bon casting de mettre ce glaçon de Nicole Kidman en Reine Atlanna). Et je vais concéder mes biais : je ne sais pas s'il existe vraiment des "fans" du personnage d'Aquaman mais j'ai l'impression d'être en tout cas un peu fan de Mera et son pouvoir d'hydrokinèse. Donc tout film qui se centre autant sur Mera ne peut qu'avoir quelque mérite. En revanche, je crois que le succès de ce film est un peu un accident et je ne crois pas vraiment à la théorie soutenue par les fans du réalisateur Snyder selon laquelle Wan serait revenu à une version plus proche de celle de Snyder. Au contraire, j'ai trouvé le film moins étouffant d'obscurité que les films de Snyder.

SPOILER SUR LE FILM (et sur Jules Verne ?)
En passant, quelqu'un d'autre que moi s'est dit que l'Île des Dinosaures où se cache Atlanna (et qui était l'île des Trolls de Feu dans la BD) avait quelque chose de l'Île Mystérieuse où se cache le Capitaine Nemo ?
Fin du Gâcheur

Dans la nouvelle série (volume 8), c'est le scénariste Dan Abnett (qui a déjà créé la version actuelle des Guardians of the Galaxy par exemple) qui reprend le personnage et il est clair qu'il a eu accès d'assez près au film en préparation car son scénario semble vraiment être une suite directe et une reprise de nombreux aspects graphiques de la cité.

Une différence, qui vient des comics, est que cette version d'Atlantis est bien plus centrée sur la Magie et moins sur la technologie. Le nouveau roi (au nom un peu moorcockien) Corum Rath est un Atlante xénophobe anti-humain et un mutant sorcier des profondeurs qui a su utiliser les pouvoirs des sorciers et des nombreuses reliques magiques pour détrôner Arthur. Corum Rath n'est donc pas le double d'Orm mais plutôt l'inverse : Orm s'oppose à Aquaman en étant le prince légitime de sang pur alors que Corum Rath l'attaque depuis la plèbe marginalisé et représente plutôt un analogue d'un populiste nationaliste.

Mera, Tula et Garth (Tempest) vivent en exil. Arthur est devenu un rebelle marginal dans les bas quartier des Abysses, là où vivent les Mutants dont une nouvelle mutante muette, Dolphin. Dans la version des années 1990, Dolphin était au centre d'un triangle entre Aquaman et Tempest (avec qui elle a même un enfant dans une continuité désormais oubliée) mais à présent elle semble jouer le rôle plutôt dans un triangle entre Aquaman et Mera.

Dans ces 8 numéros, l'histoire reprend un modèle qui ne semble pas très innovant. Aquaman semble avoir été vaincu par Corum Rath et met du temps à admettre qu'il doit reprendre le trône s'il veut lutter contre les injustices du tyran. Ah, si un détail est que son général qui semblait facho et xénophobe ne l'avait pas trahi en réalité et était resté fidèle au Roi légitime. Arthur, toujours Roi Réticent, n'admettra sa fonction que pour sauver Mera, qui tentait de le sauver de la Couronne d'Epines (le champ de force magique qui emprisonne maintenant Atlantis).

Les détails de l'intrigue un peu intéressants sont le fait que Vulko (l'ambigu ex-Grand Vizir qui tente toujours de manipuler Arthur pour ce qu'il croit être le bien d'Atlantis et qui est nettement moins ambigu dans le film) peut communiquer avec une assemblée de spectres de la noblesse atlante, et des informations sur ces Mutants comme Dolphin ou des hommes-poissons que la société atlante a refoulé dans ses profondeurs. Les Atlantes ont maintenant beaucoup plus de variété génétique que les cyanodermes chez Marvel, entre les hommes-piranhas de la Fosse ou les hommes-crabes.

Dan Abnett a aussi un peu plagié Dune (ce qui est souvent une bonne idée !) en ajoutant une nouvelle faction comme un "Ordre de Révérendes Mères" qui jouent un double jeu politique comme Vestales du Royaume Atlante.

Mais le scénario rappelle que les auteurs ne savent jamais trop quoi faire de la fonction politique d'Arthur (et c'est la même chose pour toutes les bandes dessinées d'aventure, que ce soit pour Flash Gordon, Namor, Black Bolt...). Au lieu de régner, il ne cesse de se faire détrôner (ou parfois d'abdiquer) parce que l'exercice du pouvoir ennuie les scénaristes (ou leurs lecteurs). Le Héros doit toujours être un outsider, un rebelle ou un conquérant, pas un Leader en place. Black Panther est l'une des rares exceptions où les épisodes sur le règne auront pu durer un peu (et ce fut un des intérêts encore de la série récente par Ta-Nehisi Coates que de traiter cette question politique du Héros-Roi).

L'autre intérêt de ces numéros est les dessins de Stjepan Šejić (tant regretté sur la série de fantasy Ravine) et surtout ensuite pour Riccardo Federici qui apporte une touche européenne assez originale dans son style très "Humanoïdes Associés".

En revanche, le récent Annual qui reprend une nouvelle fois l'idée de la Black Mercy d'Alan Moore de Superman Annual #11, reprise au moins dans Green Lantern vol. 4 n°7, a des dessins de Max Fiumara que je n'apprécie pas particulièrement.

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