Le Monde a un dossier qui me semble un peu mieux fait pour défendre la réforme que celui de Libération parce qu'ils affectent un ton plus neutre dans la partie de présentation (p. 8-9) et ont au moins un débat avec deux essais (p. 15, en dehors de la page d'éditorial p. 23).
La lettre collective d'historiens et sociologues (p. 15) en faveur de la réforme a un argument intéressant qui risque de ne pas être entendu, sur le contenu des programmes d'histoire, en disant qu'on a vraiment caricaturé leur présentation. Ainsi ceux qui ont résumé "Islam obligatoire, christianisme facultatif" sont de mauvaise foi (l'islam était déjà obligatoire en 5e, il s'agit seulement de la chrétienté médiévale qui est facultative, le christianisme antique reste obligatoire dans la classe précédente en 6e).
En revanche, sur le latin-grec et sur l'allemand, leurs arguments sont plus insultants. "Les défenseurs des humanités ne sont que les idiots utiles de l'utilitarisme". En gros, l'argument est de dire que toute défense de ces matières n'est qu'hypocrisie puisque les parents ne s'intéressent pas vraiment au contenu du latin-grec ou à l'allemand LV1 mais seulement à l'effet de sélection pour éviter des classes "mixtes". Ce sont des instruments pour former des classes d'élite.
Oui, sans doute, pour de nombreux parents, de même que de nombreux élèves vont vers la Première Scientifique parce que c'est la filière d'élite même s'ils détestent mathématiques et sciences de la nature et préfèreraient des sciences humaines ou des langues. Faudrait-il alors aussi ruiner les sciences parce qu'elles sont utilisées comme élément de sélection de niveau et non de discipline ?
Et si un élève voulait vraiment sincèrement étudier plus d'allemand, il faudrait l'en priver au nom du devoir impérieux que tous étudient seulement la seule option autorisée anglais-espagnol ? Cela ne me paraît pas sérieux.
Au moment où on multiplie tant d'options discutables de plus en plus de sports différenciés pour le baccalauréat, on serait suspect dès qu'on étudierait une langue plus "rare" ? J'entends sans cesse ces arguments de ma direction dans mon établissement qui lutte de fait et subrepticement contre l'Italien sous le prétexte que cela n'intéresse pas des effectifs d'une classe entière de 35 élèves.
La lettre a un autre argument curieux. "Si le latin était si intéressant, pourquoi ne serait-il pas obligatoire pour tous dans ce cas ?" Chiche. C'était jadis le cas dans la 5e du collège unique comme préparation au latin et cela avait des effets pour la grammaire (comme la différenciation du Complément d'objet direct et du Complément d'objet indirect, si indispensable dans notre langue). Mais dire "si ce n'est pas obligatoire pour tous, autant le retirer à tous" montre la réaction violente. On a d'abord défendu la réforme en disant "Mais non, elle ne s'attaque pas au latin-grec", et ensuite on change l'axe vers "Oui, et alors, à quoi bon du latin ou du grec ?" On aura reconnu l'argument du Chaudron : "Non, je ne t'ai absolument pas rendu le Chaudron cassé et de toutes façons il était déjà cassé quand tu me l'avais donné".
All the holidays, all the prices ... (and some news!)
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*The short of it is: all my games are on the cheap from now on until
January. It is the season, after all. And while I'm here, I might as well
talk a bit...
Il y a 5 heures
11 commentaires:
Phersu ministre de l’Éducation !
N'empêche qu'aussi bien l'UNESCO que l'OCDE juge notre système scolaire assez mauvais. L'amplitude entre les meilleurs et les plus mauvais n'a cessé de progresser depuis 1995 autant que si l'on en croit un expert de l'UNESCO, les plus mauvais élèves français ont un niveau plus égal aux élèves défavorisés de certains pays du sud qui eux n'ont pas eu la chance d'avoir une éducation scolaire suivie.
Si l'on veut tirer le maximum de gens vers le haut, on ne le fera ni avec de l'élitisme, ni avec du nivellement pas le bas.
Le latin c'était la matière de sélection jusqu'aux années 60 ensuite ce sont les maths qui ont remplacé. Et les programmes de maths sont ceux qui n'ont jamais été réformés ou trop peu ( et les profs de math sont ceux qui ne mettent jamais les pieds dans un CDI, où l'on voit passer même les profs de gym).
Les valeurs de l'école ce doit être, recherche documentaire, créativité, ouverture d'esprit, curiosité intellectuelle. Au lieu de formater des élèves pour les concours dès la sixième et de jeter ceux qui ont un autre mode de fonctionnement vers d'autres filières pour lesquelles parfois ils ne sont même pas fait, il y a sans doute tout une réflexion à mener.
Un sociologue canadien a dit à propos du système français " c'est un système où lieu d'aider celui qui est en train de se noyer on lui met la tête sou l'eau". Jugement dur mais réaliste.
Fabien ( qui n'a compris que très récemment comment il fonctionnait intellectuellement).
Tu es bien indulgent avec Le Monde, cher Phersu. Cela doit faire deux mois que le projet est sur la table et leurs journalistes n'ont toujours pas compris le fonctionnement des EPI : ils continuent à les présenter comme des options d'un nouveau type que les élèves choisiraient dans un panel qui leur serait proposé. Il ne s'agit de rien de tel, mais d'une modalité de travail "interdisciplinaire" des élèves sur 1 h (x2) dans leur propre classe, et sur leur horaire disciplinaire, et c'est pourquoi la plupart des élèves ne verront pas la couleur de l'EPI LCA (pour ne rien dire de l'enseignement de complément) : leur prof de français, s'il n'est pas latiniste, ne sera pas capable de l'assurer…
Quant à la coproduction TerraNova/Institut Montaigne… je suis simplement un peu triste que Benjamin Stora l'ait signé (ne serait-ce que pour avoir été nommé IG d'histoire au tour extérieur il y a dix-huit mois, il aurait dû s'abstenir de le faire).
Soit sur le fait statistique d'un accroissement des inégalités sociales. Il est scandaleux que la France devienne un pays où plus qu'ailleurs dans le monde industrialisé le niveau social des parents soit le plus important pour déterminer la réussite scolaire. Mais une hypothèse (par exemple chez Frank Lepage) est que c'est justement depuis que certaines sciences de l'éducation ont considéré qu'il fallait que les élèves fassent la synthèse par eux-mêmes au lieu d'organiser des cours que cela avantage encore plus ceux qui ont de l'aide en dehors de la classe.
Sur toutes les tendances françaises à la "courbe macabre", oui, c'est un problème légitime. Il y a de nombreux élèves créatifs qui peuvent être brisés par un système scolaire massifié. Mais des études en sciences de l'éducation montrent que les Américains qui ont des cours de self-esteem et à qui on répète tout le temps qu'ils sont formidables ne semblent pas nettement mieux réussir académiquement par la suite (en créant des erreurs d'auto-appréciation qui les rendent plus fermés justement).
Sur les maths, j'ai l'impression de réformes nombreuses également. Je crois qu'il y a de plus en plus d'algorithimique par exemple récemment.
Surtout pas ! (avoue, tu dis cela seulement parce que je me suis moqué des options plus diversifiées en sport !)
Tu as raison sur le système des EPI. Les journalistes de la rubrique Décodeurs qui ont défendu le maintien des Lettres anciennes semblent avoir trop cru au premier degré le contenu apparent que présente le Ministère.
Quant à Stora, j'imagine que le fait d'avoir reçu un tel fromage comme IG doit au contraire pousser à soutenir une réforme qui a le soutien des Conseils d'éducation.
Baudelot & Establet m'ont fait rire, comme ils avaient déjà soutenu la hausse des frais d'inscription aux Concours de l'ENS en disant que les bourgeois y étaient trop nombreux.
L'article des Décodeurs dont je parlais est là et effectivement, ils ne voient pas le problème sur l'EPI LCA.
Je ne sais pas si le système français est si mauvais que ça. Moi qui ai de la famille aux quatre coins du globe (ha ha), il me semble produire des élèves ayant une culture générale pas trop calamiteuse et plutôt bons en maths/physique. Évidemment c'est calamiteux au niveau des langues, mais on ne va pas refaire la France.
En fait le problème principal me paraît être l'incroyable hétérogénéité dans la qualité des profs davantage que les sempiternelles interrogations sur les programmes. Je vois que, d'une année à l'autre, mes enfants passent de "j'adore le français" à "je hais le français" et comme par hasard ça correspond au passage d'un prof qui incite les enfants à mener des recherches personnelles à un autre qui leur demande de lire des recueils de poésies [quand on voit l'absence de préparation des enfants à appréhender la poésie...].
Note : je ne suis pas le genre de parents à se plaindre des profs. Je ne vote pas aux élections des représentants de parents d'élèves, et je ne vais jamais aux réunions parents-professeurs. Je les laisse faire leur boulot.
Un truc que je trouve intéressant, c'est que l'argument que le latin aide d'autres branches (typiquement la grammaire), devrait être l'argument en faveur de l'enseignement inter-branche. La même différentiation COD / COI est présente en allemand qui a aussi un accusatif et un datif.
De fait l'enseignement des langues séparé est particulièrement idiot, l'anglais est dans une large part un mélange de français + allemand.
Le principal problème c'est que dans mon expérience, les profs (surtout en langues) ne sont pas très bon pour construire ces ponts, vu qu'ils sont issus d'un système à silos…
Oui, toutes les langues à désinences sont utiles pour cela et l'allemand aurait d'ailleurs d'autres intérêts (ne serait-ce que comme condition d'accès à la philosophie ou à la philologie). Toute langue quelle qu'elle soit doit apprendre autant de choses que le latin là dessus - et après tout on peut se mettre au sanskrit pour avoir encore plus d'analyse grammaticale.
Mais sans le latin, les élèves seront encore plus coupés aussi de l'histoire ou de la lecture d'auteurs comme Montaigne qui deviendront encore plus complètement exotiques. Mes collègues médiévistes disent que même avec un cours d'initiation au latin en Licence, ils ont de plus en plus de mal à trouver des gens pour lire des textes médiévaux sans traduction. On va donc revivre l'expérience qu'on avait avant la Renaissance et être plus coupés des sources originelles.
Les tests internationaux (du type PISA, même si on les instrumentalise ensuite) sont cruels en maths. Il y aurait une tête de classe excellente mais elle est assez petite par rapport aux autres pays industrialisés.
La Chine (en fait, Shanghai) est en revanche entrée directement en tête de ce classement.
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