mercredi 20 mai 2015

La Place de Grève


C'est banal, mais je ne m'étais jamais dit auparavant que l'Iliade n'est pas seulement une histoire de guerre, c'est l'histoire d'une grève.

Le récit fondateur de notre littérature est une grève face au combat, même si l'enjeu n'est pas "social".

Dans une société d'honneur par la vaillance martiale, cela ne va pas de soi de passer de la Vengeance à la Grève par bouderie. Norbert Elias y verrait peut-être un début de civilisation dans la rétorsion ou l'intimidation (même s'il y a un élément de vengeance quand Achille demande à Thétis que les Grecs essuient des défaites tant qu'il refusera de se battre).

C'est une grève qui réussit d'ailleurs, même si c'est de manière ambiguë, Achille récupérant Briséis mais en perdant Patrocle - et il y aura un autre exemple de Grève spectaculaire contre la Guerre dans Lysistrata d'Aristophane, grève d'Aphrodite contre les activités d'Arès.

La Bhagavad-Gita (dans le Mahabharata) est à l'inverse un récit où l'Absolu vient exiger qu'on endosse sa fonction sociale sans états d'âme et qu'on n'aille pas dans le renoncement.

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