lundi 4 août 2025

Une histoire de Gwen Stacy (4) 1969

 


Esquisses par John Romita Sr., date inconnue

Même si le "triangle" avec MJ n'est plus présent en 1969, cela ne signifie pas que Stan Lee et John Romita vont abandonner le thème de la jalousie, qui devient même encore plus central. Il ne faut pas croire Gwen quand elle dit : "I don't have a jealous bone in my body". 

 

Les épisodes 68-70 sont une série sur le campus où les étudiants d'ESU manifestent pour obtenir des internats pour les boursiers. Peter dit avoir de la sympathie avec eux "sur le fond" mais ne va jamais s'impliquer et va même désapprouver leurs méthodes d'occupation. On voit là un certain paternalisme "libéral" de Lee et il veut toujours jouer sur les deux tableaux en semblant "relevant" tout en craignant de s'aliéner des lecteurs plus conservateurs. Mais peut-être est-il sincère dans son hésitation. L'histoire feint en tout cas de penser qu'il n'y a pas de conflit réel et que la direction de l'Université ne vise que l'intérêt des étudiants. Peter se dit si occupé par son activité de superhéros qu'il affiche une certaine abstention politique dans cette période, ce qui lui est souvent reproché par Randy Robertson, le fils de Joe, et même par Gwen. 

Romita ne doit pas tellement aimer le côté lisse des cheveux platine de Gwen s'il n'interrompt pas avec quelque chose. Le hairband est remplacé ici pendant ces numéros par des lunettes de soleil.  


Cette case montre que la thèse souvent répétée que Gwen était juste "gentille" et sans relief est une exagération. Devant le poste de police, quand un étudiant dit que son petit-ami Peter Parker n'est qu'un lâche pour ne pas avoir participé aux manifestations contre la direction de l'ESU, elle s'énerve et lui casse la figure. Son père lui demandera ensuite si c'est parce qu'au fond elle a des soupçons sur l'engagement de Peter. 

Quand elle est face à Peter, elle finit par lui faire les mêmes reproches : pourquoi s'enfuit-il tout le temps dès qu'il y a du danger ? Même si elle n'imagine pas d'identité secrète, elle pense que cela cache quand même quelque chose. Comme lors de leur crise sur la mise en accusation de son père, Peter, cliché masculin, est très mauvais pour se justifier ou pour communiquer. La moindre critique de Gwen le remet face à ses propres insécurités.  

Dans les numéros suivants, John Romita Sr prend ses distances pour quelques temps d'Amazing Spider-Man pour devenir art director de Marvel (il créera le comic strip de Spider-Man en 1977). Il est remplacé par John Buscema (même si Romita et l'encreur Jim Roomey continuent de travailler avec lui). 

Buscema, dessinateur de des Avengers et du Silver Surfer, n'aimait pas travailler sur ce titre qu'il trouvait sans doute trop réaliste ou "urbain" et il n'y fut jamais aussi à l'aise que Romita qui lui fournissait les scripts par téléphone. 

On remarque ici un des rares commentaires positifs de Gwen sur Spider-Man (qui vient de sauver le Captain Stacy contre le Shocker) : "Spider-Man is... different! For all his power... his mystery... He's somehow fascinating.

Le thème des disputes entre Gwen et Peter va devenir plus réaliste et sans passer par des histoires d'amnésie de son père comme l'année précédente

Flash revient en permission du Vietnam et Peter continue de lui en vouloir pour les années de harcèlement au lycée (et Peter laisse même entendre son opposition à cette guerre). Gwen s'irrite de sa jalousie. 


Stan Lee revient aux tropes du tout début (de 1966) : Peter se renferme sur lui-même et Harry Osborn (qui porte une "moustache de Fu Manchu" dont il prétend qu'elle plaît beaucoup à Mary Jane) le trouve redevenu asocial. Gwen doit le défendre à nouveau. "The man is uptight! He needs help... not hostility". 


C'est à peu près à ce moment qu'aurait dû s'insérer cette charmante esquisse abandonnée d'histoire par John Romita (qui tentait de recycler Spectacular Spider-Man n°1, elle est reproduite dans le Marvel Masterworks Amazing Spider-Man vol. 9). On y voit Gwen et son père parler de la campagne pour l'élection municipales de New York. 

 

La même année 1969, Gwen Stacy apparaît aussi dans un épisode de Marvel Superheroes n°14. C'est dessiné par Ross Andru, qui sera le successeur de John Romita Sr. quatre ans après pour un long run. Dans cette scène (qui ressemble plutôt à la continuité de la fin de l'année 1967), MJ et Gwen sont au chevet de Peter et Ross Andru a à nouveau dessiné dans le style de Steve Ditko ou du début de la reprise par Romita. On remarque que le détail du serre-tête de la version Romita a considérablement modifié les traits de Gwen.


Mais revenons à la continuité. 

C'est au tour de Gwen de devenir jalouse : si Peter est si souvent absent, est-ce parce qu'il voit quelqu'un d'autre ? 


Cela va conduire Gwendy à aller poser des questions sur Peter à... Flash. Il n'est pourtant pas la meilleure personne indiquée. 

Peter les surprend au Coffee Bean alors qu'elle ne lui avait pas parlé de cette rencontre et qu'il la croyait avec son père. 

L'année 1969 se termine donc à nouveau par une rupture entre Peter et Gwen, mais initiée par Peter sur un quiproquo qui pour une fois n'a rien de surnaturel ou de lié à son métier de superhéros. 


Aucun commentaire: