dimanche 14 septembre 2025

Politique népalaise

Le Népal a 30 millions d'habitants (à peu près la population actuelle de l'Ukraine depuis qu'ils ont perdu 10 millions de réfugiés) dans un territoire grand comme le Bangladesh. 81% de la population est hindoue (surtout "shivaïste"), 9% bouddhiste, 4% musulmane. 

La Chute de la Monarchie en 2006-2008

Malgré l'indépendance de l'Inde, le Népal était resté une monarchie absolue jusqu'en 1990 où le Roi dut accepter le multipartisme. La situation politique resta très violente avec une guerre civile permanente et des soulèvements de Maoïstes népalais. 

En juin 2001, le Prince héritier, ivre, aurait assassiné ses parents et se serait finalement suicidé, même s'il reste des zones d'ombres sur cet étrange massacre de la famille royale. 

Son oncle Gyanendra (né en 1947) hérita de la couronne. Il fut le dernier Roi du Népal mais dut abdiquer après seulement cinq ans de règne, après la Révolution pacifique de 2006-2008 qui instaura la République du Népal. 

Bien qu'une grande partie de la fortune de l'ancien Roi Gyanendra a été nationalisée par la République, Gyanendra reste un des hommes les plus riches du pays et possède à la fois des biens immobiliers, des hotels et des actions dans de nombreuses entreprises. 

La Crise ethno-nationaliste de 2015-2017 

Au sud du Népal, à la frontière avec l'Inde, ceux qu'on appelle les "Madheshi" ("ceux du milieu") formeraient environ un tiers de la population, dans les régions frontalières avec l'Inde (Province du Bihar). Ils accusent le Parlement de la nouvelle République de les marginaliser dans le découpage des provinces par rapport à la majorité des Népalais des régions montagneuses. Ils appellent à un boycott des élections. 

Après le tremblement de terre d'avril 2015, la crise se développe. Un mouvement madheshi organise alors un blocus des camions apportant le carburant au pays et l'Inde de Modi semble apporter son soutien à ce mouvement de blocage des transports et de toutes les usines. Le gouvernement népalais accuse les Madheshi d'être des agents indiens et tente de faire venir le carburant par la Chine. Les difficultés d'approvisionnement accroissent une crise humanitaire du pays et les tensions entre le Népal et l'Inde.  

Les élections 

Les élections népalaises sont un mélange de scrutin uninominal à un tour comme en Angleterre et d'une dose de proportionnelle. Les trois principaux Partis du Népal sont le Parti du Congrès (centriste, social-démocrate) et deux Partis maoïstes : le Parti Communiste du Népal (Centre Maoïste) et le Parti Communiste (Unifié Marxiste-Léniniste). Le Centre Maoïste était premier pendant la Constituante de 2008, le Parti du Congrès avait été premier de peu aux élections de 2013 mais aux élections suivantes en 2017, le Parti Communiste (Unifié Marxiste-Léniniste) gagne plus largement avec plus d'un tiers (le Parti représentant les Madheshi a moins que 5%). 

KP Sharma Oli, Secrétaire du Parti Communiste (Unifié Marxiste-Léniniste) redevient Premier Ministre dans plusieurs gouvernements de coalition de 2018 à 2025 (y compris avec le Parti monarchiste). La Présidente de la République Bidya Devi Vhandari vient du PC (UML) et elle est remplacée en 2023 par le Président Ram Chandra Poudel (Parti du Congrès). 

La Révolution des Génération Z

Le Népal est un pays jeune : l'âge médian est 25 ans. On assiste alors à ce qui doit être une des premières révolutions "mondialisées" de ce qu'on appelle la Génération Z. 

Le début de l'année 2025 est marqué par des émeutes à Kathmandu qui viennent d'abord de la droite hindouiste et monarchiste qui réclame une restauration du Roi Gyanendra, renversé en 2008. 

Mais progressivement, le mécontentement monte au-delà de la droite contre la corruption des élites au pouvoir et la hausse des inégalités (même si le coefficient de Gini du Népal reste relativement bas). Les réseaux sociaux népalais attaquent notamment la richesse des enfants des cadres du nouveau régime.  

Le 4 septembre, le gouvernement de KP Sharma Oli veut fermer l'accès aux réseaux sociaux. Plusieurs partis, y compris dans la coalition au pouvoir, condamnent cette censure d'Internet. 

Les jeunes Népalais se concentrent alors sur des forums de Discord (un réseau social surtout connu pour ses forums de jeu vidéo). Le symbole de ces protestataires est le chapeau de paille de pirate dans le manga One-Piece. Les manifestations et la répression deviennent plus violentes. 

Le 9 septembre, les émeutes deviennent une révolution. Les ministres des différents partis sont attaqués et violentés (l'ancien Premier ministre Deuba, du Parti du Congrès, est blessé avec son épouse). Leurs demeures et le Parlement sont incendiés. Mais le nombre de victimes dans les deux camps ne dépasserait pas quelques douzaines pour l'instant. 

L'Armée joue un rôle ambigu. Après avoir réprimé les premiers mouvements, elle semble de plus en plus faire pression sur le gouvernement et celui-ci renonce finalement et donne sa démission au Président. Les Monarchistes agitent alors l'idée d'un retour du Roi Gyanendra. 

Des centaines de milliers de jeune Népalais vont sur Discord pour se choisir un nouveau Leader par un scrutin Internet.  La Juge Sushila Karki est choisie comme nouvelle Première Ministre par Discord. Le Président Ram Chandra Poudel et l'Armée acceptent ce choix. Le Parlement est dissous et elle devient Première Ministre par interim. Elle a annoncé ne rester en place que jusqu'aux élections prévues dans 6 mois en mars 2026. 

Sushila Karki (née en 1952) est une Magistrate connue pour sa lutte d'abord contre la monarchie absolue dans les années 1990 et contre la corruption depuis l'instauration de la République. En 2015, les différents Partis (à la fois le Congrès, dont elle vient, et les Maoïstes) avaient tenter de la destituer de son poste à la Cour Suprême pour l'empêcher de mener des enquêtes sur certains de leurs membres mais elle était ensuite devenue Présidente de cette Cour Suprême avant de devoir démissionner de son poste en 2017 pour avoir atteint l'âge limite de 65 ans. Elle était donc devenue depuis un symbole de la crise du nouveau régime. 

Edit : 

Ajout sur la religion népalaise 

D'après ce site, l'Hindouisme shivaïste des "Khas" (les peuples indo-iraniens du Nord qui forment la majorité relative des Népalais par opposition aux Terai & Madheshi) ont une culture hindoue appelée Masto et une des spécificités est l'adoration de 12 divinités fils de Shiva, les 12 "frères" Masto qui sont liés à divers sites sacrés et à des cultes animistes des ancêtres : Adi Masto, Khappar Masto, Babiro Masto, Rumal Masto, Kala Masto, Dhadare Masto, Tharpa Masto, Bani Masto, Kaba Masto, Mandali Masto, Dudhe Masto  & Darhe Masto. Le "jhankri" est un shaman qui invoque et incarne un des Masto. Il y a aussi (au moins) 9 Déesses comme aspects de la Grande Déesse Durga : Malika/Kalika, Tripurasundari/Bhawani, Khesmalini / Sunnada, Pungelni/Kanaka/Sundari, Kanaka, Sundari/Malika, Jalapa/Jalpa, Thingyalni/Alanakannada, Himalini/Tripurasundari & Bindhyabasini/Ugratara. 

L'Hindouisme des populations Newar de la vallée de Katmandou est aussi shivaïste mais de tendance mystique de la Main Gauche avec des influences bouddhistes (et à l'inverse leur bouddhisme a moins rejeté le système des castes et a gardé une caste sacerdotale).  

2 commentaires:

賈尼 a dit…

À l’époque de l’assassinat-suicide la rumeur était que c’était l’oncle qui avait tout manigancé.

Phersv a dit…

Oui, cela paraît plausible en effet.