Dan Abnett et Andy Lanning (qu'on surnomment juste DnA) signent tellement de titres en co-scénaristes qu'il est parfois difficile de se souvenir qu'il s'agit de deux individus distincts et j'ai une tendance à les imaginer comme une sorte de créature bicéphale Abnettlanning (même si à l'origine Abnett était l'écrivain plus prolifique et Lanning davantage un encreur). Après leurs nombreux comic-books en Angleterre dans 2000AD ou chez Marvel UK ou les romans d'Abnett pour les univers de Games Workshop, ils ont notamment créé Resurrection Man chez DC en 1997-1999 et reprirent ensuite brièvement la Légion des Superhéros en 2000-2004. Puis ils partirent chez Marvel où ils écrivirent surtout des séries spatiales (Nova, Guardians of the Galaxy, etc.). Depuis juillet 2011, ils ont notamment repris chez Marvel les New Mutants (au #25) mais ont en même temps relancé Resurrection Man chez DC. Et depuis le mois dernier, ils ont en plus un nouveau titre chez Boom! Studios !
New Mutants (vol. 2) #46 (Marvel Comics)
L'histoire paraît assez peu originale avec un nouveau voyage dans le temps où un des membres va devenir un supervilain omnipotent dans un futur possible (par coïncidence, Avengers Academy vient aussi de faire la même histoire). Le groupe lutte contre une version de Cypher/Warlock qu'on avait déjà aperçu dans le Futur de New Mutants Annual #6 (1990) : ici, ce ne sont donc pas les Sentinelles qui sont à craindre mais le Virus Transmode de la Technarchie où "Douglock" est devenu le Magus technarchique. L'ennui avec tous ces remakes de Terminator est qu'on a encore plus de mal dans les comics à craindre un Futur possible (dont on sait qu'il sera évité) qu'une Mort actuelle (dont on sait qu'elle ne sera que temporaire). Quand le Cannonball du futur laisse penser que Danielle va mourir, il est difficile d'en tirer la moindre émotion comme les Nouveaux Mutants (que ce soit Cypher ou Magik) meurent de multiples fois.
Resurrection Man (vol.2) #11 (DC Comics)
Au moins avec ce personnage, on ne peut pas faire le même reproche de revenir sans cesse, puisque c'est justement son pouvoir. Mitchell Shelley est un être humain qui suite à une expérience militaire a acquis le pouvoir de se régénérer et de revivre avec un nouveau superpouvoir à chaque fois qu'il "meurt".
Dans le #9 lors de son dernier décès, il est justement devenu une sorte de créature de métal liquide (décidément, Terminator a marqué). Et ici, il revient vers la ville qu'il croit être celle de sa naissance pour en savoir plus. Et il y retrouve son ancien allié Hooker, qui a subi une variante du même pouvoir (si ce n'est qu'il "ressuscite" sans aucune régénération et devient donc plutôt une forme de zombie monstrueux). Bien entendu comme tout officiel du Gouvernement US des médias depuis trente ans, Hooker est prêt à tout pour découper Shelley en morceaux et lui arracher son immortalité.
Le problème de Resurrection Man est qu'il n'évite pas vraiment l'aspect répétitif de certaines séries TV avec des Fugitifs : Shelley s'enfuit, il se fait capturer (en ce moment par la Méchante Organisation Gouvernementale) et/ou tuer, il ressuscite avec un nouveau pouvoir et s'enfuit à nouveau. Il manque encore un vrai but ou un thème qui permette de ne plus donner cette impression d'une structure mécanique, mais au moins les scénaristes ont réussi à donner l'impression que ce cycle pourrait s'arrêter : dans le numéro précédent, le Ciel et l'Enfer ont tous les deux attaqué Shelley pour sa déplorable tendance à ne pas mourir et il leur a demandé le temps nécessaire pour comprendre ses vraies origines avant de périr enfin.
The Hypernaturals #1 (Boom! Studios)
Les Hypernaturels sont un groupe de superhéros dans un lointain futur (seulement daté comme "An 100 après le Quantinum" mais l'Humanité a eu le temps de se répandre à travers la Galaxie, on doit donc être dans plusieurs siècles au minimum). Avec cette description, on se dit immédiatement qu'Abnett & Lanning vont donc reprendre de manière non-officielle leur propre version indépendante de la Légion des Superhéros dont ils avaient été renvoyés en 2004 (et toute leur version avait été effacée comme trop "sombre" et n'ayant jamais eu lieu).
Ce qui caractérisait le plus leur run sur la Légion avait été en effet un traitement un peu plus sinistre des pouvoirs. Dans un univers où des planètes entières d'humanoïdes partagent un superpouvoir, il était tentant d'en instrumentaliser certains aux pouvoirs plus profitables. Les Téléporteurs notamment s'étaient donc faits cloner pour être mieux asservis comme des moyens de voyage dans l'espace.
Mais pour l'instant, même si ce premier épisode a quelques liens visibles avec la Légion (et même un peu de son "argot"), Abnett & Lanning ne semblent pas aller dans une direction si dystopique qui leur avait été reprochée par DC. En revanche, ils insistent bien plus que la Légion sur un dépaysement de Science-Fiction transhumaniste à la Grant Morrison. On est après la Singularité et les Nanomachines sont partout, ce qui explique en partie que les superpouvoirs soient aussi diffusés - même si tous les pouvoirs ne sont pas encore égaux. L'Humanité n'a rencontré dans toute la Galaxie aucune espèce extraterrestre en dehors de quelques ruines d'un peuple inconnu appelé les Nephilim. Le Quantinum (l'Internet Intelligent qui se communique dans l'Univers) est adoré comme un Dieu (ce qu'il est, en un sens). Les Hypernaturels sont un groupe qui sert des sponsors de la Société du Spectacle et les Intelligences artificielles du Quantinum pour des mandats de Cinq Ans (comme les missions dans Star Trek).
Le numéro commence avec l'équipe entière qui semble avoir été détruite. Bewildered (Creena Hersh, hypervitesse) doit reformer une nouvelle équipe, avec l'aide de Thinkwell (Poul Indersun, hyperintelligence, allusion à Brainiac 5 et à Brain Wave, 1953 de Poul Anderson) et bientôt sans doute l'ancien membre renvoyé Clone-45 (Hatch Groman, hyperforce et hyperinvulnérabilité, comme Ultra-Boy). Elle reprend de jeunes membres, Shoal (Oz Sheppard, essaim de strangelets) et Halfshell (Deedee Cadiz, cyberarmure). Les scénaristes ont décidé de commencer assez petit avec un groupe aussi restreint qui les oppose à la Légion.
Le premier épisode a été critiqué comme assez traditionnel mais il va falloir un peu de temps pour installer l'univers du Quantinum. Et on espère que DnA pourront mieux se délasser dans ce titre sans tout le bagage de la Légion ou d'un univers DC, même s'ils sont particulièrement habitués à utiliser un univers partagé qu'ils n'ont pas créé.
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