samedi 21 juillet 2012

Super-Kinks



Les Inrockuptibles ont consacré un numéro spécial aux superhéros et énumère dix chansons qui évoque ces personnages. C'est un des marronniers d'Internet. Il y en avait 20 sur Buzzfeed et un autre Top Ten il y a cinq ans. Le blog When We Are Earth-4 avait proposé aussi des chansons seulement sur les personnages DC. Et cette liste ne porte que sur Superman.

Les Kinks, le célèbre groupe britannique des frères Davies, ont utilisé plusieurs fois des allusions à des personnages de comic books, mais il faut reconnaître qu'elles sont souvent très indirectes, voire détournées.

En 1968, ils donnent le titre de "Johnny Thunder" dans l'album The Kinks Are The Village Green Preservation Society, mais la référence au vieux personnage des années 40 de DC Comics paraît très vague, peut-être plus sur la sonorité qu'autre chose.



Mais ils n'en restent pas là puisque 5 ans après, ils réutilisent le même nom dans la chanson "One Of The Survivors" dans Preservation: Act 1 (1973), qui présente ce Johnny Thunder comme un motard amateur du rock des années 50.



Dans le même album, Here Comes Flash n'a sans doute rien à voir avec le superhéros du même nom (et peut-être plus avec le personnage humoristique Flashman).

En 1979, dans l'album Low Budget, les Kinks ont plusieurs chansons qui réutilisent les superhéros de manière mélancolique.

"Catch Me Now I'm Falling" a Captain America se plaignant du déclin des Etats-Unis et de l'ingratitude des alliés. Certains Américains aiment beaucoup ce second aspect et prennent la chanson avant tout comme une dénonciation des Occidentaux et un vrai appel à la solidarité. Le site déjà cité de Rooktopia dit même que la chanson doit être appréciée de manière non-ironique (un peu comme une célèbre chanson de 1967 au premier degré de Sardou). Je reste hésitant. Les Kinks sont bien entendu des valets de l'impérialisme comme tout le Rock (et les comics) par essence (là, ça va troller dans les commentaires) mais on pourrait aussi y trouver (surtout avec l'humour de Davies) un commentaire plus cynique. Le héros Captain America en Oncle Sam désabusé y paraît aussi pathétique et plein de ressentiment. Et le ton si détaché sur la Chute des USA (la chanson est curieusement joyeuse parfois) devrait quand même un peu gêner l'interprétation précédente. J'ai plutôt l'impression qu'ils jouent sur ce thème qui devait être si courant

Ce clip YouTube réalisé récemment par un amateur (et donc encore pleine d'imagerie du 11 Septembre) relève justement de la première interprétation.


Le même album a "Wish I Could Fly Like Superman" qui utilise à nouveau le thème du superhéros comme un fantasme inversé par rapport à la vie réelle ("I'm too weak, I'm so thin // I'd like to fly but I can't even swim"). Comme pour Captain America dans la précédente, le superhéros chez les Britanniques a quelque chose de ridicule et un symbole d'échec. Les Européens ont un problème avec la métaphore du superhéros.



[En passant, le groupe canadien Our Lady Peace a encore utilisé Superman dans le même sens dans Superman's Dead en 1997.



Le thème de la mort de Superman à la place de la mort de Dieu est un thème fréquent. Un autre groupe canadien, Crash Test Dummies avait réalisé en 1991 un dithyrambe funèbre de Superman mais avec plus d'affection.]

Pour en revenir aux Kinks, même la chanson Plastic Man (1969) qui a l'air si joyeuse (les Kinks l'avaient écrite en partie pour avoir un "succès facile") est assez cruelle sur un homme dont la malléabilité représenterait l'artifice et l'hypocrisie :

Plastic Man got no brain,
Plastic Man don't feel no pain,
Plastic people look the same.

Kick his shin or tread on his face,
Pull his nose all over the place,
He can't disfigure, or disgrace.

He's got a Plastic Wife who wears a plastic mac,
And his children wanna be plastic like their dad,
He's got a phony smile that makes you think he understands,
But no one ever gets the truth from Plastic Man.




1 commentaire:

Anonyme a dit…
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