jeudi 7 août 2025

Une histoire de Gwen Stacy (7) : 1972


John Romita, Official Handbook of the Marvel Universe, 1982

Nous arrivons à l'année 1972, l'avant-dernière année des aventures de Gwen Stacy

Quand Harry revient de son hospitalisation après son overdose (Amazing Spider-Man n°105), ses amis lui font une fête. Peter est scandalisé que Mary Jane continue de lui faire des avances insistantes alors que Harry est encore convalescent et instable. Il rappelle à MJ qu'il est avec Gwendy. La MJ de 1971-1972 est décidément peu sympathique et cela prouve que Stan Lee ne préparait pas une transition pour qu'elle devienne le nouveau centre de la vie sentimentale de Peter. 

John Romita Sr est revenu aux dessins après la période Gil Kane (au #106) et les vêtements des personnages commencent à faire très années 70...  

Gwen se fait du souci pour l'état de Flash Thompson, revenu du Vietnam (les Accords de Paris ne seront signés qu'en janvier 1973 et ce sont les dernières offensives de l'armée US pendant l'année 1972). Bien sûr, dans l'histoire actuelle de l'histoire de Spider-Man, Flash est revenu d'Afghanistan. 

Stan Lee va donc recycler l'intrigue de jalousie ancienne de Peter de la fin 1969 (The Amazing Spider-Man 78-79). Peter est toujours un peu irrationnel dès qu'il s'agit de son ancien harceleur.  


 Certes, Flash est attiré par Gwen mais cela n'a jamais été réciproque. Ici, Flash garde un secret sur un crime de guerre auquel on l'accuse à tort d'avoir participé et c'est une version très censurée et métaphorique des crimes réels comme M Lai

Gwen demande encore à Peter de ne plus l'abandonner sans cesse (#108).  

 

Pour partir sauver Flash, Peter s'en sort à nouveau (#109) par la même ruse qu'il avait utilisée face à Gwen et le Capitaine Stacy (dans The Amazing Spider-Man n°86, juillet 1970) : il fait croire qu'il est "enlevé" par Spider-Man. C'est une ruse efficace mais à double tranchant. 

Stan Lee tend donc ici à se répéter. Gwen commençait à admettre que Spider-Man n'était peut-être pas responsable de la mort de son père mais elle voit encore une fois Peter sembler subir des violences de l'homme masqué. Comment pourrait-elle éviter de maintenir son aversion envers l'Araignée ? 

Gwen, inquiète après ce qui semble être l'enlèvement de Peter, fait un transfert un peu curieux de sa colère. Elle réprimande assez violemment la pauvre Tante May en l'accusant de trop le "materner" ou l'infantiliser (#109). On croirait presque une rivalité épouse / belle-mère et cette scène a dû beaucoup nuire à l'image de Gwen par la suite en donnant une image "d'hystérie" : "I know he's you nephew! I know how you love him... because I love him too! But it's Peter Parker, the MAN that I love. When will you let him go? When will you... ? Oh! I... I'm sorry! I shouldn't have spoken to you that way! I have... no right". 

Les fans peuvent pardonner le trope où Gwen n'aime pas Spider-Man mais peuvent-ils pardonner qu'elle ait été hostile (le temps d'une case) envers... Tante May


 C'est à ce moment que Stan Lee va partir du titre après le n°110 (juillet 1972). Roy Thomas et lui ont choisi comme successeur un  jeune scénariste de 19 ans (le même âge que Gwen & Peter), Gerry Conway, qui va rester pendant 40 numéros, du n°111 au n°149 (octobre 1975). 

La Tante May disparaît pour quelques temps pour laisser plus d'autonomie à Peter (mais elle est partie s'installer chez le Docteur Octopus). Peter est de plus en plus jaloux de Flash et Gwen culpabilise pour ses paroles. 


 Gwen explique d'ailleurs à Flash (#112) que son hostilité envers Spider-Man dépend maintenant plus de son inquiétude envers Peter. 

Le professeur Miles Warren l'appelle sur le campus de ESU pour lui demander des nouvelles de Peter et Gerry Conway n'a probablement pas encore décidé d'en faire un jour un super-pervers obsédé par Gwen car il dit qu'il ne savait même pas qui était le Chacal à sa première apparition (n°129). Mais en tout cas, le Dr Warren n'est plus dessiné de manière aussi sympathique que lors de ses premières apparitions, ce qui traduit aussi une érosion des "figures d'autorité" dans ces USA après les mouvements de contestation et l'Affaire du Watergate (juin 1972). Après la mort de Gwen, Warren fait part de son irritation à Peter mais uniquement sur ses absences (n°127) et il prétendra plus tard (dans le n°149) que son sentiment pour Gwen n'était que "protecteur". 

 


Quand Flash se moque stupidement des troubles de santé de Peter (le médecin lui a diagnostiqué un ulcère du duodenum), elle s'emporte contre lui et on pourrait donc croire que cela va enfin mettre fin au nouveau pseudo-triangle Peter-Gwen-Flash.  On remarque que la phrase de Gwen ("One of him makes twelve of you") est presque une citation de ce qu'elle avait déjà dit face aux étudiants dans The Amazing Spider-Man n°69 ("He could be half the man he is and still make ten of you!")

 Quand la Tante May est enfin retrouvée au #115, Gwen peut lui présenter ses excuses mais May (qu'Octopus n'avait pas forcée à venir) décide de rester dans cette maison du Dr Octavius au nord de New York City dans le comté de Westchester (Marvel est si manhattanocentriste qu'ils semblent croire que tout l'Etat de New York se réduit à ce comté). Je n'ai jamais bien compris cette histoire : Peter ne peut-il pas expliquer à May qu'Octavius (le vrai assassin du Captain Stacy) est un criminel condamné même sans compromettre son identité secrète ?


 Comme on le voit, l'année 1972 n'a pas été très bonne pour Gwen. Gerry Conway la montre presque moins que Flash (!) et quand il le fait, c'est à nouveau comme une angoissée trop nerveuse. Toute la dispute avec May paraît un peu artificielle comme Peter vit déjà hors de la maison de May et qu'elle ne le couve plus tant que cela. Certes, Peter donne presque raison à Gwen en semblant en état de choc quand il apprend que May ne compte pas revenir dans le Queens. 

4 commentaires:

Unknown a dit…

Uun vrai feuilleton à l'eau de rose!

Phersv a dit…

Le comic book de superhéros, c'est du Soap Opera, avec un peu de sf.

賈尼 a dit…

Contrairement à toi, c’est justement ça que j’aime dans les comics de super-héros... d’où ma préférence pour l’Araignée et Daredevil, alors que les FF ou (pire encore !) le Silver Surfer m’ennuient mortellement.

Phersv a dit…

Ah, non, j'aime beaucoup le Soap Opera aussi ! Sinon, je ne consacrerais pas 8 jours sur Gwen Stacy !

C'est plutôt le 'Film Noir' que je n'aime pas tellement dans Spider-Man ou Daredevil. Le Kingpin, par exemple, je m'en fiche un peu et je n'aimais pas tellement les tons sombres de Gene Colan sur Daredevil.

La version de Daredevil de 2011-2014 par Mark Waid qui jouait très bien sur les couleurs et les sensations pour s'imaginer comment Matt "voit" le monde était très belle.