Augustin d'Hippone laisse penser dans un passage curieux des Confessions (VI, 3) que son maître Ambroise de Milan aurait été le premier à "lire dans sa tête" sans murmurer ou psalmodier publiquement les mots qu'il lisait. Nietzsche y voit une forme d'instauration de la conscience chrétienne (Par delà le Bien et le Mal, §247 L'Allemand n'écrit plus que pour les yeux alors que les Anciens écrivaient pour l'oreille).
Si cette origine était vraie (ce qui est très douteux, comme l'ont fait remarquer les classicistes Gavrilov et Burnyeat, contrairement à Alberto Manguel qui perpétue cette légende dans son Histoire de la lecture), il faudrait imaginer dans ce dialogue silencieux de l'âme avec elle-même une sorte d'invention "technique" du IVe siècle de notre ère, au moment même où Augustin allait jeter les bases de l'histoire de la "Subjectivité" occidentale (si du moins il ne faut pas relativiser aussi sa place dans cette histoire, selon Alain de Libéra dans son Archéologie du sujet).
Si cette origine était vraie (ce qui est très douteux, comme l'ont fait remarquer les classicistes Gavrilov et Burnyeat, contrairement à Alberto Manguel qui perpétue cette légende dans son Histoire de la lecture), il faudrait imaginer dans ce dialogue silencieux de l'âme avec elle-même une sorte d'invention "technique" du IVe siècle de notre ère, au moment même où Augustin allait jeter les bases de l'histoire de la "Subjectivité" occidentale (si du moins il ne faut pas relativiser aussi sa place dans cette histoire, selon Alain de Libéra dans son Archéologie du sujet).
Le neurologue Oliver Sacks raconte l'histoire d'un homme qui a réappris à lire par ses gestes.
L'écrivain Howard Engel avait eu un matin une crise épileptique partielle et il n'arrivait plus à reconnaître les mots écrits (une forme de syndrome de Dejerine). Il était devenu une sorte d'aveugle aux mots sans être encore (comme certains dyslexiques) aveugle aux significations. Mais lorsqu'il écrivait, il pouvait à nouveau interpréter les signes que sa propre main produisait ("alexie sans agraphie").
L'écrivain Howard Engel avait eu un matin une crise épileptique partielle et il n'arrivait plus à reconnaître les mots écrits (une forme de syndrome de Dejerine). Il était devenu une sorte d'aveugle aux mots sans être encore (comme certains dyslexiques) aveugle aux significations. Mais lorsqu'il écrivait, il pouvait à nouveau interpréter les signes que sa propre main produisait ("alexie sans agraphie").
Howard Engel a donc appris à recopier les signes vus en les traçant avec sa langue sur son palais. Il doit donc faire un travail de retraduction silencieuse de ce que son cerveau ne comprend plus, en incorporant les lettres sur la tablette dans sa propre bouche. Cette annotation "orale" lui permet de lire à nouveau à une vitesse proche de celle que lui donnaient ses yeux. L'écrivain a profité de la plasticité et de l'adaptabilité du cerveau humain qui peut reconstituer la même fonction par d'autres voies que celles qui ont été blessées.
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