Dans les pays d'Afrique après les années 1990 (ce qui coïncide plus ou moins au discours de la Baule, même si le rapport n'est peut-être pas causal), il y avait eu de nombreuses élections multipartistes mais la plupart ont ensuite été aussi des échecs et des retours à l'Ordre autocratique.
Mais comme le disait Kant juste avant la Révolution française, aucun peuple ne peut devenir libre sans courir le risque de se tromper. Tant qu'on dit qu'on n'est pas encore prêt pour la liberté, on nie qu'on le sera jamais. Même en cas d'échec sanglant ou d'une théocratie pire que la dictature, on ne voit pas vraiment comment on pourrait passer un jour à une éventuelle démocratie sans passer par ces étapes. Les théocrates perdront de leur prestige une fois qu'ils auront été au pouvoir, même si ensuite il peut être très long de s'en défaire.
Vers l'an 500, le roi perse sassanide Kavadh, influencé par l'hérésiarque mazdéiste Mazdak, avait déjà eu une (brève) expérience végétarienne communiste. On en retrouve peut-être des traces dans le "Qarmatisme" 400 ans après.
Mahomet meurt en 632 et son gendre Ali (le Premier Imam des Chiites) est assassiné en 660. A la mort du septième Imam, Muhammad ibn Ismâ`îl en 813, les Chiites se divisèrent entre une majorité en Syrie (à l'époque) qui refusait d'admettre sa mort et qui considérait qu'il était toujours vivant (ce sont les Chiites Ismaéliens) et une minorité qui cherchèrent un autre successeurs (ils sont maintenant la majorité "duodécimaine" en Iran, et ils admettent ensuite 5 Imams suivants, avec le dernier qui est l'Imam "caché"). Dans les années 890, Hamdan Qarmat appartenait au groupe millénariste qui attendait le retour du 7e Imam (même si les sources semblent indiquer qu'il soutint ensuite pendant un temps Ubayd Allah, qui devait fonder le califat chiite "fatimide" en Egypte).
Un groupe de ses disciples nommé les "Qarmates" à cause de lui, maintenant dirigé par Abū Sa‘īd al-Hasan al-Jannabi, prit le contrôle de la côte bahreinie en 899. Ces Qarmatiens avaient évolué vers des révolutionnaires radicaux, qui mettaient tout en commun sous leur Etat "utopiste" et qui imposaient le végétarisme (mais le communisme entre les membres initiés n'empêchait pas l'esclavagisme pour les sujets conquis). Ils s'écartèrent tellement de l'Islam traditionnel qu'ils décidèrent même qu'une grande partie des croyances communes était en fait de l'hérésie, et notamment que tout le pèlerinage et l'adoration de la Kaaba à la Mecque était de l'idolâtrie.
En 928, les astrologues Qarmatiens déterminèrent que c'était une grande conjonction des planètes (Mushtarie, Jupiter et Zuhal, Saturne) qui devait ouvrir une époque nouvelle, un nouveau cycle et peut-être l'arrivée du Mahdi. Leur chef Abu Tahir dit avoir trouvé le Mahdi dans un jeune enfant perse mais il semble ensuite les avoir déçus.
Les Qarmates massacrèrent des milliers de pélerins et ravagèrent les villes de La Mecque et de Médine en 930 en profanant les sites. Ils volèrent la Pierre Noire de la Kaaba et la prirent en otage en disant que c'était par ordre divin.
La Pierre noire aurait déjà été mise en pièces une première fois lors de guerres précédentes mais les Qarmatiens la gardèrent captive pendant 23 ans avant de la rendre finalement vers 953 (mais un récit dit qu'ils l'auraient brisée en plusieurs morceaux et d'autres légendes sunnites disent qu'ils furent maudits pour cela). Le rapport des Musulmans à la Kaaba resta longtemps très ambigu autour de cet unique objet d'idolâtrie. Même les Sunnites Wahabites d'Arabie, qui vivent tant du Pélerinage aujourd'hui, auraient été tentés à l'origine d'interdire tous ces rituels pré-islamiques devant ce bétyle (qui serait un don de Dieu mais aussi un réservoir de péchés, avec l'équivoque traditionnel de tout "Bouc Emissaire").
Les Qarmates connurent ensuite des défaites face aux Abassides et leur Etat finit par s'écrouler eu XIe siècle (même si leur secte aurait survécu ensuite à l'état de traces ismaéliennes chez certaines tribus chiites de la région).
Le Bahrein actuel fut d'ailleurs dominé par une tribu sunnite d'origine koweitienne (et soutenue par les Britanniques), ce qui explique l'anomalie du chef sunnite avec une majorité chiite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire