La revue PS: Political Science & Politics vol. 47 (janvier 2014), p. 85-124 a sept articles d'un symposium sur les superhéros et les sciences politiques, disponibles gratuitement.
- "“A Is A”: Spider-Man, Ayn Rand, and What Man Ought to Be", Claudia Franziska Brühwiler
- "Hell's Kitchen's Prolonged Crisis and Would-be Sovereigns: Daredevil, Hobbes, and Schmitt", Anthony Peter Spanakos
- "Negotiating the Third Wave of Feminism in Wonder Woman", Carolyn Cocca
- "Men of Steel? Rorschach, Theweleit, and Watchmen's Deconstructed Masculinity", Mervi Miettinen
- "The Imperial Superhero", Chris Gavaler
- "Superheroes in Hong Kong's Political Resistance: Icons, Images, and Opposition", Dan Garrett
- "Fighting the Battles We Never Could: The Avengers and Post-September 11 American Political Identities", Annika Hagley and Michael Harrison
Cela n'a pas très original quand on a déjà lu un bouquin comme Watchmen & Philosophy par exemple et il y a toujours un côté parodique à prendre ces sujets légers et leur accrocher les thèmes universitaires sérieux du moment comme féminisme ou études post-coloniales comme s'il ne s'agissait toujours de traiter le sujet comme de simples symptômes ou des applications de ces thèmes pré-conçus.
Le premier article a l'air de réexpliquer encore une fois l'influence de l'idéologue insensée ultra-libertarienne Rand sur Steve Ditko. Le second explique que la violence des quartiers criminels dans Daredevil devrait être comprise plus à partir de l'analyse de Carl Schmitt sur la crise de la démocratie parlementaire (ce qui revient encore une fois à relier Frank Miller et le fascisme, j'imagine).
L'article sur Wonder Woman est plutôt honnête mais ressemble plus à une synthèse des trente dernières années sur ce titre (même si la critique contre la version la plus récente est assez intéressante).
L'article sur Rorschach le compare aux analyses du critique Klaus Theweleit sur la littérature masculine nazie (mais sa conclusion où elle souligne le paradoxe d'une parodie qui devient en fait aussi populaire chez certains lecteurs au premier degré est un des effets ratés de Watchmen).
"Imperial Superhero" analyse le lien avec le colonialisme, de manière très érudite et en se servant de quelques personnages moins connus des origines du superhéros, jusqu'à Black Panther. C'est sans doute celui où on apprend le plus de choses.
L'article sur Hong Kong se réduit un peu à montrer l'iconographie anti-continentale qui reprenait des références pop japonaises ou occidentales comme V pour Vendetta.
Le dernier article sur les Vengeurs (le film) semble trouver original d'expliquer que c'est un symbole d'unité nationale d'après le 11 septembre, ce qui me paraît plat.
4 commentaires:
"prendre ces sujets légers et leur accrocher les thèmes universitaires sérieux du moment comme féminisme ou études post-coloniales": eh eh, et si le fait que ces études, sur ces sujets pourtant pas plus futiles que d'autres, n'aboutissent à rien de consistant n'était pas plutôt, justement, le révélateur du fait que ces "thèmes universitaires du moment" n'ont rien de sérieux? (c'est là de ma part juste une seconde de sarcasme sceptique, ce qui ne mange pas de pain - pas de celui-là non plus en tout cas)
Ce n'est pas toujours le cas parce que ces thèmes pouvaient avoir une application légitime. Dans ces deux exemples, le lien entre Wonder Woman et le féminisme est une vraie question puisque la féministe Gloria Steinem s'est réclamée de cette héroïne comme son modèle fantasmagorique, et je trouve que l'article qui utilise le rapport à la colonisation est peut-être le meilleur du symposium (mais j'ai un préjugé puisque je pense que Superman avait en effet un lien essentiel avec l'imaginaire colonial en l'inversant : c'est un Tarzan où nous sommes les "primitifs").
Mais le réflexe des étudiants et jeunes chercheurs est ensuite souvent de coller simplement ce thème qui pouvait être légitime sur un sujet pour prouver qu'ils savent se situer dans le "champ" des slogans et de la littérature récente tout en prêtant ainsi une dignité nouvelle à leur objet (vous voyez, c'est un objet légitimé puisqu'il entre complètement dans le cadre de critique préétabli).
Alors que ce sont des lecteurs qui aiment le comic, cela se voit, ils prennent ensuite une position pour le réduire à un prétexte pour réexposer une théorie plus générale au lieu de chercher (ce qui serait plus intéressant mais plus difficile) des exceptions où le superhéros pourrait au contraire subvertir ce cadre pré-établi (l'article sur WW le fait un peu).
Merci pour le lien, d'autant plus que je m'intéresse depuis quelque temps déjà à Ayn Rand, et surtout à l'aura dont elle semble bénéficier outre-Atlantique.
Et pour Tarzan et John carter, c'est de mon point de vue très juste.
En ce qui concerne Flash Gordon il semblerait qu'initialement ce devait d'ailleurs être les aventures de John Carter qui devaient être adaptées.
J'avais aussi écrit un post sur elle, et parmi les nombreux articles sur Alissa Rosenbaum, j'aime bien celui-ci. Hélas, le vide croît et le XXIe siècle sera sans doute de plus en plus randroïde.
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