Comme j'ai mentionné dans le compte-rendu de partie des Mille et Une Nuits le fabuleux objet magique du "Cheval d'Ebène" (qui permet de se rendre n'importe où instantanément sur le plateau en dehors des Lieux de Pouvoir secrets), voici le conte qui a inspiré ce trésor.
Histoire du Cheval enchanté (Galland, vol. 7), Nuits 357-371 (Burton), Nuits 415-432 (Mardrus)
Un Shah de Perse, descendant de Chosroès, nommé Sabur [cf. Shapur] avait trois filles et un fils nommé Kamar al-Akmár (la "Lune des Lunes", il s'appelle Firouz, le Victorieux, chez Galland).
A la Fête du Nouvel An, le Roi Sabur organisa un grand festival. Trois Sages vinrent le voir : un Indien, un Grec et un Persan (il n'y a qu'un seul Sage chez Galland et il est Indien).
L'Indien lui offrit un homme d'or qui pouvait repérer les ennemis et les paralyser avec sa trompette.
Le Grec lui offrit un paon en or qui pouvait lire l'heure et produire une lune d'argent.
Le Persan offrit un Cheval d'ébène qui pouvait voler et ce fut ce troisième présent que le Roi de Perse trouva le plus réussi après l'avoir testé en survolant sa cité en suivant le Mage.
Les trois Sages demandèrent la main des trois princesses mais le Prince Kamar défendit sa soeur, la plus jeune, qui refusait d'épouser le vieux Magicien persan car il était aussi laid qu'un vieil Efrit.
Le sorcier pour se venger fit monter le Prince Lune sur la selle du Cheval d'ébène et celui-ci s'envola tout droit vers les cieux sans savoir arrêter la monture magique. Le Roi Sabur fit arrêter le Magicien mais désespéra de jamais revoir son fils.
Kamar était emporté dans les airs mais finit par apprendre à contrôler la selle magique [l'objet semble parfois curieusement mécanique]. Il redescendit à Sana'a au Yémen (au Bengale dans Galland) dans un Palais où dormait une belle princesse nommée Schamsennahar (Shams al Nahar, le "Soleil du Jour"). Elle était gardée par un eunuque "laid comme un efrit". Ils tombèrent amoureux et lorsque le Roi du Yémen vint pour capturer le Prince Kamar, il réussit à ruser pour remonter sur son Cheval d'ébène et s'envoler.
Il revint une première fois chez lui en Perse et fit libérer le Magicien qui avait construit le Cheval enchanté et qui était puni pour le mauvais tour qu'il avait joué. Il revint emmener la Princesse Soleil du Yémen mais celle-ci fut enlevée par le Magicien ingrat qui en profita pour reprendre le Cheval avec lui.
Le Prince Lune retrouva ses traces en Roum [au Cachemire dans Galland, en Chine dans le Manuscrit de Breslau]. Le Roi de Roum avait capturé le Magicien car il désirait aussi épouser la Princesse Soleil et parce qu'il était malade et croyait que le Magicien pourrait le soigner. Mais la Princesse avait simulé la folie, ce qui avait ôté tout crédit aux dons de guérisseur du Magicien. Le Cheval avait été entreposé car les Roumis n'arrivaient pas à le faire fonctionner.
Le Prince Lune feignit de soigner la Princesse de sa folie et celle-ci se prêta à son jeu. Il put ainsi se faire passer pour un médecin qui avait besoin d'un ingrédient sur le Cheval d'ébène [il y a ici un passage qui peut faire penser à du Molière sur les jeux des charlatans]. Il put reprendre la Princesse Soleil, s'enfuir à nouveau sur le Cheval d'ébène et obtenir officiellement sa main du Roi du Yémen. Le Magicien ingrat fut finalement exécuté par les Roumis.
Quant au Cheval d'ébène, le Roi de Perse Sabur le fit briser en morceaux car il redoutait que son fils Kamar ne reparte à nouveau en voyage loin de sa famille.
L'Histoire de Shehérazade se termine avec son époux le Roi Shahryar qui regrette que le Cheval n'existât plus.
Notes :
* Dans le conte La Cité des Mages (Nuits 171-249 chez Burton), le Prince de Khalidan s'appelle Kamar al-Zaman (Lune des Temps, alors qu'ici c'est Kamar al-Akmar) et c'est lui qui ne veut pas se marier, et non sa soeur.
Grâce à la Magie, il rencontre la Princesse Budur (Pleine Lune, alors qu'ici c'est Soleil) et ils se fiancèrent.
Après avoir été séparé d'elle, le Prince revient et la Princesse, qui s'est fait passer pour lui, règne maintenant sur l'Île d'Ebène.
* Dans le conte de Joudar et ses Frères (Nuits 607-624), il y a un autre objet magique, une Orbe qui permet de se téléporter automatiquement où on veut sur la carte du globe et une Mule-Djinn qui va plus vite que la normale.
3 commentaires:
D'où vient la première illustration ?
Ça me rappelle un de mes livres d'enfant.
Je l'ai trouvée sur Pinterest. Cela semble être une illustration des Mille et Une Nuits des années 1960.
Merci.
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