Après Greg Stafford, il y a eu beaucoup d'annonces de décès et pas seulement de Baby Boomers.
Je suis personnellement un peu réservé sur le statut mythique de l'ensemble de campagne collective Enemy Within pour Warhammer (qui me paraît parfois mal ficelée dans sa continuité malgré des épisodes géniaux) mais le pénultième volume Power Behind the Throne (1988) mérite vraiment sa réputation comme peut-être le meilleur scénario d'intrigue urbaine jamais fait (et je continue à croire cela même après avoir lu City of Lies par exemple - curieusement, le dénouement Empire in Flames est un peu moins réussi).
Les amateurs de donjons adorent son Night Below mais je suis plus fan de son From the Ashes, où il montre vraiment une affection sincère et profonde pour le vieux monde de Greyhawk (au point que certains trouvent que Carl Sargent sut mieux écrire sur cet univers que son vrai créateur Gygax, une des caractéristiques des littératures "de genre" (ou dans les comics) est d'ailleurs que certains auteurs "mercenaires" pouvaient parfois améliorer la version originelle de la "license").
Comme j'en ai aussi déjà parlé, le "grand public" croit qu'il a créé tout le panthéon Marvel, les fans geeks demi-habiles et amateurs de paradoxes ont une tendance à lui retirer toute importance par rapport à ses dessinateurs Jack Kirby ou Steve Ditko, et à le réduire à un exploiteur narcissique ou au publicitaire de Marvel mais c'est un peu exagéré aussi.
Stan Lee a certes eu le tort de s'attribuer souvent beaucoup de mérite qui revenait à ses artistes (qui inventaient parfois les histoires qu'il signait) mais il avait quand même un sens de la langue, de l'humour et du dialogue qui allait plus loin que le leur. Ditko était un génie du drame mais il n'aurait pas pu écrire ces échanges ou inventer ces blagues. L'humour chez Kirby seul (quel que soit sa créativité inépuisable) a toujours quelque chose d'un peu embarrassant. Je ne saurais pas quantifier la part qui revient à M. Stanley Lieber mais elle est quand même nécessaire. On reconnaît toujours les travers un peu crâneurs de Stan (un New Yorkais assez corporate, neveu de l'éditeur mais fasciné par les Beatniks) mais sans son humour Spider-Man ou la Chose-aux-yeux-bleus ne seraient sans doute pas devenus de telles légendes des comics des années 1960. Il a une tendance à l'autocaricature dès les années 60 mais il invente quelque chose sans équivalent à l'époque chez DC Comics. On doit en tout cas constater que dans ces couples séparés, ni Lee ni Kirby ni Ditko ne sont jamais arrivés à faire aussi bien par la suite sans cette grâce ou cette synergie (même si les fans du Fourth World ne seront pas d'accord, dans le cas de Kirby).
1 commentaire:
On pourrait ajouter à cette liste le décès de Louis Cha/Jīn Yōng, écrivain de romans wǔxiá, qui a disparu le 30 octobre dernier. Il était pratiquement inconnu en France, mais c'était une méga-star absolue dans le monde sinitique — on raconte que Dèng Xiǎopíng envoyait des agents secrets acheter ses romans à Hong Kong à l'époque où ses œuvres étaient interdites dans la RPC.
Ses romans ont été adaptés en BD, en jeux video, mais également au cinéma, notamment par King Hu et par Wong Kar-wai.
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