Dans l'histoire du jeu de rôle, on peut distinguer grossièrement :
(1) une période où chaque jeu de rôle rassemblait des règles avec souvent de simples amendements à D&D ou diverses règles ad hoc pour chaque type de situation. Il y avait si peu de systématicité qu'on ne songeait même pas à ne pas changer de règles, même chez le même éditeur ou dans le même Genre (cf. les premiers jeux de FGU qui mirent longtemps à arriver à de la systématicité grâce à Bushido).
(2) très vite une seconde période avec des règles plus systématiques et qui pouvaient dès lors s'adapter à plusieurs types d'univers (Traveller, BRP, Hero Games, GURPS)
(3) un retour ensuite vers des systèmes diversifiés mais adaptés à l'atmosphère propre à chaque univers. Bushido, sur le Japon médiéval, me semble en être le modèle dès la fin des années 1970 mais il y a eu par exemple plus récemment des jeux comme Deadlands (qui utilise le poker pour insister sur l'atmosphère Western). Les jeux édités par le 7e Cercle me semblent aller dans cette direction avec un systèmen distinct pour chaque cadre historique.
J'étais très partisan des deuxièmes types comme BRP mais j'ai été convaincu notamment par des jeux français récents sur la Chine comme Qin ou le nouveau Wulin qu'il pouvait être parfois plus riche de ne pas utiliser un système générique mais de partir d'un système spécialisé à chaque fois.
Qin (qui se situait au IIIe siècle avant notre ère, à la fin des Sept Royaumes Combattants) utilisait un système avec deux d10, un blanc Yang et un noir Yin : on prenait la différence entre le plus grand et le plus petit (soit un résultat entre 0 et 9) et cela "colorait" ensuite l'action de Yin ou de Yang.
Wulin a eu la bonne idée de réinventer une autre atmosphère dans son système de résolution baptisé Taiping. Il utilise, lui, des d8 : le 4 est malchanceux parce que le nombre 四 se prononce comme le mot "mort" 死 sǐ et à l'inverse le nombre 8, 八, est de bonne augure parce qu'il se prononce bā, ce qui ressemble à "發" (fā), prospérité. Dans Wulin, on lance un certain nombre de d8 et le seuil (Tai) est un multiple de 4. Le personnage réussit l'action s'il a atteint le seuil mais il perd un point de Souffle pour chaque point qui dépasse le seuil au total. Les 4 comptent comme des zéros et les 8 comptent comme n'importe quel nombre désiré (y compris 4 si on le veut), comme un Joker. Il faut donc tenter d'atteindre le seuil mais le dépasser le moins possible, ce qui me paraît assez original. Il y avait déjà des systèmes avec Blackjack comme Pendragon où il fallait faire le plus possible mais sans dépasser un seuil mais ici, il faut au minimum faire ce seuil et l'action devient simplement plus fatigante, moins élégante quand elle est réalisée au-delà du seuil.
Ce score de Souffle est égal à la somme de deux caractéristiques (Corps + Force Intérieure) x 4, donc cela doit tourner souvent entre 16 et 24. On peut certes récupérer 4 points de Souffle en dépensant un point de Yang, avec le risque d'un déséquilibre entre son Yin et son Yang.
Il y a 5 caractéristiques, qui correspondent aussi aux 5 éléments chinois mais aussi aux 5 "styles" d'arts martiaux :
- Allure (Feu) Style Flamboyant
- Corps (Terre) Style Brutal
- Esprit (Eau) Style Sournois
- Force intérieure (Métal) Style Complexe
- Gongfu (Bois) Style Explosif
La distinction des trois dernières caractéristiques n'est pas directement intuitive mais en gros, l'Esprit est plutôt l'intelligence, la Force intérieure serait la volonté, le calme pour utiliser le Neigong intérieur (le qi) alors que le Gōngfu représente plus une maîtrise de l'action, y compris l'excellence en maîtrise externe, les techniques.
Par défaut, les personnages ont un score de 2 (donc deux d8) dans chaque et on en augmente en gros (si je n'oublie rien) deux caractéristiques d'un en individualisant le personnage débutant.
Wulin a été critiqué pour avoir beaucoup de "Jauges" dans sa première édition. Ici, il reste les Points de Souffle (Corps + Force intérieure x4), les Points de Sang (Corps + Gongfu x 4), le Neigong (Force intérieure + Esprit), les Points de Yin et les Points de Yang (et la santé se détériore si l'un des deux scores s'écarte trop de l'autre).
2 commentaires:
Je n'ai pas acheté Wulin, mais je ne suis pas étonné de la qualité du système, Nicolas Henry étant un fin connaisseur de la culture chinoise.
C'est vraiment un beau jeu, parfait pour jouer du Louis Cha. C'est très riche et plein d'idées pour représenter le Wuxia.
Le seul défaut que je vois pour l'instant à mes yeux (littéralement à mes yeux) est que je trouve la carte peu lisible.
Celestial Empire était bien entendu le pari inverse (second type, les jeux de la seconde génération) de réussir à reprendre le BRP.
Enregistrer un commentaire