Un des points communs entre la série d'Oz (créée par Frank Baum en 1900) et la série de Narnia (créée par l'insupportable CS Lewis en 1950) est qu'il y a un groupe de sorcières.
- L'histoire d'Oz commence notamment avec la sorcière Mombi. Elle règnait sur le pays des Gillikins (où vivent aussi des Dragons sous la Terre) mais elle fut détrônée par Locasta (qu'on appelle depuis la Bonne Sorcière du Nord) à la même époque où Glinda (la Bonne Sorcière du Sud) avait détrôné la Méchante Sorcière qui régnait sur les Quadlings. Mombi s'est alliée aux Méchantes Sorcières de l'Est, de l'Ouest et du Sud et c'est elle qui enleva (sans doute avec l'aide du Sorcier Oscar Zoroastre Diggs) la Princesse royale Ozma et la transforma en garçon pour qu'elle ignore son identité. Toute cette histoire de changement de sexe peut aussi faire supposer qu'Oz a des aspects fortement matriarcaux, même si la Reine Ozma hérite de son père (Pastoria) et qu'elle dit que les Rois s'appellent "Oz" et les Reines "Ozma". C'est Dorothy qui tua les Sorcières de l'Est et de l'Ouest et Mombi fut plus tard privée de ses pouvoirs par Glinda (une autre Magicienne bénéfique, Gloma, est mentionnée à l'Ouest).
Les ennemis chtoniens et minéraux d'Oz, les Nomes, semblent être exclusivement masculins et ont un tabou face aux Oeufs, symbole féminin de même que la Sorcière de l'Ouest avait un Geis face à l'Eau. Roquat le Roi des Nomes a vendu au Roi d'Ev la longévité en échange du sacrifice de sa femme et ses enfants.
- Narnia a eu pour adversaire principale Jadis la Sorcière Blanche (fille d'une Djinn et d'un Géant des glaces, descendante de Lilith la Mère des Démons, elle détruisit tous les habitants de sa propre dimension avant d'envahir Narnia et gagna l'immortalité en mangeant le Fruit défendu de l'Arbre de la Vie) mais ensuite on fait face à la "Dame à la Tunique Verte", puissante sorcière chtonienne, et il ne semble pas qu'elle soit (canoniquement) une réincarnation de la Sorcière Blanche (même si c'est une théorie des fans). La récente adaptation au cinéma du Prince Caspian a imaginé que Jadis tentait de revenir par un Portail du monde des morts (Caspian est tenté de se soumettre à Jadis pour renverser son oncle) mais ce n'est pas raconté ainsi dans le roman.
Il est clair à la lecture qu'Oz est bien plus steampunk que Narnia, avec de nombreuses créatures artificielles. Cet univers est aussi bien moins sexiste que Narnia comme Lewis a un côté prêcheur conservateur nettement plus prononcé que Baum (Susan est exclue de Narnia parce qu'elle ne serait pas assez prude et chaste). Certes, Baum, lui, devait être plus raciste que Lewis si on en croit un de ses articles de jeunesse au XIXe siècle où il proposait une Solution Finale de la population amérindienne.
(Une des nombreuses inversions que fait Pullman par rapport à Lewis est que les Sorcières de la Terre parallèle sont les résistantes contre la tyrannie inquisitoriale)
You Got Democracy in My Medieval Fantasy!
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Too many fantasy settings feature the political systems of the real world
middle ages, but there isn’t a good reason for this prevalence. I make the
case f...
Il y a 6 heures
6 commentaires:
J'ai récemment désespéré des élèves en leur parlant de l'arrière plan religieux de Narnia :"Quoi, alors Aslan c'est Jésus ? ... nooon!"
A leur décharge, s'ils n'ont vu que les films, c'est un peu moins "ostensible".
Dans The Voyage of the Dawn Treader, CS Lewis (qui manie l'humour avec beaucoup plus de lourdeur que son modèle Chesterton) se moque des pédagogies nouvelles avec une Ecole Expérimentale qui a osé avoir le mauvais goût de mettre fin aux châtiments corporels, ce qui a bien sûr pour effet de transformer les enfants en brutes sauvages et l'école en nouvel état de nature.
D'un autre côté, Philip Pullman, en CS Lewis inversé, est presque aussi pénible, je trouve.
Je n'ai pas lu le livre et n'ai vu que des bribes des films, mais ma femme, qui n'a pourtant qu'un culture religieuse minimale, m'a dit que dans les bouquins c'était particulièrement transparent et franchement lourd.
C'est marrant, j'ai l'impression que Lewis est la bête noire de pas mal de monde aujourd'hui (Pullman, Greg Egan...), et il me semble que c'est souvent un peu injuste. Evidemment, il vaut mieux ne pas être fondamentalement allergique à la religion, mais ses essais, en particulier, regorgent d'aperçus assez justes et originaux (à côté de choses un peu choquantes, c'est certain). Je suis moins fan de Narnia, mais avais quand même beaucoup aimé le premier, de même que ses bouquins de SF. Quand tu vois que Rowan Williams le cite assez souvent, bon, on ne parle quand même pas du plus droitier, là...
Au fait, Frédéric, pourquoi tu parles de Chesterton comme de son modèle? Lewis avait lu et aimait beaucoup Chesterton, c'est certain, mais je n'aurais pas dit qu'il s'agissait vraiment d'un modèle pour lui -- pas au sens où l'était MacDonald, disons. Même en matière d'humour, bon... Lewis n'est pas hilarant, de toute manière, mais je ne sens pas d'influence très profonde. Ou alors tu parles spécifiquement de The Voyage of the Dawn Treader?
C'est vrai que l'idéologie est aussi pénible chez Pullman. Après, elle ne m'a pas empêché d'apprécier His Dark Materials, auquel je trouve beaucoup de qualités.
Oui, Chesterton est moins une influence que McDonald (je crois que Chesterton cite celà dit aussi McDonald) et Chesterton est catholique, pas anglican comme Lewis. Mais il me semble souvent que leur Fantastique a une manière de faire apparaître l'apologie comme une sorte de paradoxe un peu humoristique (l'apologie directe est plus discrète chez McDonald, j'ai l'impression).
Chesterton va plus loin dans la veine d'un Oscar Wilde catholique, alors que Lewis est plus épique (même s'il ne l'est pas encore autant que Tolkien).
Cette nouvelle d'Egan sur Turing et Lewis est un peu gratuite mais la théodicée de la douleur de Lewis paraît vraiment horrible.
C'est vrai, Chesterton a parlé de la révélation qu'avait été pour lui la lecture de MacDonald. Bon, de toute manière : MacDonald, Chesterton, les Inklings... on a bien sûr toute une tradition chrétienne de la fantasy (je placerais Chesterton dans le genre, même si ses textes n'en relèvent pas souvent au sens strict -- d'ailleurs, il me semble que The Man Who Was Thursday, pour moi son chef-d’œuvre, avait été republié dans la Ballantine Adult Fantasy Series).
Lewis a emprunté un ton à Chesterton, c'est certain, mais dans mes souvenirs, il a moins souvent recours au paradoxe proprement dit.
Oui, même si la dimension apologétique est extrêmement importante chez MacDonald, elle prend effectivement des chemins plus détournés. Je pense d'ailleurs que c'était tout à fait délibéré : je me souviens d'un petit essai où MacDonald, qui adorait les contes, vante leur capacité à supporter des interprétations multiples.
Je ne me souviens pas si clairement que ça de la théodicée de Lewis, mais je crois qu'elle ne m'avait pas semblé particulièrement originale, en fait. Après, bien sûr, c'est comme toute théodicée : on parlait de Nozick l'autre fois, et je crois bien qu'il dit quelque part qu'une théodicée doit satisfaire au moins deux critères : bien sûr, elle doit être cohérente, mais elle doit aussi être quelque chose qu'on serait pour de bon prêt à dire à quelqu'un qui souffre. Pas sûr que beaucoup passent le second test... D'un autre côté, on pourrait dire que Lewis y a justement été confronté avec la mort de son épouse.
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