jeudi 3 octobre 2019

The Magic Order n°1-6 (2018-2019)

Cette mini-série chez Image porte sur une "guerre de gangs" entre deux branches d'une famille de sorciers, les Moonstones. L'enjeu du McGuffin, comme dans la série récente de Justice League Dark, est un livre de sorcellerie interdit.

The Magic Order est écrit par Mark Millar et dessiné par Olivier Coipel, et les deux m'ont étonné. Je ne suivais plus tellement la carrière de Coipel parce que j'avais trouvé ses dessins chez Marvel parfois trop rigides et sans vie. Mais ici, dans cet hommage au Noir des années 20, il y a une élégance charmante, une subtilité à laquelle je ne m'attendais pas et je n'avais jamais remarqué les progrès énormes qu'il a faits. Le personnage féminin de Cordelia Moonstone est particulièrement réussi et son visage est expressif.

De même, j'ai d'habitude beaucoup de réserves sur Millar dont je n'aime pas tellement l'écriture pleine de "chocs" gratuits. Mais Millar sait au moins utiliser cette tendance pour quelques idées de sortilèges dignes d'un Neil Gaiman, comme cette base secrète cachée dans un tableau exposé au Musée de Chicago ou le fait de tuer quelqu'un en commençant par le réduire à deux dimensions dans une photo. Mark Millar a décrit l'idée comme "Les Sopranos mélangés avec Harry Potter" et c'est assez créatif (mais la comparaison explicite avec le Roi Lear et ses enfants - "Cordélia" ! - est encore plus évocatrice, sans trop gâcher l'intrigue).

En revanche, malgré toutes les bonne surprises de cette mini-série et quelques personnages attachants, il y a une certaine insatisfaction : la fin, plus traditionnelle, ressemblerait presque à une histoire très standard de Zatanna chez DC. Je me demande d'ailleurs même s'il ne s'agit pas d'un scénario refusé pour ce personnage (si ce n'est que Zatanna est une héritière plus fidèle à son père). Cela finit par gommer les aspérités et originalités de Cordelia.

C'est d'ailleurs assez général chez Millar : on commence par une ultra-violence sadique un peu racoleuse et on finit avec une conclusion de superhéros assez mainstream. Ce qui résume peut-être non pas seulement sa carrière mais une évolution plus générale des superhéros en ce moment, un écart entre une forme de défoulement violent et un retour ensuite à un contenu plus ordinaire.

Il est prévu que la série soit adaptée à la télévision chez Netflix mais j'ignore si l'échec relatif d'Umbrella Academy (assez similaire en bien des points dans le côté famille dysfonctionnelle) va les refroidir.

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