Prince of Skulls (2002) est un roman de Muhammad Abd-al-Rahman Barker dans l'univers de Tékumel, l'Empire du Trône du Pétale, l'un des premiers mondes de jeu de rôle (publié dès 1975 par TSR, ce fut une influence majeure pour les autres univers fictifs comme Greyhawk de Gygax).
C'est le quatrième roman après Man of Gold (1984), Flamesong (1985) et Lords of Tsámra (2003, mais qui se situe juste avant, j'en ai donné un survol rapide là et j'ai fait une introduction à Tékumel, le monde et le jeu de rôle).
Pour résumer en une seule phrase, Tékumel est l'équivalent de la Terre du Milieu de Tolkien dans la complexité, mais les bases du monde ne sont pas l'Europe nordique mais au contraire un mélange de Chine impériale, de religions indiennes et de culture précolombienne, créée par un linguiste (professeur à l'université du Minnesota) qui avait étudié à la fois des langues mésoaméricaines et du sous-continent indien. C'est un monde de "science fantasy" (comme Tschai de Jack Vance), un monde fantastique dans un très lointain futur sur une planète qui a perdu tout lien avec ses ancêtres terriens. Le ton des romans est très influencé par la littérature des "Pulps" et il y a notamment une sensualité débridée de ce monde qui pratique une polygamie généralisée (polygynie et polyandrie).
Le roman est le premier à se dérouler après la Guerre civile, en 2372, ce qui correspond presque à la date du "présent" des suppléments actuels. L'Empereur Dhich'uné (qui soutenait le culte de Sárku, Dieu des morts-vivants) a été renversé par son frère Mirusíya (soutenu par le culte de Vimúlha, Dieu des Flammes de la destruction). Le pays occidental, l'Empire de Mu’ugalavyá a envahi la frontière de Tsolyánu (et a aussi conquis l'Empire de Livyánu).
Comme dans le précédent Lords of Tsámra, "Phil" Barker abandonne un peu son héros Hársan hiTikeshmu dans un rôle secondaire. Les vrais personnages principaux sont ici le capitaine Trinesh hiKétkolel et une princesse du peuple N'lüss (les Nordiques) Nethé Drékka, dont il va tomber amoureux. On retrouve aussi avec eux le vieux Commandant Náru hiSsáivra.
Au début, Hársan est envoyé en mission diplomatique à la frontière pour gagner l'alliance des êtres inhumains Pé Choi contre les Mu’ugalavyani. C'est à cette occasion que lui et ses compagnons vont se retrouver avec la princesse Nethé Drékka au pays des N'lüss. A cette occasion, ils vont retrouver leur vieil ennemi l'Empereur Dhich'uné et un nouveau complot de la Déesse de l'Os Pâle (Celle qu'on ne doit pas nommer).
Il est toujours agréable de visiter de manière plus approfondie Tékumel - et les romans sont clairement présentés comme des sortes de guides de chaque région. Lords of Tsámra révélait les secrets des Prêtres de Livyánu (notamment les vrais Seigneurs lovecraftiens de Tsámra) et de la Cité-Etat de Dlásh, qui vit du commerce interdimensionnel. Prince of Skulls montre encore plus de secrets fondamentaux de Tékumel avec les vraies origines des Chanteurs de Nakomé, des Seigneurs Dragons de N'lüss ou de certains princes démons comme le Sombre Qárqa de Salarvyá (qui n'est pas exactement un aspect de Sárku).
Un problème du roman est que les personnages semblent trop souvent "trimbalés" malgré eux, "téléguidés" plus qu'actifs. Le début est particulièrement caricatural puisque les personnages vont se retrouver en N'luss par un pur hasard et une sorte d'erreur d'aiguillage, ce qui est une coïncidence un peu exagérée. Si j'étais l'editor du roman, je mettrais dès le début un complot de Dhich'uné contre Hársan, qui pourrait justifier que Hársan se retrouve ainsi dans les griffes de son ancien ennemi au lieu de tomber dessus par hasard à des milliers de kilomètres de leur pays.
Hársan est un peu trop pur et naïf peut-être et Barker l'a un peu mis dans la marge (de même que Tintin est toujours éclipsé par Haddock). Mais ici le capitaine Trinesh n'est pas un personnage aussi amusant que l'était Korrúkka hiKutonyál dans Lords of Tsámra. Korrúkka était assez attachant par son intelligence, sa veulerie et il faisait un très bon narrateur peu fiable, qui essayait de dissimuler malgré lui ses bons sentiments. Le problème est que Trinesh au contraire est encore plus naïf et encore plus passif que Hársan. En dehors de son amour pour la Princesse Nethé Drékka et le fait qu'il ressasse qu'il ne s'intéresse pas à la magie, il n'a pas beaucoup de personnalité. Le défaut qu'il partage avec Korrúkka (et en un sens Hársan) est qu'un Deus Ex Machina lui tombe dans les mains de manière peu satisfaisante. On aimerait que les héros de Barker méritent un peu plus leur salut par leur propre sagacité et pas seulement parce qu'ils gagnent sans raison la faveur de tel dieu ou de telle démone. En revanche, le personnage du super-mage n'luss "Torrégh Edu" (il a pris comme pseudonyme le nom d'un écrivain pornographique) est un peu plus réussi, peut-être parce que Barker décide de ne pas dévoiler ses mystères et qu'il tient plus du Trickster que du Sage à la Gandalf.
La fin a quelques surprises et retournements que je n'avais pas prévus, mais il y a quand même parfois une impression que les choses se passent trop facilement pour les personnages. De ce côté-là, le roman fait penser à certaines sessions réussies de jeu de rôle, où on pardonne souvent au Meneur de jeu de se moquer de la plausibilité dans l'intérêt d'une résolution dramatique de l'épisode.
Cependant, je suis assez convaincu et charmé par ces deux romans de l'Empire du Trône du Pétale pour commander le 5e volume, A Death of Kings, qui se déroule en Salarvyá. Il paraît que Barker (né en 1930) travaille actuellement au sixième volume qui enverra cette fois Hársan dans le continent du sud, encore inexploré. Puissent Hnálla, Keténgku et Belkhánu lui prêter longue vie !
Theatre: A Very Wooster Holiday
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*Happy Christmas, Jeeves* by Heidi McElrath and Nathan Kessler-Jeffrey,
directed by Karen Lund, based on the stories of PG Wodehouse Taproot
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Il y a 3 heures
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