mardi 11 mars 2008

Wiederkehr der Verdrängten

Désolé, je vais en rajouter dans le nombrilisme. You have been warned.

J'ai passé des vacances curieusement "matures" pour moi. J'allais tous les jours corriger mes copies à la Bibliothèque municipale à côté de chez moi, 12 par jour avec une soudaine régularité d'horloge, au lieu de tout laisser pour le dernier jour, et je m'extasiais de mon nouveau sérieux. Je ne me reconnaissais pas, comme si j'étais hypnotisé ou guéri d'une vieille maladie. C'était même une sorte de révolution ontologique : j'ai fini la correction avec 24 heures d'avance, or je n'avais jamais fini quelque chose en avance sans doute depuis le CM2... J'avais l'impression d'avoir passé un stade essentiel de mon existence : la première fois qu'une veille de rentrée serait en ordre.

Et depuis la rentrée de lundi, au contraire, c'est comme si mon inconscient se rebellait contre cette soudaine harmonie. Je n'arrive plus à travailler du tout. Je replonge dans une procrastination angoissée alors que les tâches deviennent plus minimes pourtant.

Je suis donc allé chez le coiffeur pour ne pas travailler, tout en me disant que je faisais ce que je reporte d'habitude. J'avais la tête un peu effrayante que prennent les Monty Pythons quand ils veulent jouer un Ermite ou un Robinson Crusoe, avec une longue barbe et des cheveux que je n'arrivais plus à discipliner. J'avais beau dire que ma barbe faisait "Général prussien du Second Empire", mes fréquentations s'obstinaient à n'y voir qu'un Taliban reclus dans une caverne. Ou un Wookie. Je dois avouer que cet hirsutisme en venait à limiter mes contacts sociaux. J'aurais sans doute osé parler à Melle Artemis Chasseresse (une charmante remplaçante dont c'était le dernier jour, hélas) si je n'avais craint de ressembler à la Bête du Gévaudan.

Même mon coiffeur (qui ressemble d'ailleurs lui aussi à un Taliban, et qui en est probablement un, malgré son sourire jovial) m'a fait perdre mes nerfs. A la fin, je prends mon courage à deux mains et avoue ce que je n'ose jamais lui dire au moment où il exhibe un petit miroir autour de ma tête fraichement émondée : je ne suis pas satisfait, mes cheveux gondolent, font des vagues. J'en suis au point que cela me ferait penser à des catastrophes capillaires dans le genre d'Harry Osborn (et franchement, je préférerais encore être la Chose). Il a souri avec un peu de condescendance et m'a assuré qu'on ne pouvait rien faire contre les vagues. Je n'ai osé répondre que je n'avais jamais de vagues avant et que mes boucles réussissaient à s'aplanir au moins le jour de la coupe. J'ai rougi et lui ai demandé de me pardonner.

Là, j'ai toujours un dernier chapitre de mon cours pour demain à écrire. Et j'écris à la place ce que vous êtes en train de lire. De plus, je vais aller voir un concert au Vingtième Théâtre avec Les nuits d'été (1841) de Berlioz, Verklärte Nacht (1899) de Schönberg et Il tramonto (1914, d'après Shelley) de Respighi. Mais si j'étais resté che moi, j'aurais probablement regardé le documentaire sur Monsanto sur ARTE à la place.

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