mardi 30 juin 2009

Gazouillage 2.0



Oui, maintenant qu'on sait que Twitter a renversé la dictature en Iran, ressuscité Farrah Fawcett et refroidi la planète, on est contraint par la loi d'écrire ainsi.

  • 4 jours qu'iGoogle dit que Boutin attend l'appel de Fillon http://tinyurl.com/nn3ch8

  • Fan de Jérôme Cahuzac, l'Austère Qui S'Enerve.

  • Des soutiens pour Jean Mallot sous réserve http://tinyurl.com/mufjvp

  • Copie-presque-sic: La relation Royal / Hollande réfute Tocqueville. Sigh.


  • J'en tire les leçons et je me retire du Gazouillage.

    lundi 29 juin 2009

    [JDR] Calliope 2008



    Les 35e Origins Awards de l'Académie des Jeux de simulation (prix nommés "Calliope" d'après la Muse de l'Epopée) ont été remis hier (ceux de 2009 portent sur les jeux publiés au cours de l'année précédente).

    La catégorie "jeu de rôle" fut créée lors des 3e Origins Awards de 1978 et ce fut D&D. Dragonquest gagna pour 1980 et tomba quand même dans l'oubli (il faut dire que les Origins, qui venaient de wargamers, avaient un biais simulationniste et préféraient les jeux édités par la défunte compagnie S.P.I puis Victory Games).

    A la surprise générale, c'est le petit jeu Mouse Guard qui remporte le prix du jeu pour cette année, et non pas la 4e édition de D&D (l'autre jeu nominé était le nouveau jeu lovecraftien créé pour concurrencer Call of Cthulhu, Trail of Cthulhu, de Kenneth Hite et Robin D Laws).



    Mouse Guard est l'adaptation de la bande dessinée avec souris semi-anthropomorphiques de David Petersen (où les souris ont leur taille réelle mais ont développé une civilisation pseudo-médiévale, un peu comme dans The Secret of NIMH) mais utilise une version simplifiée du système de jeu de The Burning Wheel de Luke Crane. Les illustrations sont superbes mais je ne connais pas du tout le système de la Roue Brulante (mais j'imagine déjà un cross-over entre la Garde des Souris et Cat).

    Curieusement, c'est déjà un jeu de la même micro-compagnie, le très beau Artesia (adaptation d'une bd d'heroic fantasy qui propose sans doute l'une des meilleures mythologies imaginaires jamais développées en dehors de Glorantha) qui avait gagné en 2005. Cela risque de faire jaser.

    Personnellement, les jeux de rôle parus en 2008 qui m'ont le plus attiré étaient le jeu français Qin: Shaolin & Wudang (certes, c'est une extension de Qin mais pour jouer sous la Dynastie Qing au XVIIIe siècle et non plus sous les Royaumes Combattants au IIIe siècle avant notre ère), et le jeu gratuit Sufficiently Advanced de Colin Fredericks sur un avenir post-humain (en revanche, Mutant City Blues de Robin Laws n'a pas vraiment correspondu à ce que j'attendais).

    Pour mémoire, voici la liste des derniers jeux primés par les Origins et leur équivalent français, les Grogs d'Or :

  • 2000 Calliope D&D (3rd Edition)
  • 2001 Calliope Adventure! Grog d'Or Blue Planet
  • 2002 Calliope The Lord of the Rings RPG Grog d'Or Nobilis
  • 2003 Calliope Angel (Engel) Grog d'Or Transhuman Space
  • 2004 Calliope Ars Magica (5e ed.) Grog d'Or Orpheus
  • 2005 Calliope Artesia Grog d'Or Vermine
  • 2006 Calliope Burning Empires Grog d'Or C.O.P.S.
  • 2007 Calliope Aces & Eights Grog d'Or Warhammer Fantasy (2nd Ed.)
  • 2008 Calliope Mouse Guard Grog d'Or Dark Heresy

  • Le Grog d'Or 2009 a été remis à Hellywood.

    Add. Rien à voir, mais cet article de la presse locale du St. Paul/Minneapolis suit un groupe de joueurs "Grognards" sexagénaires qui continuent à jouer depuis une quarantaine d'années, depuis que Dave Arneson (décédé cette année) avait créé les bases de D&D.

    Lavalpop



    "Archimède", les Frères Nicolas & Frédéric Boisnard, Oasis de la Mayenne ?



    (même si Bayon dit que c'est plutôt Dutronc que les Frères Gallagher)

    King of Kitsch



    Je suppose qu'il est finalement aisé d'écrire quelque chose d'intéressant sur un sujet intrinsèquement intéressant (sur l'Iran, mettons, à condition toutefois de parler Farsi) mais il paraît bien plus difficile d'écrire quelque chose d'intéressant sur un sujet aussi excessivement trivial que le décès d'un symbole désuet des années 80 (mort, de manière appropriée, à l'Hopital Ronald Reagan, pointe de la médiocrité de cette période).

  • Hady Ba voit une espérance paradoxale :
    MJ et OJ Simpson me paraissent être la preuve éclatante que ça fait déjà un certain temps que les USA sont passé dans une société post-raciale et que le racisme (réel) qu’y subissent les noirs n’est que résiduel. Dans une société authentiquement raciste, un noir soupçonné d’avoir tué ou violé un(e) blanc(he) n’aurait aucune chance d’échapper au lynchage. OJ a tué son épouse blanche et est sorti libre du tribunal. Michael a violé des enfants de toutes les couleurs et a été acquitté. Dans les deux cas on les a jugés comme on juge n’importe quel américain: sur leur argent.


  • Juan Cole (qui est lui-même un Baha'i non-orthodoxe) évoque la rumeur non-confirmée de conversion à l'Islam, comme son frère Jermaine, mais il tente de voir dans cette conversion de l'ex-Témoin de Jehovah une sorte de fluidité protéenne encore informe où tout peut toujours "recommencer" (ce qui peut aussi être un signe de "développement stoppé").

  • Bob Rossney l'analyse d'un point de vue plus esthétique parmi d'autres icônes du mauvais goût infantile de notre époque :
    In one sense, Neverland is just a point on the same curve that connects Iranistan, San Simeon, and Graceland. But unlike its predecessors, the overarching sense that I got from everything I ever heard or saw about Neverland is not "this is what happens when you marry too much money to too little taste" but rather "this is an inarticulate expression of uncontained misery."

    (...)

    In my mind, he was so far away from normative that the question of forgiveness seems totally irrelevant. Not that his no longer really being human in any meaningful sense justified his actions, or mitigated the harm he did, but that it makes no more sense to judge the morality of his actions than it would to judge Henry Darger's.


  • L'humoriste Mike Gerber réfléchit non pas sur lui mais sur nos propres blagues répétitives à son sujet :
    If satire has a salutary effect (which is debatable), its benefits come in proportion to the importance of the target: what sort of danger is being curtailed or avoided by the force of ridicule. In blasting away at MJ, American comedy did more than merely shoot a perfectly motionless fish in a tiny glass barrel; it ignored some authentic sea monsters cruising the coast.

    And for that, everybody in the satirical end of comedy needs to take a long, hard, look--not at the spectacle of MJ, but at ourselves. Which was maybe why we were so content to look at him in the first place.

  • [JDR] Vāyu



    Une description de culte pour le jeu Bhāratavarṣa.

  • Noms
    Vāyu (Air, Souffle, वायु) est le Vent, l'Air entre la Terre et le Soleil, et le Souffle vital (Prāṇa). Il est l'un des Cinq Eléménts (ākāśa l'Éther, vāyu l'Air, tejas/agni le Feu, ap l'Eau et pṛthivī la Terre).

    On l'appelle aussi Vāta (le Souffleur Errant) ou Pavana (le Purificateur, parce qu'il alimente le feu Agni). On l'appelle aussi Anila le Vent (et on appelle le Feu Anala), Il est aussi le "Marut" (Divinité des vents et des orages, comme les 11 Marutas qui accompagnent le destructeur Rudra).

    En tant que Souffle (Vāta), il est aussi associé à Vāc (la Voix, le Verbe, la Parole).

  • Capacités
    Armes de jet, Vigueur, Pugilat, Retenir son Souffle vital, Jouer un instrument à vent (nālī, tuyaux de roseaux, vaṃśa, flute de bambou).

  • Vertus
    Kṣatra.

  • Affinités
    Air (Voler, Respirer, Souffler)
    Puissance (Soulever, Endurer, Maîtriser son souffle interne)

  • Secret
    Souffle d'Immortalité

  • Rites et représentations
    Il est associé à la couleur blanche et représenté comme un homme blanc armé d'arc et de flèches, avec un drapeau.



  • Véhicule
    Le véhicule est l'Antilope ou la Gazelle, symbole de vitesse (mais on le représente parfois avec un char tiré par 1000 chevaux blancs).

  • Relations
    Vāyu est l'ami d'Agni (il nourrit son Feu) et le serviteur d'Indra (il nourrit sa Foudre). Il serait l'incarnation de la force physique d'Indra. Souvent brutal et irritable, il lui arrive de s'énerver et de tout dévaster.

    Il serait aussi le fils ou le gendre de Tvaṣṭā, le Démiurge-Artisan.

    Il est le père du demi-dieu singe Hanumān, et du héros herculéen Bhīma, un des 5 Pāṇḍavās. Il est aussi associé au Roi des Aigles, Garuḍa, la monture de Viṣṇu (mais il se serait battu avec le Dieu Oiseau autour du Mont Meru, ce qui aurait créé l'île de Laṅkā,).

    Il fut le premier Deva à boire de l'Ambroisie et est donc aussi un des Messagers divins apportant Soma.

    Il dirige aussi les Musiciens célestes des Gandharvās et Apsaras, ainsi que les Onze Marutas de Rudra (Mṛgavyādha «Chasseur», Sarpa «Serpent», Nirṛti «Infortune», Ajaikapād «Éternel Unijambe», Ahirbudhnya «Serpent de mer», Pinākin «Archer», Dahana «Brûlant», Īśvara «Seigneur», Kapālī «Porteur de crâne», Sthāṇu «Pilier», et Bhaga «Fortuné»).
  • samedi 27 juin 2009

    [JDR] Skanda



    Une description de culte pour le jeu Bhāratavarṣa.

    Cf. les premières versions d'Agni, des Jumeaux Aśvinau, de Gaṇeśa et d'Indra.

    Skanda est le jeune dieu de la Guerre, émanation selon les textes de Rudra (Śiva) ou d'Agni.



  • Noms
    Skanda ("Jaillissement", saut, éjaculation, स्कन्द) est aussi appelé Kārttikeya (कार्त्तिकेय, le fils des Six Kṛttikā, les 6 étoiles des Pleiades, associées à l'Equinoxe de Printemps, qui marquait le début de l'année en mars).

    Il est aussi connu comme Kumāra ("Le Jeune Home", "l'Adolescent"). Ses autres noms principaux sont Guha (le Dissimulé), Pāvaka (Fils du Purificateur), Ṣaṇmukha (Aux-Six-Visages), Senāpati (le Chef des Armées), Subrahmaṇya (Cher-aux-Brahmanes), Velan (celui qui porte la Lance, Vel).

  • Capacités
    Combat, Commander, Courage, Javelot, Lance, Vigueur, Résister aux tentations, Ruser.

  • Vertus
    Kṣatra.

    Mais en tant que Eternel Jeune Homme renonçant à la sexualité et protecteur du brahmacārin (chaste étudiant brâhmanique), il peut aussi dispenser Mokṣa.

  • Affinités
    Combat (Lancer la Lance magique Vel, Motiver troupes, Subterfuges de Guerre)
    Adolescent (Force, Innocence)

  • Secret
    Détruire l'Erreur

  • Rites et représentations
    Skanda est représenté comme un jeune adolescent avec six têtes, comme ces six mères nourricières, les étoiles Kṛttikā (il est parfois dit que la sixième tête est une chêvre de sacrifice). Il chevauche le Paon et a 12 mains. Il porte sa lance Vel (ou śakti) qui lui revient quand il la jette, mais aussi diverses armes de trait et une hache ou un disque-cakraṃ.

    Il est adoré particulièrement pendant le mois de kārttika (octobre-novembre), qui porte son nom.



  • Aspects et avatars
    En tant que Skanda et Kārttikeya, il est surtout le Dieu de la Guerre, Général des Armées des dieux, il a tué des démons comme l'asura / daitiya Tāraka et aurait participé à la mort de l'asura Mahiṣa (qui fut vaincu par la Déesse Durgā).

    Kumāra est son Aspect de Jeune Homme, éternellement puceau, gardien de l'abstinence sexuelle.

    Nejameṣa, Naigameṣa (Croque-mitaine), Viśākha (le Cornu), Skandagraha (Skanda-qui-attrape) est son aspect terrible, à tête de bélier sacrificiel. Il enlève des petits enfants.

    Nīla-Lohita (le Bleu-Rouge) est une forme en tant qu'aspect de Śiva Nīlakaṇṭha (Gorge-Bleue), parce qu'il transforme le venin du serpent en ambroisie.

  • Véhicule
    Skanda a pour monture le mayūra (paon) Paravāṇi (परवाणि). Il est aussi associé à un coq qui lui sert de fanion.

  • Adorateurs
    Les kṣatriya s'identifient à Skanda et portent souvent un épieu ou un javelot Vel comme lui.

    En tant que maître des subterfuges, il est aussi adoré par les voleurs et criminels.

    Skanda est particulièrement adoré dans les Terres du Sud, sous le nom de Murugan (et sous un aspect nettement moins chaste que Kumāra). Son culte est strictement interdit aux femmes en tant que maître de la virilité.

  • Relations
    Skanda est le fils d'Agni, le Feu, mais aussi et surtout le fils de Rudra (Śiva). Une version raconte qu'il serait né de la semence de Rudra préservée et enflammée par Agni.

    Il n'aurait pas de mère, contrairement à son frère Gaṇeśa, avec qui il co-dirige les Hordes de leur père Śiva. Il est cependant un protégé de la Grande Déesse (Mahādevī) Durgā (et de Kālī) en tant qu'émanation et semence de Śiva et porteur de l'énergie sexuelle féminine de la śakti.

    Une version dit qu'il serait le fils de la déesse Gaṅgā via une semence d'or.

    Son épouse symbolique est "Devasenā"("l'Armée Divine") ou Vallī en tant que Senāpati (le Général des Armées divines).


  • Cf. sur Skanda : A. Daniélou, Mythes et dieux de l'Inde p. 452-456. Louis Renou, L’Inde classique, §1023 (p. 497), Madeleine Biardeau, "Skanda", dans Y. Bonnefoy (dir.), Dictionnaire des mythologies, vol. 2.

    Ressources en ligne : entrée Skanda et ce site sur la Murugan Bhakti

    vendredi 26 juin 2009

    Méta-nécro



    Ce matin, iTélé : "Nous venons d'avoir une nuit spéciale sur ce décès (d'une célébrité).

    L'information en continu revient à l'absence totale d'information.

    Cela vaut pour toutes les autres couvertures de ce type.

    jeudi 25 juin 2009

    Gollum et Circenses



    The Iranian Government want to keep us indoors, and quiet. But which subversive programmer picked "The Lord of the Rings"? (via):

    Gandalf the Gray returns to the Fellowship as Gandalf the White. He casts a blinding white light, and his face is hidden behind a halo. "Imam zaman e?!" someone in the room asks. Is it the Mahdi, the last imam and, according to Shia Islam, the savior of mankind?

    (...)

    Gandalf's white steed strides into the frame. It is instantly transformed by local viewers into Rostam's mythical horse, Rakhsh. Rostam, the great dragon-slaying champion of Ferdowsi's poetic epic "Shahnameh," which recounts the whole history of Iran.


    Et le Daily Show montre aussi qu'on les regarde beaucoup à Téhéran.

    mardi 23 juin 2009

    Galimafrée



  • Dans ce remaniement du Gouvernement, qui ne peut pas aimer le Madelinien Luc Chatel à l'Education, lui qui avait révélé, quand il était à la Consommation, qu'il apprenait l'Inflation en lisant la presse ?

    On peut le voir sur cette vidéo de 1986 comme leader étudiant contre les manifestations sur la loi Devaquet en 1986, quand il passait sa licence de gestion. [Correction : la page semble avoir été retirée ou déplacée. Censure !]

    Luc Chatel, contrairement à Schwarzenegger, aurait presque pu se présenter à la Présidence des USA comme il est né dans le Maryland, mais je crains que cela ne suffise pas à en faire un "natural born citizen" et il aurait fallu qu'il reste au moins 14 ans sur le territoire américain pendant ses 35 premières années (article 2 de la Constitution).

  • (Piqué à Cardamome) En fant que fils aîné, je me réjouis que le gouvernement ait enfin créé un Secrétariat d'Etat dédié à notre cause contre tous ces puînés et benjamins. Après tout, si on croit la théorie de Frank Sulloway, nous sommes l'axe de stabilité de la société. L'égalité entre enfants imposée contre le sens commun depuis 1848 ne doit plus être un dogme.

    Priorité : une loi pour défendre notre préciput contre les plats de lentilles.

  • Une synthèse sur les mauvaises traductions de titres de films.

  • Tom Roud dissèque la pub pseudo-scientifique sur la probabilité de gagner un cancer par le big bang (quand même supérieure à celle qu'on avait que nos parents nous avortent, si j'ai bien compris le raisonnement modal très tortueux de la pub).



    En passant, un sujet tomroudien, les créationnistes ont une nouvelle stratégie amusante contre Darwin : publier leur propre version de L'origine des espèces.
    Finalement un argument contre la limitation des copyrights !

  • Après Transformers, d'autres adaptations cinéma de jouets & produits dérivés des années 80 :



    Je ne connaissais pas cet ours parlant Teddy Ruxpin, mais tout est toujours mieux réalisé par Wes Anderson.

  • Perle de copie :
    "Le désir de gloire peut conduire à la destruction,
    comme cela arriva à Achille Talon."


    C'est dans quel album cette hubris ?

  • Add. Via phnk : Ahmadinejad doit être terrifié par cet accent.

    Oh, whatever happens, trop d'anaphore tue l'anaphore.
  • Publication posthume par un fantôme



    Il y a des chercheurs jaloux des ordres d'apparition dans les co-auteurs mais il y a aussi l'histoire inverse où un co-auteur était un fantôme : c'est une histoire de rédaction d'article après la mort, avec apparition du spectre ("simulacrum") de Thomas Trobaugh (Orsay) d'un article de mathématiques paru dans le Festschrift pour Grothendieck, raconté ici :

    (...) the paper "Higher algebraic K-theory of schemes and of derived categories" by R. W. Thomason and Thomas Trobaugh, which Thomason wrote with his deceased friend Trobaugh after Trobaugh appeared to him in a dream:


    "The first author must state that his coauthor and close friend, Tom Trobaugh, quite intelligent, singularly original, and inordinately generous, killed himself consequent to endogenous depression.

    Ninety-four days later, in my dream, Tom's simulacrum remarked, 'The direct limit characterization of perfect complexes shows that they extend, just as one extends a coherent sheaf.'

    Awaking with a start, I knew this idea had to be wrong, since some perfect complexes have a non-vanishing K_0 obstruction to extension. I had worked on this problem for 3 years, and saw this approach to be hopeless. But Tom's simulacrum had been so insistent, I knew he wouldn't let me sleep undisturbed until I had worked out the argument and could point to the gap. This work quickly led to the key results of this paper. To Tom, I could have explained why he must be listed as a coauthor."

    lundi 22 juin 2009

    Vox regis



    L'opposante enragée de France 3 Audrey Pulvar, la seule journaliste-présentatrice à avoir protesté contre la saine purification du service public, a donc décidé d'aller dans le privé, en partant vers i-Télé (Groupe Canal + Vivendi SFR Neuf Cegetel Universal Music).

    Le Point (via), modèle d'indépendance, nous rassure : Pulvar aurait très bien pu rester sur France TV, on ne la chassait pas (on lui indiquait seulement la possibilité ouverte d'éventuellement vider son tiroir si jamais elle le désirait) mais c'est elle qui devait être trop intéressée par l'argent.

    Ce ne sont pas les intègres élus passés dans l'Ouverture qui pourraient être aussi corruptibles que ces gens qui s'opposent aux Réformes contre l'Hypocrisie. Mme Pulvar laissait insinuer par exemple qu'il aurait pu être risqué que le Président de France TV soit directement nommé par le Président au lieu de l'être subrepticement - mais si cela représentait vraiment une perte de libertés antérieures, le CSA ou d'autres l'auraient déjà remarqué.

    Jean-Luc Hees - si brillant devant le CSA - nous assure qu'il laissera France Inter en toute indépendance (il le dit en faisant intrusion en plein milieu d'une émission, pour dire qu'il n'interviendra pas dans les émissions).

    Philippe Val montre son courage en résistant à la pression publique qui l'empêcherait de suivre sa conscience, et il écarte un chroniqueur qu'il n'aimait pas et qui l'avait critiqué.

    On fait un mauvais procès à notre bien-aimé Souverain quand on dit qu'il détourne l'attention en parlant de vêtement parce qu'il n'aurait rien à dire et en mélangeant libéralisme de rupture, critique de la laïcité un jour et plagiat de Chirac le lendemain (Guaino a dû télécharger illégalement du Villepin).

    Notre Souverain bien-aimé est simplement Ouvert et pragmatique. Il ne s'enferme pas dans des dogmes révolus comme la "cohérence" ou de grands mots comme "la République" ou "la séparation des pouvoirs". Il sait simplement tirer des leçons internationales sur les filtres déformant entre sa parole souveraine et la volonté si confuse et contradictoire de "corps intermédiaires". Il est si cultivé qu'il peut puiser dans des exemples comme le pluralisme italien, mais aussi le modèle iranien pour l'information.

    Extériorité



    Dans un bon reportage sur la scientologie (où on apprend que leur Pape-PDG David Miscavige aime battre fréquemment ses subordonnés en plus de violer les lois), un jargon amusant :


    On Jan. 27, 1986, thousands of Scientologists gathered at the Hollywood Palladium in Los Angeles, where a solemn Miscavige delivered the news: The founder had moved on to a new level of research that would be "done in an exterior state … completely exterior of the body.''

    At 74, L. Ron Hubbard was dead.


    "Its metabolical processes are of interest only to historians! It's hopped the twig! It's shuffled off this mortal coil! It's run down the curtain and joined the choir invisible! This.... is an EX-PARROT!"

    Concurrence non-faussée



  • La Ligue de Justice utilisée pour expliquer l'avantage comparatif.

    A vrai dire, je crois que je comprends finalement mieux l'exemple originel de Ricardo avec le vin et le textile que celui avec Superman affrontant un Mange-Soleil.

  • Le sens commun cite souvent les nouveaux numéros des renseignements comme un exemple où plus de concurrence n'a ni baissé les prix ni amélioré la qualité. Un autre exemple, plus controversé, fut la privatisation et division du British Rail.

    Robin Laws évoque les chaînes d'information sur le cable en prenant l'exemple de l'Iran (où la BBC fut adéquate mais où les chaînes américaines souffrirent de leur manque de correspondants à l'étranger) :


    On a note of lesser importance, the failure of all three US cable news networks to engage with the story as it unfolded shows how increased competition can lead to a degraded product.

    To keep up with Fox and MSNBC, CNN gutted its expensive foreign bureaus and international coverage in favor of much cheaper in-studio chatter. The Turner-era CNN would be all over this. Here competitive pressure led to a cheaper, not a better, product.


    Il parle de CNN tout court, qui a vraiment baissé en qualité, pas de CNN International, où le déclin fut un peu moins flagrant. Il faut dire que la CNN de l'époque de Ted Turner dans les années 80-90, avec sa concentration sur l'ONU et les affaires internationales qui frisait un message "cosmopolitiste", était vraiment une anomalie dans une Amérique dont une frange non-négligeable croit vraiment que l'ONU risque de devenir une dictature mondiale (et Fox News doit alimenter leur crainte à la Michelle Bachmann). Même la star de CNN, la Lois Lane Christiane Amanpour a reconnu qu'il y avait eu une dégénerescence à cause de la compétition avec Fox. (Cela dit, on dit que CNN a quand même pris conscience du problème).

  • dimanche 21 juin 2009

    John Hodgman on Jocks vs Nerds



    Au dîner des correspondants radio et télé, juste après Barack Obama, John Hodgman explique la vraie division de notre époque, ceux qui savent qui est le dieu Crom et les autres.



    Voir aussi le commentaire par Untravel.

    Seht die Geduld // Auf unsere Schuld



  • Le professeur d'informatique aux talents si divers Bernard Chazelle quitte la satire politique pour un commentaire de l'introduction à la Passion selon Saint Matthieu BWV 244 de Jean-Sébastien Bach (voir aussi ses remarques sur Jauchzet Gott in allen Landen BWV 51 et le choeur de la Passion selon St Jean Ruht wohl, ihr heiligen Gebeine).


    "Kommt, ihr Töchter, helft mir klagen" (Come, you daughters, help me lament) is a musical Agnus Dei and starts at the end. Jesus is dead and the daughters of Zion (ie, the Church) are called to share the choir's mourning.

    The [Saint Matthew Passion] is a palindrome and each movement is itself circular. Bach's nested circles are a theological reinterpretation of time meant to shatter the linear ordering of past, present, and future.


  • Allés aux "Saisons russes" avec Armide. Les Ballets de Diaghilev, Petipa, Liefar, Balanchine et Nijinsky avaient révolutionné l'art du XXe siècle, mais le pastiche centenaire par Andris Liepa et sa soeur Ilze ne laisseront sans doute pas les mêmes traces, même si les scénographies rendaient un hommage réussi au style art-déco de Léon Bakst.



    Le Dieu bleu était profondément remanié. La version originale (1912) avait une musique de Reynaldo Hahn et devait donc être assez décevante (Hahn étant très loin du Vinteuil rêvé par le Narrateur), mais Liepa y a substitué le Poème de l'Extase de Scriabine, sans doute trop symphonique et pas assez "narrative" pour le ballet. Le thème orientalisant (il y a un vague prétexte indien/thaïlandais où le dieu Kṛṣṇa - Phra Narai en thaïlandais - sauve un couple du sacrifice) n'est finalement guère utilisé dans la danse de la Déesse au Lotus mais les festes siamois sonnent presque aussi authentiques que des Incas des Indes galantes.

    Tamara (1882, jouée aux Ballets russes en 1912) de Balakirev m'a plus plu musicalement (même s'il n'y avait pas d'orchestre) parce qu'elle évoquait très directement la Sheherazade (1888) si pseudo-orientale de Rimsky-Korsakov, et probablement aussi parce que la danseuse géorgienne Irma Nioradze rendait bien l'érotisme du conte de Lermontov librement inspiré de la Reine de Géorgie (Sainte) Tamar (1160-1213). La vraie Tamar régna sur un petit empire orthodoxe du Caucase, sur les Arméniens, les Alains et les Azeris avant les invasions mongoles, mais la Tamara (1841) de Lermontov était une reprise du mythe de Cléopatre (qu'on retrouve aussi dans le dernier texte inachevé de Pouchkine, Les Nuits égyptiennes, 1835) selon lequel elle acceptait de coucher avec un homme s'il acceptait de mourir au matin. Les candidats ne manquaient pourtant pas pour approcher ainsi le lien de l'érotisme et de la mort.

    Armide a ironisé - à juste titre - que le public adorerait plus une chorégraphie avec une esthétique de "patinage artistique".

    Ils ont ensuite ajouté le Boléro de Ravel (1928), avec la subtilité de Russes simulant un flamenco, ce qui ajoutait ainsi l'Espagne aux divers orientalismes de la soirée (mais il est vain de se moquer du Bolero comme c'est déjà un cliché des conservateurs comme Allan Bloom de le réduire à une sorte de déclin de la musique contemporaine vers une "immédiateté" organique).

  • vendredi 19 juin 2009

    [JDR] Cat, A Little Game about Little Heroes



    Leur rein fécond détient l'étincelle alchimique
    Et de l'or en copeaux tout comme un sablon fin
    Fait l'étoile indécise en leur iris magique

    Jacques Roubaud, Les Chats de Baudelaire avec 0 e muets

    Cat est un petit jeu de rôle créé par John Wick (créateur notamment de Legend of the Five Rings, 7th Sea et plus récemment Houses of the Blooded). Le titre n'a rien de trompeur, il vous propose bien de jouer des Chats.

    Mais une des idées originales est de créer une mythologie qui puisse permettre de confirmer toutes nos idées reçues sur des chats domestiques réalistes, mais aussi un univers fantastique où le Chat serait une créature mythique. Wick ne cite pas explicitement la référence mais je crois qu'il reprend de près l'histoire et l'humour félinocentrique dans A Dream of A Thousand Cats de Neil Gaiman (Sandman #18), où on apprenait que les Chats se souvenaient de rêves archaïques où ils régnaient sur la réalité.



    Selon Cat, les Chats sont bien entendu l'espèce supérieure de la planète. En tant qu'espèce supérieure, ils protègent leurs vassaux, les Humains, qui les servent et les nourrissent. Les Chats sont de meilleurs rêveurs que les Humains et ils voient des choses que les Humains refoulent, les Cauchemars et les névroses qui hantent notre psyché. Les Chats sont des artistes savants et des créatures magiques qui sillonnent nos songes pour lutter contre des Parasites oniriques (les "Croquemitaines", Boggins) qui se nourrissent de nos regrets, de nos péchés et de nos espoirs mutilés. C'est pourquoi les Chats dorment tant. C'est pourquoi ils semblent tant s'agiter dans leur sommeil paradoxal. C'est pourquoi ils se hérissent et grogent parfois face à un mur qui nous semble vide ou luttent contre ce que nous croyons être de simples ficelles. C'est pourquoi nous ne pouvons pas les comprendre et pourquoi ils nous apparaissent si domestiques et si peu domestiqués, bêtes de compagnie et suzerains.

  • Système de jeu

    Cat est très simple. Chaque caractéristique a un certain nombre de Dés (entre 3 quand on est normal à 5 quand on est vraiment très bon). Pour réussir une action, il faut obtenir un certain nombre de résultats pairs.

    Le Chat a 6 caractéristiques :
    (1) Museau (sa perception, capacité à sentir mais aussi ses moustaches et ses yeux, les chats sentent par la langue)
    (2) Crocs (pour mordre et pour aggriper)
    (3) Griffes (pour se battre mais aussi pour escalader)
    (4) Pattes (pour sauter et se réceptionner)
    (5) Robe (son pelage, mais aussi son apparence vis-à-vis des autres chats)
    (6) Queue (sa capacité à rêver et à faire de la magie)



    On n'a plus qu'à ajouter 7 dés de "Réputation" pour individualiser le Personnage Félidé. Les Chats qui ont un bon score en Queue peuvent aussi l'agiter pour lancer quelques "Tours" magiques comme Tomber sur ses Pattes, Devenir Invisible ou Charmer Humain.

    Par exemple, Isis (c'est son pseudonyme humain, elle s'appelle en fait Meehoarou chez ses congénères quadrupède) est une très belle Chartreuse (Robe 5 dés), agile, magicienne douée et dotée de solides griffes (Pattes, Griffes et Queue 4 dés, les autres caractéristiques sont donc seulement bonnes : Crocs, Museau 3 dés).

    Elle a une réputation pour une Séductrice (bonus à Robe 1), Manipulatrice d'Humains (2) et Chasseuse de Cauchemar (bonus à Queue ou Museau pour la chasse 4).

    L'univers de Cat est dangereux, avec ses êtres cauchemardesques que seuls les Chats (et dans une certaine mesure ces simplets mais loyaux Chiens) peuvent repérer par leurs sens. Un Cauchemar peut prendre le contrôle d'un Humain, contaminer ses rêves comme des puces ou des tiques parasitent le pelage. Il n'est pas toujours facile d'expliquer aux humains si bornés les dangers auxquels ils s'exposent dans ce monde qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas voir.

  • Cat vs Cats! La Macarade

    Il s'agit en fait d'une invention indépendante mais depuis au moins 2005, le français Tlön Uqbar (qui n'est pas le célèbre lecteur blogueur et cinéphile Tlön Ruines Circulaires) a créé son propre jeu de rôle sur les chats, Cats! La Mascarade.

    L'atmosphère dans les deux jeux est relativement proche et Cats! La Mascarade a de nombreux scénarios et un univers plus détaillé, avec un très bel écran. Le jeu va d'ailleurs paraître en français chez les Editions Icare.

    Il y a quand même quelques différences dans le ton. Cat de Wick reprend plutôt une sorte de conte de fée onirique, Cats! La Mascarade ressemble plus à une parodie du jeu Nephilim ou aux jeux de World of Darkness comme Vampire ou Mage.

    Les règles de Cats! sont un peu plus complexes et proches d'un jeu de rôle habituel. On peut jouer soit des Chats, soit des Humains se transformant en Chats (les "Bastet" comme les félins-garous dans Werewolf). Les Chats sont divisés en deux sous-espèces, les Chats dégénérés, qui sont bien les bêtes qu'ils paraissent être, et les Chats réels qui sont des magiciens très puissants qui luttent en secret contre diverses sociétés secrètes à travers le monde en se dissimulant des Humains depuis la chute de l'Atlantide (c'est la "Mascarade", hommage au même concept dans Vampire : les personnages chats doivent agir tout en évitant que les Humains ne découvrent le secret de leur intelligence). Comme dans Vampire, il y a aussi des "Conseils" dans chaque cité humaine. Les Chats ont des pouvoirs psis bien plus puissants que les petits Tours discrets de Cat, et même des technologies cachées (une faction veut organiser un départ de la Terre avec des alliés extra-terrestres) et certains peuvent même voyager dans le temps !

    Sans avoir encore testé les deux jeux, il me semble que je préfère un peu le jeu de John Wick pour ses règles discrètes adaptées au cas particulier mais que le jeu de Tlön pourrait être plus riche et plus divers. Les deux jeux prennent les Chats très au sérieux (un peu comme le jeu Bunnies & Burrows inspiré de Watership Down) mais n'y ajoutent pas exactement le même type d'humour.

    Mais certaines des idées de Cats! La Mascarade (notamment celle que tous les Chats ne sont pas nécessairement intelligents) pourraient aussi être importées vers l'univers de Cat.


  • Add. Il y a un PJ chez MadCat et sur le CharacterWiki.

    ἀδύνατον



    D'habitude, il n'y a que les présentateurs français qui prennent cet air amusé/effaré en citant les sujets de baccalauréat de philo. Mais maintenant, ça a atteint même la blogosphère washingtonienne.


    Apparently there’s also a question asking if it’s absurd to desire the impossible.

    I think it is.

    Either way, I think it’s safe to say that Barack Obama’s nowhere near turning us into France.


    J'espère que mes élèves ne suivent pas la méthodologie lapidaire d'Yglesias - une large majorité des élèves ayant pris cette "question de cours".

    Art Goldhammer surdétermine la question comme une révolte mai-soixante-huitarde (la citation de Maurice Blanchot, "être réaliste, c'est demander l'impossible", autrement dit la Chose en soi au-delà des phénomènes connaissables dans l'expérience - la phrase est parfois attribuée à divers auteurs dont Guevara) alors que c'est une question éthique standard depuis au moins Epicure ou le Stoïcisme.

    Shorter Badinguet



    Conférence de presse de Bruxelles :


    Il serait irresponsable en pleine hausse du chômage dans l'Europe de faire un chômeur de plus en renvoyant M. Barroso et en affaiblissant ainsi les institutions européenne en laissant faire le Parlement européen.


    'Shorter’ concept created by Daniel Davies and perfected by Elton Beard. Giving proper attribution for the ‘Shorter’ concept pioneered by Sadly, No!

    mercredi 17 juin 2009

    Miéville sur le concept de "sous-création"



    Le sens commun s'est inversé à présent sur Tolkien et on a tendance à voir rétroactivement en lui tous les vices de ses innombrables clones ou la lourdeur simplificatrice de ses fans. Moorcock a attaqué violemment le maître de la High Fantasy épique en le réduisant à une forme de réaction guindée oxfordienne (pour Moorcock, les vrais grands auteurs britaniques fantastiques étant Edith Nesbit ou Mervyn Peake) et il est devenu à la mode de caricaturer en Tolkien quelque chose de médiocre dans le genre des pisse-copies commerciaux comme Terry Brooks, David Eddings ou Terry Goodkind. Il était original à l'époque du poète W.H. Auden de dire qu'il aimait Tolkien (parce qu'on le considérait comme un écrivain pour enfants) mais il serait aussi paradoxal de l'avouer aujourd'hui (où on le considère comme un succès de masse pour une époque d'infantilisation geek).

    C'est pourquoi il est rafraichissant de lire un auteur aussi post-post-post- déconstructomarxiste que China Miéville écrire un éloge de Tolkien. La platitude est redevenue paradoxale et après des années à répéter que Tolkien est l'idéologie occidentale raciste colonialiste et réactionnaire (les Elfes comme Ur-Aryens, la technophobie inspirée du socialiste romantique William Morris) on est revenu à la réception des années 60 qui insistait plus sur les potentialités inexplorées.

    Par exemple, le concept de "sous-création" (défendu par le catholique Tolkien dans son essai, "On Fairy-Stories", 1939) est devenu une telle évidence aujourd'hui qu'on oublie à quel point Tokien (plus que ses devanciers comme E.R. Eddison) fut en rupture avec toute la tradition littéraire sur ce point : le récit doit dériver du cadre fictif au lieu que ce dernier ne serve que le récit. Avant Tolkien, il y avait des cosmogonies et des "constructions de mondes", mais les mondes étaient archivés par les mythologues à partir du chaos contradictoire des mythes. Le récit fictif avant le monde fictif. Avec le fantastique moderne, la mythologie est perçue comme une matrice productrice de nouveaux mythes, au lieu d'une réorganisation d'après-coup, le monde comme une des conditions du récit.


    Middle Earth was not the first invented world, of course. But in the way the world is envisaged and managed, it represents a revolution. Previously, in works such as Eddison's, Leiber's, Ashton Smith's and many others', the worlds of magic, vibrant, brilliant, hilarious and much-loved as they may be, were secondary to the plot. This is not a criticism: that's a perfectly legitimate way to proceed. But the paradigm shift of which there may be other examples, but of which Tolkien was by a vast margin the outstanding herald, represents an extraordinary inversion, which brings its own unique tools and capabilities to narrative. The order is reverse: the world comes first, and then, and only then, things happen--stories occur--within it.

    So dominant is this mode now (as millions of women and men draw millions of maps, and write millions of histories, inventing worlds in which, perhaps, eventually, a few will set stories) that it's difficult to see what a conceptual shift it represented. And it is so mocked and denigrated--often brilliantly, as in the ferocious attack by M. John Harrison, that outstanding anti-fantasist, wherein he describes worldbuilding as the 'great clomping foot of nerdism'--that it's hard to insist that it brings aesthetic and epistemological possibilities to the table that may be valuable and impossible any other way.

    Raisons des Lazzis



    Bien qu'on ne puisse que se féliciter que Badinguet subisse des quolibets ou des huées bien méritées, il faut quand même remarquer qu'en l'occurrence, pendant les obsèques de Bongo, il n'était pas moqué pour les bonnes raisons : pas pour son discours de Dakar ou bien pour ses déclarations cyniques ("La France n'a pas besoin de l'Afrique") qui précédaient les valises venant de Bongo.

    Non, les membres du Parti Démocratique Gabonais d'Ali Bongo, qui avaient été triés pour être là, en voulaient à Sarkozy parce qu'il n'aurait pas empêché les enquêtes sur les fortunes pillées par Bongo (notamment pour financer le RPR de Chirac ou Pasqua) et parce qu'il aurait divulgué son décès en Espagne trop vite, sans attendre le feu vert de Libreville, avant que le dauphin ne se prépare à des mascarades d'élections.

    Ces dignitaires ne lui reprochaient pas de continuer hypocritement la politique de Françafrique tout en prétendant la dépasser, mais de ne pas avoir encore assez limité le pouvoir juridique dans son pays (j'imagine que l'image quasi-berlusconienne de notre pays doit être telle qu'on doit avoir du mal à croire encore à une justice indépendante).

    Il est presque touchant de voir que Chirac n'avait pas jugé utile de venir pour les funérailles de Léopold Sedar Senghor en décembre 2001 (il n'était certes plus Président depuis 1980, mais cela ne change rien) mais que les deux derniers Présidents trouvent le temps pour un des pires kleptocrates de la planète.

    dimanche 14 juin 2009

    Rumeurs perses




    D'après Electronic Maji, ce serait les vrais résultats des élections iraniennes :


    Unofficial news - reports leaked results from Interior Ministry:
    Eligible voters: 49,322,412
    Votes cast: 42,026,078
    Spoilt votes: 38,716

    Mir Hossein Mousavi: 19,075,623 (45,43%)
    Mehdi Karoubi: 13,387,104 (31,9%)
    Mahmoud Ahmadi-nejad: 5,698,417 (13,57%)
    Mohsen Rezaei: 3,754,218 (8,9%)


    Soit 41 987 362 suffrages exprimés. Il y aurait alors eu ballotage avec un second tour entre les deux candidats "modérés", Mousavi contre Karoubi.

    Voici les résultats officiels :


    Valid votes 38,755,802 98.95%
    Blank or invalid votes 409,389 1.05%
    Totals 39,165,191

    Mahmoud Ahmadinejad 24,527,516 (62.63%)
    Mir-Hossein Mousavi 13,216,411 (33.75%)
    Mohsen Rezaee 678,240 (1.73%)
    Mehdi Karroubi 333,635 (0.85%)


    Si les premiers chiffres cités ont une base de vérité, la faction Ābādgarān (le Parti conservateur) aurait paniqué en voyant qu'Ahmadinejad ne passait même pas au second tour qui se serait déroulé entre Mousavi et l'ancien Président du Parlement Mehdi Karroubi, qui est aussi un "modéré" (le célèbre philosophe Abdolkarim Soroush soutenait d'ailleurs ce clerc controversé).

    Ce serait d'ailleurs presque Mehdi Karroubi plus que Mousavi qui se serait fait voler le plus de voix dans ce modèle, Mousavi perdant 12 points, Karroubi 31 points (!!!) et même le conservateur Rezae se faisant prendre 6 points (d'ailleurs, lui aussi a protesté contre les résultats).

    Mais cela reste pour l'instant une pure spéculation. Après tout, de nombreux sondages donnaient des scores assez elevés à Ahmadinejad, bien supérieurs à ce chiffre si bas de 13% (mais Laura Secor mentionne des sondages qui donnaient en effet une nette avance pour Mousavi et Karroubi, et dit que la forte participation aurait dû en théorie nuire à Ahmadinejad). Il semble y avoir peu de doutes qu'il y a eu de la fraude mais la question est de savoir dans quelle ampleur : faire passer Ahmadinejad de 5,7 millions à 24,5 millions semble vraiment extrême.

    Il y a seulement 4 ans, en 2005, le Premier Tour des élections présidentielles avait donné 6,2 millions de voix à l'Ayatollah Rafsandjani et 5,7 millions à Ahmadinejad, avec une participation largement inférieure autour de 60%, contre 85% cette fois-ci. La rumeur redonne donc quasiment le même nombre d'électeurs à Ahmadinejad en valeur absolue, alors que les résultats officiels doublent ce nombre par 4 en 4 ans ! Il est vrai qu'il y a cette fois moins de candidats conservateurs qu'en 2005 comme le Maire conservateur de Téhéran Ghalibaf ou le spécialiste de Kant Ali Larijani, qui était aussi très proche du Guide Khamenei.


    Akbar Hashemi Rafsanjani 6,211,937 (21.13%)
    Mahmoud Ahmadinejad 5,711,696 (19.43%)
    Mehdi Karroubi 5,070,114 (17.24%)
    Mostafa Moeen 4,095,827 (13.93%)
    Mohammad Bagher Ghalibaf 4,083,951 (13.89%)
    Ali Larijani 1,713,810 (5.83%)
    Mohsen Mehralizadeh 1,288,640 (4.38%)


    Comme le dit Gordon Robison, il n'y a pas que deux hypothèses à considérer (soit Ahmadinejad avait vraiment gagné, soit le Grand Ayatollah Ali Khāmene’i et Ahmadinejad ont organisé un coup d'Etat). Il y en a une troisième, assez étrange : et si Ahmadinejad et son parti Ābādgarān avait fait un coup d'Etat contre le vainqueur Mousavi mais aussi contre le pouvoir du Conseil des Gardiens cléricaux. La Révolution mange aussi ses Parrains et le Sepáh e Pásdárán (l'Armée des Gardiens), qui contrôle déjà toute une partie de l'économie de la République islamique, lutterait alors aussi contre le Conclave de l'Assemblée des experts.

    Des rumeurs disent en effet que même certains des juristes cléricaux seraient opposés aux résultats officiels. En 2007, le Grand Ayatollah Khamenei avait nommé un proche, le Général Mohammad Ali Jafari à la tête de l'Armée pour remplacer Safavi, qu'on disait plus proche d'Ahmadinejad, mais il faudra voir si la répression des modérés proches de Mousavi va plus loin et a aussi une reprise en mains par l'aile autour d'Ahmadinejad.

    Ce serait alors la fin d'une phase théocratique du pouvoir clérical. En fait, de nombreux mollahs autour des anciens Présidents l'Ayatollah Rafsandjani et Khātamī soutenaient Mousavi et à l'inverse Ahmadinejad incarne peut-être plus une victoire d'une dictature des "Laïcs" militaires (même s'ils sont plus radicaux du point de vue "théologique").

    Les Néo-cons américains et certains milieux bellicistes se réjouissent plutôt de la victoire de l'aile dure iranienne, pour justifier une intervention militaire (mais on peut douter que Netanyahou ose une attaque sans l'aval américain). Mais s'il y a vraiment une Guerre civile complexe entre des factions du gouvernement iranien (radicaux d'Ahmadinejad avec l'Armée des Gardiens, conservateur de l'Ayatollah Khamenei et du maire de Téhéran et l'aile de Mousavi), leur argument pourrait finalement être quand même affaibli puisqu'il est évident qu'elle renforcerait aussitôt Ahmadinejad.

    Add.

    Andrew Sullivan cite d'autres chiffres de la campagne de Mousavi :

    # Mousavi – 21.3 million (57.2%)
    # Ahmadinejad – 10.5 million (28%)
    # Rezai – 2.7 million (7.2%)
    # Karroubi – 2.2 million (6%)



    Dans cette version (qui viendrait de résultats partiels), Mousavi aurait gagné dès le premier tour mais cela jette un doute certain sur l'autre rumeur qui donnait Karroubi juste derrière Mousavi avec 13 millions de votes.

    Add. 2 : Flashpolitique.fr traduit en français quelques twitters iraniens (anglais). Il y a une liste de ces twitters par ville.

    Add. 3
    Juan Cole (qui donne plusieurs arguments régionaux pour douter des résultats officiels) analyse un sondage qui semblait sérieux et très favorable à Ahmadinejad. Mais même si on y croit, il ne donnait que 45% à Ahmadinejad au premier tour, bien loin des 62%.

    Add. 4
    D'après le Guardian, Mohammad Asgari qui aurait divulgué les résultats indiqués ci-dessus serait décédé "d'un accident de voiture".

    vendredi 12 juin 2009

    Découvertes de nouvelles Indes imaginaires



    Une des raisons (en dehors de mon infinie paresse) pour laquelle le projet de jeu de rôle Bharatavarṣa avait été laissé de côté depuis un an était en fait le projet de Devâstra du Septième Cercle, par les mêmes auteurs que le très bon Qin. Je me disais que cela ne valait plus la peine de préparer un jeu amateur alors qu'un jeu professionnel allait sortir sur le même thème.

    Mais cette interview des créateurs de Devâstra me semble indiquer que le monde sera "inspiré" de l'Inde sans être l'Inde védique/mythique, un peu comme Legend of 5 Rings est librement inspiré du Japon médiéval ou que Capharnaüm est très librement inspiré du Proche-Orient médiéval. Il y a même un petit côté Exalted ou Bloodlust à Devâstra, qui semble le rendre nettement moins pseudo-historique que Qin.

    jeudi 11 juin 2009

    Beaux Gosses & Dragons




    Je crois que le jeu de rôle a pu se remettre des critiques de Mireille Dumas mais il sera plus difficile à D&D de ne pas être durablement ringardisé par la scène embarassante dans Les Beaux Gosses de Riad Sattouf (ci-dessus avec l'actrice Alice Trémolières qui joue la jolie bourgeoise de Rennes, Aurore).

    La scène ressemble un peu à des vidéos comme Tom et ses Cheums ou Fear of Girls, mais il suffit de dire que c'est, je crois, la parodie la plus cruelle de rôlistes que j'ai vue, ce qui est normal comme l'humour noir de Sattouf jette généralement le sel là où cela fait mal sur ses propres complexes.

    D'habitude, les rôlistes sont montrés tout au plus comme des geeks associaux, là cela devenait une activité névrotique inquiétante et franchement malsaine et misogyne (bien que cela soit aussi plus une traduction de la classe d'âge que du hobby). Je crois, hélas, que de nombreuses expériences de joueuses ont été conformes à cette satire.

    Mais on peut se demander pourquoi ce hobby est toujours plus associé à la frustration sexuelle (notamment aux USA) que la philatélie ou le bird-watching.

    Même quand Shelly Mazzanoble écrit un livre pour parler de son expérience de rôliste, le fait qu'elle ait besoin de défendre la possibilité qu'elle puisse vouloir jouer en dit long sur un hobby avec un gender gap énorme, masculin à 90%.

    Prébendes & Plénipotentiaires



    C'est devenu une tradition ancienne dans la diplomatie en général et dans la diplomatie américaine en particulier de traiter les ambassades comme des formes de reconnaissances ou de récompenses.

    Bush avait nommé ambassadeurs à Paris des millionnaires qui le soutenaient comme Howard Leach ou Craig Stapleton (Leach ne parlait pas le français avant d'arriver, contrairement à Stapleton).

    Cette synthèse (via Kevin Drum) des ambassadeurs d'Obama montre que la pratique continue (avec des dons beaucoup plus considérables) mais cela permet de voir une différence entre les postes "cadeaux" (les gros donateurs vers les Alliés de l'Otan et de l'Asean) et les postes plus "sensibles" (Chine, Inde), ainsi que les Etats au sud des USA, qui restent des postes plus politiques.

    mercredi 10 juin 2009

    Face à face


    Obama a commenté que le hiéroglyphe dans la Pyramide lui ressemblait étrangement (image du site officiel de la Maison blanche).

    Sans même vérifier, on sait déjà que quelque part sur Internet, il y a un site de dingues qui en tire toute une théorie occulte sur une prédiction millénaire.

    vendredi 5 juin 2009

    Jumping Shark



    Vu certains événements récents, ce n'est peut-être pas le bon moment de passer cette vidéo d'un film catastrophe...

    Habitat, οἰκία



    Passage de Home de Yann-Arthus Bertrand. Il répète le cliché selon lequel la destruction des forêts de l'Amazonie (ou d'Indonésie) va nous priver de médicaments potentiels "qui étaient les plus adaptés à notre nature végétale". Je me demande d'où vient ce mème étrange (qui remplace celui, plus efficace, sur "Le Poumon de la Terre"). Le Paradis Perdu comme seul lieu secret pour un remède du cancer. On l'entend dans de nombreux films américains (même avant le médiocre Medicine Man, 1992).

    Cela fait penser à l'argument d'Arendt qui disait que le vrai ennemi de la culture est celui qui prétend la défendre en la réduisant à une utilité sociale. Défendre l'environnement au nom d'une utilité médicale postulée est le traiter comme un simple réservoir de ressources techniques à exploiter et maîtriser. Le philtre cache la forêt. L'argument illustre ce qu'il prétend dénoncer.

    En revanche, j'ai bien aimé l'idée de se concentrer sur certais symboles de l'Urbanisation avec des mégalopoles comme Dubai (pour l'architecture prométhéenne et inconsciente) ou Las Vegas. Des traces du mythe moderniste du Progrès mais changé en Tours du Babel dilapidant des fortunes et les eaux dans la vanité et l'inefficacité écologique, dans un cadre désertique, matérialisation des inégalités devenues verticales, créations d'îles artificielles enfantines comme dans un mini-monde onirique.

    Une définition du Jeu de rôle à la Renaissance



    d'après XKCD et le Manuscrit de Voynich.

    jeudi 4 juin 2009

    Faux débats



    Le "débat" sur les Européennes organisé par France 2 était une fois de plus insoutenable, comme souvent avec les émissions de catch organisées par Arlette Chabot (pour une fois, je pourrais même comprendre le si grossier Sénateur vendu aux Chinois, quand il lance "Allez au diable, Madame Chabot").

    Cohn-Bendit a mis l'accent sur le problème décisif en disant qu'on invitait des dirigeants de Partis et non pas des têtes de liste. Pourquoi se contenter d'un duel de second tour de législatives ?

    François Bayrou a été pitoyable en attaquant Cohn-Bendit sur un repas des Présidents de groupe auprès du Président français (et ne parlons même pas de son attaque sur un texte publié il y a 35 ans), mais au moins ils ont vaguement parlé d'UE avec Barroso à la Commission (mais contrairement à ce qu'a dit Aubry, il semble qu'il y ait très peu de chance que le PSE s'oppose au candidat portugais, la SPD - qui devrait avoir au moins 25 sièges sur les 99 sièges allemands - ayant déjà laissé entendre qu'ils le soutiendraient.

    La plupart du temps, en dehors peut-être des Verts sur les directives sur le travail, il n'y a guère que les Eurosceptiques et Souverainistes qui parlaient un peu d'Europe en mentionnant le Traité de Lisbonne. L'UMP est en plein culte de la personnalité du Président et le PS était mal à l'aise parce qu'Aubry ne voulait pas évoquer les fractures sur les Traités.

    Derniers sondages des Européennes



    On prévoit près de 60% d'abstention, et le grand perdant de ces élections européennes au niveau national serait le PS.

    Tiens, l'Alliance Ecologiste Indépendante d'Antoine Waechter battrait en fait LO aux alentours de 2%. La liste pro-pogrom d'un ancien "humoriste" serait à 0,5%.

    L'anlyste de BVA fait remarquer que l'exécutif est très impopulaire mais que les Français ne voient pas ces élections comme un moyen de faire une sanction (contrairement à 2004 contre Chirac et Raffarin).


    • BVA (PDF) :

      LO : 1,5%, NPA 6,5%, Front de Gauche : 6%,
      PS 21,5%, Verts 11%,
      Modem 11%
      UMP 26%, Libertas 4,5%, FN 8,5%

      Le sondage BVA distingue mieux les régions (sauf l'Outre-mer) que les autres instituts. Le FN garde un bon score dans la Région Est, 15%.

      Les Verts auraient un score impressionnant de 16% en Île de France (18% pour le PS, qui est donc encore plus ménacé que le Modem). L'UMP y dépasserait les 30% en Île de France avec la liste de Rachida Dati et Michel Barnier...

      La seule région où le PS bat l'UMP en ce seul tour est l'Ouest (cela se joue de peu dans le Massif central) et l'Ouest est aussi la région où le Modem aurait son meilleur score (16%).

    • CSA (PDF) :

      LO : 2%, NPA 5%, Front de Gauche : 6%,
      PS 21%, Verts 9%,
      Modem 13%
      UMP 25%, Libertas 6%, FN 8%

    • Ifop (PDF) :

      LO : 1%, NPA 7%, Front de Gauche : 7%,
      PS 21%, Verts 9,5%,
      Modem 13%
      UMP 27%, Libertas 5%, FN 6%

    • Ipsos (Synthèse) :

      LO : 1,5%, NPA 6,5%, Front de Gauche : 6%,
      PS 21%, Verts 11%,
      Modem 11%
      UMP 27%, Libertas 6%, FN 5,5%

    • Opinionway (Synthèse) :

      LO : 1%, NPA 6%, Front de Gauche : 5%,
      PS 20%, Verts 10%,
      Modem 13%
      UMP 26%, Libertas 6%, FN 7%

    • TNS Sofres (Synthèse)

      LO : 2,5%, NPA 5,5%, Front de Gauche : 6,5%,
      PS 20%, Verts 13,5%,
      Modem 11%
      UMP 27%, Libertas 4%, FN 4%

    mercredi 3 juin 2009

    Littéralisme



    Dans la série des "Literal Videos" (où les paroles décrivent littéralement la vidéo au lieu d'être illustrées métaphoriquement par les images), avant la plus célèbre Total Eclipse of the Heart de Bonnie Tyler, il y avait eu "Penny Lane" des Beatles :



    Et comme je suis fan des They Might Be Giants, j'aime beaucoup la version littérale de Birdhouse in Your Soul (mais c'est un peu facile).

    Et puis qu'on parle de jeu sur le côté littéral, j'ai un doute sur cette video. Sketch parodique ou un authentique superconnard qui attache une importance démesurée à sa carte de visite comme le personnage d'American Psycho ?



    Et enfin, juste parce que, une bande annonce (amateur) de mon comic-book favori, Green Lantern.

    [JDR] Traveller Mercator



    Paul Elliott, dit "Mithras" a déjà créé de nombreux jeux de rôle gratuits sur Internet avec un thème antique, dont Warlords of Alexander et le très joli Zenobia (voir ma liste de jeux de rôle sur l'Antiquité (sept. 2007) qu'il faudrait que je remette à jour).

    Mithras vient de fignoler un vrai petit bijou pour le collectionneur de vieux jeux de rôle : Mercator (.pdf), qui reprend les règles de Traveller 1e édition mais en le plaçant dans l'Antiquité. Il a même repris la fonte et la présentation de Traveller mais on joue des marchands vétérans des Légions romaines au lieu de trafiquants à la Han Solo (enfin une explication plausible au fait que les militaires doivent apprendre à se servir d'une épée dans Traveller !).

    Les galères remplacent les vaisseaux, les catapultes remplacent les lasers et la Mer Méditerranée orientale (avec une petite carte du réseau commercial) remplace les mondes des Marches de Spinward.

    Voilà par exemple les caractéristiques d'un noble romain (assez faible physiquement mais riche et influent) dans le système de Mercator :

  • Quaestor Lucius Admetius Fulva 49669C Age 46 7 terms 1100d
    Tactics-2, Sword-3, Jack-of-Trades-1, Admin-1, Small Craft-1, Leader-1, Navigation-1, Bribery-1, Riding-1 Equipment: Ship, Sword


  • Ce qui manque de Traveller originel est le caractéristiques de Port et l'impression d'exploration infinie que permet l'espace. Il faudrait peut-être une Mer plus "ouverte" pour avoir cette impression d'immensité, par exemple plus un jeu comme Sindbad le Marin que des navigateurs dans le Mare Nostrum (même si après tout, Traveller aussi a un univers bien balisé avec son Imperium vieux de plusieurs siècles).

    Cours de langue de bois



    (j'espère que ce sera une série)

    En cas de question à laquelle vous ne voulez pas répondre :

    "C'est une question de journalistes mais cela n'intéresse pas les Français / les "gens". Je n'entends personne me poser cette question".

    Variante : "Vous croyez que les Français qui se posent de vraies questions concrètes sur [le chômage/la sécurité/le sujet dont vous voulez parlez] s'intéressent à cette question oiseuse qui agite le Microcosme ?"

    Exemple : "L'UMP va-t-elle voter pour José Barroso comme Président de la Commission, Monsieur Bertrand. -- Pff... c'est bien une question de journalistes, je fais la campagne et je peux vous assurer que personne ne me pose cette question."

    (Il a répété cette phrase dix fois, en ajoutant "Les Français veulent qu'on leur parle d'Europe", comme si l'élection du Président de la Commission européenne n'avait aucun rapport avec l'Europe, et les présentateurs ont finalement abandonné).

    Add. Via Elias, le Lefebvrotron.

    lundi 1 juin 2009

    Souverainetés



    Il y a quelques jours, le Washington Post mentionnait le fait que les menaces contre les Juges venaient de plus en plus du mouvement des Citoyens Souverains et l'homme qui a assassiné dans une église un médecin avorteur était lui aussi un "Citoyen Souverain".

    Ce mouvement, très marginal, des Milices des Citoyens Souverains est une forme particulière de l'extrême droite violente américaine, qui mêle une forme d'anarchisme de droite contre le pouvoir fédéral et un extrémisme chrétien fondamentaliste et raciste.

    Les USA sont une expérience politique très originale du XVIIIe siècle, entre le poids de l'histoire dans sa facticité et la rigueur des principes de philosophie politique, synthèse d'un Projet aufklärer radical (Jefferson, Paine) et d'un traditionnalisme d'origine anglaise comme le Conservatisme burkien (qui valorise la common law comme une lente accumulation séculaire contre la tabula rasa rationaliste).

    L'argument des Citoyens Souverains serait que le Citoyen américain n'a que des droits conférés par la common law mais qu'il ne reconnaît pas certaines derivations de la Constitution depuis la fin de la Guerre civile (14e Amendement, 1868) qui ont fixé le statut du Citoyen face à l'Etat et à l'Union fédérale. Il n'y a plus alors de Corps politique mais un archipel de Souverains.

    Le concept de souveraineté est le fondement de l'Etat moderne. Il est celui d'un pouvoir, puissance ou autorité suprême sans rien au-dessus de lui, ni l'Empereur César, ni le Pape Vicaire du Christ, ni le "Droit des Gens". Cette idée de souveraineté apparaît pour la première fois chez Jean Bodin (1529-1596) dans La République, 1576. Une République ou Etat est "le droit gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine". La souveraineté est absolue, "absoute de toute loi", permanente, indivisible et inaliénable.

    Pourtant, Jean Bodin ajoute aussitôt que cette souveraineté est absolue mais toujours limitée en droit par les coutumes et les droits fondamentaux qui relèvent du "droit naturel" au-dessus des lois que peut décider le pouvoir absolu.

    C'est vraiment avec la Réforme et le déclin de l'Eglise que la Souveraineté se laïcise, notamment avec les Traités de Westphalie (1648), qui limitent la place de l'Eglise dans les Souverainetés luthériennes et mettent en place l'idée de non-intervention dans les affaires nationales.

    Au contraire, chez Thomas Hobbes dans le Léviathan (1651), il y a bien pouvoir absolu du Souverain mais il est transmis originellement par le Contrat social, qui a créé un "Corps Artificiel" qui forme le Corps de l'Etat comme représentation de l'ancien Corps Mystique du Roi. Pour Hobbes, la source n'est donc plus comme chez Jean Bodin la Puissance de Dieu, mais cela reste une autorité sans aucun droit de révolution, ni aucun droit d'opposition (en dehors du "droit naturel d'émigration" pour fuir le régime).

    L'idée géniale de Jean-Jacques Rousseau va être d'intégrer une norme au-dessus du Prince (qui était le consentement populaire et le droit divin). Selon Du Contrat social (1762), il n'y a et ne peut y avoir qu'un seul Souverain inaliénable et absolu, la Souveraineté du Peuple, la mystérieuse et insécable "Volonté Générale". Le Prince, le Gouvernement exécutif et ses magistrats ne peuvent jamais être les dépositaires de la Souveraineté. Ils n'en sont que les serviteurs, temporaires et révocables, car il n'y a pas de Contrat de sujétion au Gouvernement, il n'y a Contrat qu'entre le Peuple et lui-même, où la Nation s'offre à elle-même et s'auto-constitue. Même une Assemblée représentative ne ferait qu'usurper cette Volonté Générale en incarnant toujours un certain intérêt particulier des Partis contre le Peuple Souverain.

    Dans le cas de l'idéologie américaine des "Citoyens Souverains" de cet anarchisme d'extrême droite, on a peut-être une nouvelle évolution du concept de Souveraineté, qui ne reconnaît plus que des traditions et des contrats inter-individuels sans aucune souveraineté transcendant le corps singulier. Ces Souverains n'ont plus de Corps politique.

    Sans vouloir être trop rhétorique, on peut penser à une métaphore un peu mystérieuse chez Georges Bataille. Dans son oeuvre, le concept "anthropologique" de liberté souveraine renvoie non à la "maîtrise" (du Maître hégélien qui affronte sa crainte de la Mort) mais à une perte infinie, la fonction du Sacrifice où le Sacrificateur incarne la Souveraineté en l'offrant et en l'exposant à la destruction, comme immolateur et hostie.

    L'insensé qui prétend défendre sa "souveraineté absolue" et même un principe "moral" de "valeur de la vie" en assassinant le médecin (qui n'était pas seulement un "avorteur" mais donnait aussi la vie) dans une Eglise sonne de manière sinistre comme cette figure du Souverain comme la Terreur et le crime d'exception, qui ne reconnaît plus aucune norme sociale au-dessus de son arbitraire sacralisé. Le terme de sacrifice est d'ailleurs utilisé par l'organisation de l'assassin :


    He considers Scott Roeder "a hero to thousands of babies", and says that "Scott sacrificed" for them.


    Ce n'est pas la première fois que le terroriste se fait passer pour un martyr. Loin de la "positivité" du "traditionalisme raisonnable" de ceux qui se veulent "burkiens", cette forme de ressentiment violent est une figure de nihilisme qui tue en désirant l'auto-destruction.