jeudi 11 juin 2009

Beaux Gosses & Dragons




Je crois que le jeu de rôle a pu se remettre des critiques de Mireille Dumas mais il sera plus difficile à D&D de ne pas être durablement ringardisé par la scène embarassante dans Les Beaux Gosses de Riad Sattouf (ci-dessus avec l'actrice Alice Trémolières qui joue la jolie bourgeoise de Rennes, Aurore).

La scène ressemble un peu à des vidéos comme Tom et ses Cheums ou Fear of Girls, mais il suffit de dire que c'est, je crois, la parodie la plus cruelle de rôlistes que j'ai vue, ce qui est normal comme l'humour noir de Sattouf jette généralement le sel là où cela fait mal sur ses propres complexes.

D'habitude, les rôlistes sont montrés tout au plus comme des geeks associaux, là cela devenait une activité névrotique inquiétante et franchement malsaine et misogyne (bien que cela soit aussi plus une traduction de la classe d'âge que du hobby). Je crois, hélas, que de nombreuses expériences de joueuses ont été conformes à cette satire.

Mais on peut se demander pourquoi ce hobby est toujours plus associé à la frustration sexuelle (notamment aux USA) que la philatélie ou le bird-watching.

Même quand Shelly Mazzanoble écrit un livre pour parler de son expérience de rôliste, le fait qu'elle ait besoin de défendre la possibilité qu'elle puisse vouloir jouer en dit long sur un hobby avec un gender gap énorme, masculin à 90%.

5 commentaires:

Elias a dit…

D'après vous comment s'explique ce gender gap?
Je ne pense que cela tienne à la prédominance des univers de fantasy dans les jeux de rôle car je n'ai pas l'impression qu'il y ait le même gender gap dans le public des lecteurs de fantasy.

Si on conçoit assez bien que ce ne soit pas une activité mixte, on aurait pu imaginer que, comme dans le manga, se développe une offre visant spécifiquement un public féminin. Vous qui semblez connaître pratiquement tout ce qui sort dans ce domaine savez vous s'il y a des essais dans ce sens?

Phersv a dit…

Non, je n'ai pas vraiment d'explication.

D'habitude, je dirais juste que c'était à l'origine contingent puis que cela s'est "figé" comme un loisir de garçon. Mais cela n'expliquerait pas pourquoi cela n'est pas vrai pour d'autres hobbies (pourquoi le sport, si sexiste à ses débuts, a pu attirer un public et des joueuses féminines ?).

Un facteur pourrait être en partie les maths, même si je suis conscient du sexisme d'une telle proposition. Shelly Mazzanoble dit que la perception du jeu de rôle comme riche en maths était ce qui bloquait le plus les filles au lycée (et les littéraires sont d'ailleurs moins représentés dans le jeu de rôle que chez les scientifiques et ingénieurs). Des anecdotes ne sont pas des data mais *toutes* les rares joueuses que je connaissais avaient une formation de mathématiques assez poussée qui leur faisait dépasser l'appréhension du loisir comme une représentation abstraite.

Il faudrait comparer alors aussi avec des jeux comme les échecs, qui sont aussi très masculins.

Il faudrait aussi distinguer des hobbies en déclin et des hobbies plus "dynamiques" qui renouvellent leurs publics (par exemple les jeux vidéos ont un public féminin comme les Sims, les mangas sont moins enfermés dans un ghetto avec les Shōjo mangas, la littérature fantastique s'est élargie au-delà de ses lecteurs traditionnels).

La féminisation a pu avoir lieu dans les hobbies dynamiques alors que le jeu de rôle sur table a connu son essor dans les années 1980-1990 mais a surtout décliné depuis sans vraiment s'étendre.

Si le jeu de rôle n'était pas un loisir à la démographie viellissante et rigidifiée (par rapport au jeu de rôle en réseau informatique), il aurait pu sortir de son ghetto masculin de geeks informaticiens.

Phersv a dit…

Oh, si, une chose à ajouter : le jeu Vampire et les Live Action Role-Plays ont une démographie plus mixte, c'est donc en partie une question de Genres.

Le jeu récent Houses of the Blooded se présente d'ailleurs comme en partie fait pour attirer un public plus féminin.

MB a dit…

Et Blue Rose, que je ne connais que de nom ?

Phersv a dit…

Oui, en théorie (j'ai un peu parlé de Blue Rose là).

Je me demande si cela peut marcher avec un système relativement simulationniste comme Blue Rose (et qui reste proche du D&D normal). Qui plus est, l'univers me paraît encore plus simple que les romans de Mercedes Lackey.

Mais de vieux jeux comme Call of Cthulhu ou le World of Darkness peuvent très bien réussir.