mardi 2 mars 2010

"Il avait l'offensive et presque la victoire"



En lisant que les Républicains répètent que l'échec de la Réforme de santé serait le Waterloo d'Obama, je me suis demandé si, pour une fois, cela signifiait que sur ce point les Américains adoptaient une perspective non-britannique et prenaient le terme comme un signe de "défaite écrasante" (alors que pour les Britanniques, c'est bien sûr une "victoire glorieuse").

Mais l'explication la plus simple est l'inverse : il s'agit seulement d'une manifestation qu'ils prennent Obama comme l'Autre, un étranger usurpateur, plein d'hubris. La défaite du Président américain serait alors la victoire "américaine" contre son dirigeant.

Depuis la grande discussion sur la Réforme de santé, on ne peut plus reprocher à Obama de ne pas s'être engagé assez, mais cela semble trop tardif. Malgré toutes les interventions de l'été dernier, j'ai une impression (sans aucune confirmation sondagière précise) que son électorat démocrate aura été déçu de sa prudence tactique qui ne semble pas avoir conduit à une victoire stratégique.

Une Réforme ambitieuse n'aurait sans doute pas pu passer dans ce rapport de forces actuel avec les Sénateurs "centristes" tels qu'ils sont. Cependant, on se dit que même les Démocrates ne défendent plus que l'Esprit ou les lambeaux de ce que la Réforme aurait pu être (en sachant que cela sera trop peu ou vite vidé de sa substance en cas de victoire républicaine aux élections de mi-mandat dans huit mois).

3 commentaires:

MB a dit…

Je disconviens respectueusement. Il me semble que l'expression "to meet one's Waterloo" est entrée dans la langue anglaise il y a bien longtemps et est utilisée tant par nos ennemis d'outre-Manche que par nos amis d'outre-Atlantique (ma seule source pour l'instant). Ca me semble assez logique en fait : le protagoniste principal de cette affaire, le héros, c'est bien l'Empereur et ni Wellington, ni Blücher, qui ne sont somme toute que des faire-valoir, non ?

Je ne retrouve plus la citation, mais il y en avait une amusante d'Anthony Burgess qui écrivait que sa femme n'avait jamais compris pourquoi les Anglais avaient donné le nom d'une de leur défaite à une de leurs gares.

Phersv a dit…

Je ne l'avais pas remarqué. Donc même les Britanniques l'entendent comme "une défaite spectaculaire" de leur ennemi tout en tirant fierté d'en être les vainqueurs.

Mais après tout on peut bien utiliser des expressions comme "aller à Canossa" ou "passer sous les fourches caudines" sans s'identifier au Pape Grégoire VII ou aux Samnites.

MB a dit…

Manifestement, on s'identifie toujours aux perdants - sauf pour nommer des rues et des bateaux. :o)