Orbital (6 tomes parus + un hors-série depuis 2006, Dupuis) est une série de space opera écrite par Sylvain Runberg et dessinée par Serge Pellé. A première vue, cela a l'air de ressembler à Valérian & Lauréline (voire à Sillage pour les missions avec de nombreuses espèces) et je l'avais même pris au départ comme une simple parodie spatiale du genre du buddy cop show (les histoires avec deux policiers contrastés mais qui s'entendent-malgré-leurs-oppositions, avec parfois une vague tension érotique non déclarée).
Mais il y a plusieurs différences avec Valérian : même si les 6 épisodes ont l'air d'être des missions distinctes, il y a une intrigue continue, très sombre, et le cadre de l'univers a même été complètement révolutionné dès ce volume 6 paru en 2015. L'histoire est fondée sur les intrigues politiques et les graphismes technologiques plus dystopiques font penser à Manchu voire la froideur de Bilal (Sylvain Runberg a aussi cité comme influence politique la noirceur d'El Eternauta d'Héctor Oesterheld et Alberto Breccia).
L'histoire
A la fin du XXIIIe siècle, la Terre a été contactée par une sorte d'ONU interstellaire, la Confédération, qui abrite environ un millier d'espèces différentes. Le siège de la Confédération est Orbital, une station dotée de portes quantiques "vers d'autres espaces-temps" (cela fait penser à Point Central dans L'Ambassadeur des Ombres de la série Valérian, mais on n'a vu que des voyages dans l'espace et pas vraiment à travers le temps ou vers d'autres dimensions - ce n'est pas l'Assemblée Galactique du jeu de rôle MEGA). La Confédération a proposé des avancées technologiques en échange de l'intégration mais la Terre est divisée avec un mouvement puissant violemment xénophobe, les Isolationnistes.
L'un des deux membres du couple de héros est Caleb Swany, d'origine tchèque. Ses parents furent des négociateurs de l'intégration dans la Confédération et ils furent assassinés par des terroristes isolationnistes. On découvre par la suite que Caleb, loin d'être le héros sans reproche qu'on voit au début, a failli mal tourner dans son adolescence dans sa haine contre les Isolationnistes, en tabassant certains militants de leur cause.
Après l'intégration, les Isolationnistes gagnèrent les élections terriennes et décidèrent d'envahir une planète pacifique, celle des Sandjarr, pour lui prendre ses ressources. Les Sandjarrs faillirent être tous exterminés et la Confédération intervint pour juger le gouvernement isolationniste et remettre en place un gouvernement terrien pro-confédéré. La Terre fut mise au ban des systèmes après ce xénocide et donc être Terrien dans la Confédération est à peu près comme être Allemand en 1948 même si la Terre connaît maintenant une immigration alien importante.
Caleb Swany a réussi à être admis comme un agent de l'Office Diplomatique Intermondial (O.D.I.) et il est le premier Terrien à avoir pu surmonter les préjugés contre son espèce considérée comme barbare et belliqueuse.
Les agents de l'ODI sont liés par "binôme". L'autre membre est Mézoké Izzua et c'est un(ë) Sandjarr, choisi(ë) comme symbole du dépassement des anciens conflits. Bien que les Sandjarrs soient dotés de deux sexes, ils paraissent aux yeux des Humains avoir tout(ë)s des caractéristiques sexuelles féminines. Mais on ignore le sexe de Mézoké Izzua et Caleb Swany connaît assez la xénosociologie pour savoir que c'est un tabou que de demander à un(ë) Sandjarr son identité genrée (on s'attend d'ailleurs encore à un renversement possible sur ce point quand on rencontre les "géniteurs" de Mézoké dans les deux derniers volumes).
Le thème traditionnel de l'attirance entre les deux partenaires est donc un peu décalé par rapport à la relation entre Valérian et Laureline : non seulement Caleb et Mézoké ne sont pas de même espèce (et l'espèce humaine a massacré les Sandjarrs) mais il se peut qu'ils soient de même sexe. Ce tabou sur la sexualité ne reçoit un début d'explication qu'au volume 5 quand on découvre que les Sandjarrs ont le pouvoir de dégager des phéromones sexuels qui agissent même de manière interspécifique (certes, cela paraît peu plausible) au point de pouvoir hypnotiser des individus non-Sandjarrs.
On apprend dans le hors-série n°1 Premières rencontres que Mézoké Izzua a aussi d'autres secrets. Membre de l'aristocratie de la planète Skonato (même si ses "géniteurs" devinrent des marginaux refusant la technologie confédérée), ël a connu la diversité des Humains avant le génocide, en se liant d'amitié avec une médecin marocaine, Haza Jaziri, qui fut tuée en même temps que les Sandjarrs par les armées terriennes. Pendant le génocide, Mézoké est resté(ë) sur Skonato pour soigner ses semblables alors que l'élite choisissait de s'enfuir et d'abandonner sa population.
Mais le binôme est en fait un trio (voire un quatuor) avec une autre Humaine mystérieuse, Nina Liebert. Pilote allemande (au nom qui est une allusion à Monster d'Urasawa) enlevée par des extraterrestres vingt ans avant que la Confédération ne contacte officiellement la Terre, elle a été connectée à Angus, un Névronome, un vaisseau organique. Les Névronomes ont été interdits de la Confédération suite à une crise de folie où les Névronomes se suicidèrent en masse en tuant leurs passagers. Une des premières intrigues est justement qu'Angus est officiellement seulement une enveloppe vide de Nevronome alors que Nina cache qu'il est toujours bien vivant et autonome malgré leur lien. Dès la fin du volume 2, les deux agents de l'ODI vont devoir commencer à dissimuler certains de leurs secrets à la Confédération.
Quelques autres espèces de l'Univers d'Orbital
La plupart des innombrables espèces qu'on voit dans la série n'ont pas été nommées.
Les Achérodes sont un des peuples les plus influents de la Confédération. C'est leur technologie qui fait fonctionner les Portes Crop quantiques qui permettent le vol interstellaire depuis 1500 ans et qui rend possible la station d'Orbital. Leur flotte semble être une des principales armées. Ils ont aussi une religion qui commence à faire des convertis même sur Terre. Ils sont très hostiles aux Humains et jugent depuis le massacre des Sandjarrs qu'ils devraient être exclus de la Confédération. Mais un des paradoxes est qu'ils semblent prêts à utiliser ce prétexte terrien pour mieux prendre le contrôle de la Confédération, déclenchant donc une Guerre interstellaire au nom du rejet des barbares.
Les Blaunossoums (vus dans le Hors-série n°1) sont un peuple de petits architectes de moins d'un mètre qui reconstruisent leur style architectural à chaque nouvelle planète intégrée dans la Confédération.
Les Jävlodes sont un peuple démocratique rencontrés dans les deux premiers volumes (et dont certains des membres vont être manipulés par les Achérodes dans leur croisade contre la Terre).
Les Névronomes sont un peuple de Vaisseaux interstellaires organiques faits d'éponge cérébrale de la planète Udhsem. Leur peuple a été banni de la Confédération.
Les Rapakhuns sont un peuple de Nomades interstellaires qui vont de planète en planète où ils s'arrêtent périodiquement. Ils sont mal intégrés dans la Confédération, considérés comme des "résidents non-citoyens" et ont une coutume de sacrifice cannibale (leurs aïeux s'offrent au groupe pour être dévorés) qui leur a donné une réputation déplorable. En dehors de ce rituel, ils sont pourtant paisibles.
Les Sandjarrs de la planète Skonato étaient entièrement pacifistes et ils n'ont pas pu résister à l'extermination perpétrée par l'armée terrienne. Leur peau est d'un noir complet et opaque, en dehors de lèvres charnues, d'où ils peuvent dégager s'ils le désirent des phéromones. Leurs élites ont survécu en fuyant le génocide.
Les Sulfurs ressemblent à la représentation humaine du diable avec des cornes et des sabots de bouc. On sait peu de choses d'eux mais Tacilith le Sulfur est un chasseur contrebandier et il a l'air particulièrement intelligent.
Les Varosashs sont un peuple de créatures parasites composées de nanoparticules. La Confédération et leurs Névronomes entreprirent une grande Guerre pour tous les exterminer comme ils étaient opposés à toute autre forme de vie.
Les Well'burrs (Vol. 5, p. 22-23 et Hors-série n°1) sont un peuple de bio-ethnologues qui étudient les autres peuples. Ce sont eux qui ont enlevé Nina Liebert à l'époque où la Terre était encore à l'extérieur de la Confédération.
You Got Democracy in My Medieval Fantasy!
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Too many fantasy settings feature the political systems of the real world
middle ages, but there isn’t a good reason for this prevalence. I make the
case f...
Il y a 6 heures
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