Nous sommes allés voir avec Mellon et Rainë l'exposition du Musée Guimet sur la Chine des Táng (唐, 618-907) et je ne me rendais pas compte que l'extension de l'Empire Táng vers l'Asie Centrale impliquait non seulement des influences turcophones via la Route de la Soie mais même des influences perses : la célèbre Impératrice Wǔ Zétiān (la seule Impératrice de plein titre de l'histoire chinoise à la fin du VIIe-début VIIIe) avait même autorisé en plus des sanctuaires taoïstes et des pagodes bouddhistes des temples zoroastriens, des missionnaires manichéens et nestoriens.
Cette carte si géométrique de la capitale Cháng'ān (Cité de la Longue Paix, plus tard "Xī'ān"), la plus grande ville du monde à cette époque, ressemble beaucoup à l'une des animations de l'exposition et on peut y voir les temples étrangers (cliquez pour agrandir).
L'avenue centrale nord-sud entre le Palais Impérial et la Haute Porte Míngdé (de la Plus Haute Vertu) est appelée "Zhūquè" qui est traduite dans l'expo "Avenue du Phénix Rouge" mais on peut distinguer "l'Oiseau Vermillon du Sud" et le "fènghuáng" (qu'on traduit traditionnellement "phénix" même s'il n'a rien à voir avec notre phénix - on peut aussi le relier à la corneille solaire à trois pattes). L'Oiseau Vermillon du sud est l'un des quatre animaux avec le Dragon d'Azur de l'est, le Tigre blanc de l'ouest et la Tortue noire du nord
Le monde entier comptait environ 200 millions d'habitants dont 50 millions à l'intérieur de cet Empire Táng avant l'effondrement de la guerre civile sous la révolte d'Ān Lùshān, qui aurait réduit la population à la moitié en raison des déplacements de population et des massacres. Pour comparer l'Empire de Charlemagne aurait été autour de 10-20 millions au maximum.
A part quelques oeuvres bouddhistes, des statues astrologiques, il y a peu d'aspects mythologiques mais il y a les deux dieux-dragons qu'on voit sur l'affiche : l'Auguste Fúxī (avec une équerre) et son épouse-soeur la grande déesse à queue de dragon Nǚwā (avec un compas) comme symboles d'harmonie. Des indices (dans l'Investiture des dieux) laissent penser que Nǚwā dut être une déesse archaïque importante avant de décliner dans le positivisme philosophique post-confucéen. Xī Wángmǔ (la Reine-Mère de l'Ouest) semble avoir été d'abord une grande déesse aussi terrible que Mahādevī Durgā et une mère de Fúxī & Nǚwā avant de décliner dans bien des représentations taoïstes traditionnelles comme une vieille gardienne des pêches de l'immortalité.
J'ai raconté l'an dernier un mythe Tang sur les dieux gardiens des Portes (門神 Mén Shén) : les deux généraux divinisés Qín Shūbǎo & Yùchí Jìngdé (qui protègent l'Empereur "Grand-Ancêtre" Tàizōng contre le spectre du Lóng Wáng de la rivière Jīng), et le Roi-Fantôme chargé de chasser les spectres, Zhōng Kuí aux Cinq Chauve-Souris pour protéger l'Empereur Xiànzōng.
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