Il y a des raisons d'être pessimistes sur les compromis que la majorité démocrate est en train d'accepter sur le système de santé. Les Démocrates n'ont plus l'excuse d'une courte majorité (même s'il y a encore des élus démocrates issus de circonscriptions très conservatrices), et il y a des arguments raisonnables en faveur des concessions envers une minorité dans une démocratie, mais je ne comprends pas bien dans ce cas pourquoi une politique désirée par une majorité de l'opinion est toujours bloquée quel que soit le rapport de forces politique. Le bon côté de ce blocage américain est qu'à l'inverse la privatisation accrue de la retraite (les "comptes individuels") avait échoué aussi en 2004-2005.
Sur The American Prospect, une liste des arguments les plus sots utilisés par les Républicains américains contre la réforme du système santé.
Notre Dame des Dauphins Peggy Noonan, qui se désolait que les Américains se soucient de leur couverture médicale, donne une variante du 5e argument : les médecins choisissent souvent de ne pas faire payer leurs patients du tout alors que dans un système socialisé, tout deviendra plus administratif et donc plus cher, inhumain et bureaucratique. C'est un cas sévère de "Le Haut est En Bas", où on s'appuie sur l'anecdotique pour avoir une inférence contraire aux intuitions (surtout que dans le système actuel où tout est contrôlé par des compagnies d'assurances, il y a déjà une bureaucratie entre les médecins et les patients, elle est seulement une bureaucratie privée).
Mais l'argument le plus idiot et auto-réfutatif reste celui du célèbre héritier William Kristol qui tombe dans un piège habile dans le Daily Show : il reconnaît que les vétérans de l'Armée ont une bonne couverture par l'Etat mais il ne trouve ensuite rien de mieux (certes, dans une émission humoristique) que de dire que "l'Option publique" demandée par Obama diluerait alors cet avantage des anciens combattants. Il faut donc bien que les civils aient un moins bon système pour que celui des militaires reste meilleur comparativement : la majorité ne mérite pas un système de qualité. Le plus drôle n'est pas qu'il puisse penser cet argument mais qu'il puisse ainsi le concéder publiquement.
(Par ailleurs, son argument que c'est l'intervention du public qui fait monter les prix est simplement un mensonge)
On Writer’s Block: Part 2: What I Do About Writer’s Block
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We use the term “writer’s block” to describe our inability to deal with the
emotions we feel when we face a blank page or a problem with the work that
does...
Il y a 4 heures
7 commentaires:
Cet moment du Daily Show était vraiment extraordinaire. Stewart l'a piégé comme un bleu.
By the way, le sous-entendu du second sous-argument est une variante de ce que dit Kristol :
"If a captain of industry can't buy better health care than the guy who cuts his lawn can, then the world just isn't functioning as it should."
Kristol a de l'humour mais s'il représente vraiment l'élite intellectuelle du Parti républicain on doit vraiment s'étonner qu'ils aient dominé la politique si longtemps.
Là où il me fait plus rire est lorsqu'il critique l'affirmative action en disant que cela a remis en cause la Méritocratie, alors qu'il est le symbole du népotisme dans les think tanks...
Sur The Onion : une étude montre que la majorité des enfants sont opposés à la couverture médicale :
http://www.theonion.com/content/video/study_most_children_strongly?utm_source=infocus
Kristol est un vrai ignorant. Son argument sur les coûts qui augmentent plus rapidement pour Medicare/caid peut être opposé en regardant la démographie des patients sur ces schemes – je pensais qu'il le savait, mais mentait par omission. Mais lorsqu'il se fait piéger sur la couverture-maladie des troupes/VHA, il ne recourt pas à la démographie pour s'en sortir (les troupes ne sont pas représentatives de la population). Certainement parce que, comme 90% des gens qui se prononcent sur le sujet, il n'a retenu qu'une dimension : la Bureaukratie du niveau fédéral (argument qui marche avec tout et son contraire). Stewart non plus n'évoque les nombreux plans des États fédérés, d'ailleurs. C'est un peu idiot également : le single-payer Canada est un mauvais choix politique pour faire avancer la réforme Obama, il faudrait plutôt reparler du Mass. Health Care Plan et des autres.
P.S. Phersv scripsit : "je ne comprends pas bien dans ce cas pourquoi une politique désirée par une majorité de l'opinion est toujours bloquée quel que soit le rapport de forces politique."
Regarde le sondage aujourd'hui dans le NYT et les papiers avant sur les craintes des gens couverts (privé et Medicare). Je suis peut-être un peu tordu, mais il me semble qu'en écrivant le problème sous la forme de préférences agrégées, tu peux montrer que c'est une illustration du théorème d'impossibilité d'Arrow.
Il y a quand même un problème politique spécifiquement américain. Comme dit Hertzberg, dans n'importe quelle démocratie parlementaire, un chef de la majorité qui avait un "mandate" symbolique si clair sur le sujet aurait obtenu ce qu'il voulait alors qu'ici il doit négocier avec un comité bipartisan de 6 membres dont 3 Républicains. Comme dit Ezra Klein, Obama a voulu faire le contraire de Clinton en partant d'une loi négociée au Congrès mais il aura du mal à éviter que tout s'embourbe comme d'habitude dans les comités comme la commission des finances de Max Baucus.
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