Un de mes problèmes avec le monde fictif de Hârn est que ses mythologies me déçoivent un peu et que malgré son relatif "réalisme", je trouve que l'opposition principale entre les deux dieux de la guerre Larani et Agrik est trop manichéenne. Larani est déesse de la chevalerie, du courage et de l'honneur, Agrik est dieu de la destruction, de la brutalité et du règne du plus fort. Larani est Loyale bonne et Agrik Loyal mauvais.
Or cette opposition n'est pas qu'un détail comme elle organise finalement presque toutes les cultures de Venarive (l'Europe et l'Afrique du Nord, en gros). Malgré quelques petites différences légères de noms et d'interprétation, on retrouve toujours le même clivage morale (oh, certes, la vieille civilisation des Dalkeshi, qui sont en gros les Egyptiens, disent que leur dualité est plus "complémentaire", Agrik est dieu de "l'Attaque" et leur Larani déesse de "la Défense").
J'en ai déjà parlé et j'avais proposé à l'époque pour donner une chance à Agrik qu'il soit aussi un dieu de l'Ordalie purificatrice : il brutalise pour sélectionner ceux qui lutteront contre l'Apocalypse de Morgath. Il paraît sévère mais il serait une sorte d'idéal ascétique. C'est un culte millénariste et c'est pourquoi il ne parle que de grande Ekpyrosis finale. C'est Mucius Scaevola qui se brule la main ou Odin qui cherche les héros, pas seulement Loki.
Mais j'ai eu aujourd'hui une nouvelle idée de révision (qui est compatible avec la précédente).
C'est une révision "sociologique" à la place de l'opposition morale, en partant de la lutte des classes sociales. Et si Larani était une déesse de l'aristocratie, des vieilles élites de l'ouest et du sud et Agrik un dieu bien plus plébéien dans la culture azeryane qui croit à la mobilité sociale (même si c'est uniquement par la force) ?
Cela expliquerait pourquoi Agrik aime les cruels Jeux du Cirque et pas Larani. Les Jeux de Gladiateurs permettent une promotion sociale dans l'Empire Azéryan, voire un espoir de libération pour certains esclaves. Certaines versions d'Agrik pourraient même faire de la propagande révolutionnaire.
N'allons pas trop loin : les pires esclavagistes doivent se réclamer aussi d'Agrik au nom de la conquête par la force et il ne s'agit pas de prétendre qu'Agrik serait "progressiste". Les communautés agriki peuvent toujours être un peu "fascisantes" dans leur rapport à la violence comme critère principal d'excellence. Mais ils sont moins attachés à une idée d'une "classe vertueuse supérieure".
Larani se voit comme "Protectrice" mais c'est l'idéologie féodale des classes nobiliaires (nous vous protégeons, donc vous nous devez reconnaissance et tribut).
Les deux visions "morales" de la guerre deviennent en fait deux strates dans les officiers des armées : généraux nobles contre sergents et mercenaires. Les Légions d'Azerya étaient pré-féodales et plus agrikiennes et l'Ost des Royaumes féodaux est plus fondée sur Larani.
Agrik est certes toujours comme avant brutal et violent mais il croit aussi à une forme de timocratie dictatoriale mais sans hérédité, ce qui le rend légèrement moins antipathique (même si cela reste un Arès peu subtile et qu'on conserve tout ce qu'on sait sur ses Balrogs enflammés et ses holocaustes).
On conserve quand même l'idée originale que le culte de Larani est anti-sexiste (voire gynocratique plus au sud dans la Matriarchie de Byria) car c'est une des différences majeures entre notre monde et celui de Hârn, mais on a ainsi une opposition un peu plus "ambiguë" où Agrik n'est pas qu'une sorte de Diable et Larani la déesse des Gentils Paladins (même si Rethem reste un royaume globalement "maléfique" et la plupart des Laraniens hârniques plutôt sympas).

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