Dans une discussion sur le Canon littéraire, Kevin Drum dit qu'il ne comprend pas bien pourquoi Moby Dick est considérée par les Américains comme Le Grand Roman Américain (en dehors du fait que tout le monde le connaît mais que personne ne l'a lu). La discussion qui suit ne me convainc toujours pas de ne pas me contenter de la version que j'avais vue enfant dans The Famous Adventures of Mister Magoo. L'idée d'une métaphore ou d'une épopée sur l'Inaccessible, le désir destructeur ou sur la sanctification du travail en ce monde déchu ne sont pas les meilleurs slogans (voir pourtant la réponse d'Yglesias sur Gatsby & Moby Dick et un cours en podcast de Hubert Dreyfus sur Melville et le Canon).
(Mais Moby Dick a laissé une empreinte parfois trop pesante. )
La discussion sur le Canon montre la continuation d'une crise sur les finalités de l'éducation entre transmission de grandes oeuvres ou pédagogie de capacités à éventuellement pouvoir accéder au Canon. L'enseignement de la littérature (comme de certaines autres disciplines) a ceci d'ingrat qu'on attend un effet différé : on sait qu'on a des chances d'ennuyer profondément la majorité des élèves avec certaines oeuvres dans l'espoir de susciter ensuite un intérêt ou au moins la capacité autonome à lire de telles oeuvres d'accès difficile. Il faut donc accepter en partie cet ennui comme un mal nécessaire. Ceux qui craignent l'ennui et demandent de s'adapter à une société de divertissement où les élèves seraient plus "stimulés" et distraits par des rivaux à la Galaxie Gutenberg risquent de faire des prophéties auto-réalisatrices et de hâter ce désintérêt au lieu de "ruser" autour de lui.
Pourtant, ceux qui disent qu'il faudrait seulement enrober de miel la pilule de peur de dégoûter ont en un sens raison. Le problème du "Mal nécessaire" est lorsqu'il devient pire que l'ignorance. Il y a des oeuvres du Canon qu'il faut apprendre à aimer non pas grâce à l'enseignement mais malgré ou contre l'enseignement qu'on a reçu.
J'ai de l'admiration pour les Français qui réussissent héroïquement à pardonner même à Molière - d'accès certes plus facile que d'autres - la manière dont on nous le rabâche pendant toute notre adolescence (et d'ailleurs, le cours peu inspiré de La journée de la jupe en était un exemple). Annoner chaque année de CES que les médecins étaient des escrocs au XVIIe ne peut pas tirer tout le monde vers le théâtre. Ce n'est souvent qu'à Don Juan (Seconde maintenant, je crois ?) qu'on comprend pourquoi on nous a fait lire les farces misogynes antérieures.
De même, l'overdose de Kantisme qu'on reçoit au Terminale est secrètement faite pour nous en détourner.
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...but it probably doesn't make much sense without the other 'zines.
So here's the pla...
Il y a 8 heures
3 commentaires:
L'absence totale de philo analytique au lycée est donc destinée à promouvoir ce courant ?
Voilà, c'est pour essayer d'attirer une aura d'interdit. Russell, c'est trop fort pour vous.
Bien vu la stratégie à trois bandes pour faire aimer Molière (oui, parce que le théâtre en fait, on s'en fout rue de Grenelle!), si seulement...
Bravo pour votre blog.
(http://osskoor.wordpress.com)
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