(courte interruption dans mon cycle d'hommage à MAR Barker, rassurez-vous...)
Monique Canto-Sperber a démissionné de la direction de l'Ecole normale supérieure pour diriger une "Initiative d'Excellence ("IDEX") baptisée "Paris Sciences & Lettres" regroupant 17 institutions (dont l'ENS) et le Président de la République devra nommer son successeur pour le 3 avril prochain. On dit que ce sera l'historien spécialiste de l'Allemagne, Édouard Husson (qui travaillait pour Valérie Pécresse, ce qui va donc donner à sa nomination une image plus politique).
Ce qui m'amuse dans ce débat (sans grand intérêt par ailleurs) sur le nazisme de Heidegger est qu'on y retrouve MCS qui servait de pot de fleur dans une émission de LCP et où Édouard Husson intervient aussi (plutôt pour soutenir Emmanuel Faye face aux deux Heideggeriens Pascal David et François Fédier).
C'est encore une fois ce genre de débat où on aimerait ne pas avoir à choisir. François Fédier et Pascal David sont, comme on peut s'y attendre, odieux, pleins de fanatisme heideggerien et de mépris. Mais de l'autre côté, Emmanuel Faye a une telle obsession que cela en devient tout aussi pénible et qu'il affaiblit la saine cause de l'anti-heideggerianisme en France par quelques outrances.
Même Fédier (!) reconnaît maintenant qu'il y a des propos impossibles à sauver chez Heidegger (et Faye a d'ailleurs montré à quel point on avait continué à sélectionner les traductions pour ne pas reprendre ses pires textes) mais Faye en arrive à l'idée absurde que toute la philosophie de Heidegger est fondée sur son racisme.
Or on ne voit absolument pas comment la thèse principale de ce penseur (en gros, que Parménide d'Elée avait raison de distinguer l'Être et l'Etant, par exemple) aurait le moindre rapport avec l'idée qu'il y aurait une race aryenne... Et bien entendu le "journaliste" sarkozyste qui pose les questions abaisse encore plus le niveau ("Mais Heidegger pouvait-il à la fois tenir des propos antisémites et coucher avec Hannah Arendt qui était juive ?").
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Il y a 1 heure
6 commentaires:
"la saine cause de l'anti-heideggerianisme en France" est une expression délicieuse.
Il faudrait peut-être plutôt dire qu'il faut sauver Heidegger des Heideggeriens. Si une pensée se jugeait par ses moissons, Fédier ou David en seraient une condamnation facile.
Mais je dis cela alors que je compte (selon Faye) "nazifier" l'esprit de mes élèves en leur faisant lire un extrait de "La question de la technique"...
En tout cas, il faut sauver la philosophie de la technique de "La question de la technique", texte plein de sophismes, d'exemples absurdes et justifiant à bon compte la méconnaissance de ce dont on parle. Simondon for ever ! :)
Par ailleurs, Faye n'apporte pas grand chose par rapport à Bourdieu (si ce n'est son insistance sur les traduction indéfendables traductions (type "socialisme authentiquement allemend" à la place de "national socialisme) qui concerne plutôt les heidegerriens que Heidegger lui-même).
Goodtime
PS : merci pour l'info
Il faut bien que je les prépare face à des collègues qui sont encore en majorité des Poètes en Temps de Péril de ce qui Croît dans la Forêt Noire mais pas dans les Centrales Nucléaires. Ne t'en fais pas, ils ont droit aussi à de la Zone Obscure centrale simondonienne qui est dans les manuels de Terminale.
Mais ils m'objectent alors qu'elle est condamnée à grandir de plus en plus cette Zone Obscure d'aliénation, comme on ne va pas tous pouvoir devenir ingénieurs électroniciens...
Oui, la question de la "boite-noirisation" est l'une de celle qui préoccupe le plus les jeunes et apprentis philosophes. C'est essentiellement du à ce que Simondon appelle le déphasage de la technique : le progrès technologique ne s'opère plus à notre échelle en tant que processus de concrétisation mais au niveau macro de réseaux et au niveau micro des éléments. Cela dit, la conaissance des opérations de base (transduction et modulation) demeure pertinente pour se libérer de la fausse magie des objets opaques et des mythes du langage qui enveloppent cette opacité.
Bien évidemment, je pense que l'objectif de l'autonomie technicienne est devenu un idéal hors de portée, mais là comme ailleurs la mutualisation des connaissances, leur libération de la vénalité, et une organisation sociale intégrant dès le départ les contraintes techniques selon des valeurs écologiques, permettraient tout de même une relation plus équilibrée et, accessoirement, de sauver ce qui peut encore l'être de notre monde à la dérive.
Je suis heureux d'apprendre que GS est entré dans les manuels !
Goodtime.
> (courte interruption dans mon cycle d'hommage à MAR Barker, rassurez-vous...)
Cycle qui est lui-même une (longue) interruption dans ton cycle travellerien, lui-même une (longue également) interruption dans ton cycle casusbellien, cycles dont j'attends la reprise de pied ferme ! ;-)
(comment ça, tu as une vie en dehors de tout ça ? ! !) :-P
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