vendredi 13 juin 2025

στάσις καί Ἔρις

Tout ce détail de vie parlementaire dont je parlais hier sur Israël a bien sûr quelque chose de dérisoire dans un contexte de normalisation des crimes de guerre. Une fois que les partis du centre et de la gauche sont durablement à moins d'un tiers ou d'un quart, la forme parlementaire devient une coquille vide. La contestation interne devient lettre morte. 

De même, dans le Congrès US, l'ignoble larbin du despotisme Président de la Chambre Mike Johnson (R-Louisiane) a dit qu'il fallait "censurer" le Sénateur de Californie pour sa faute de s'être fait jeter à terre pour avoir voulu poser une question à la Secrétaire à la Sécurité Patriotique Kristi Noem (R-Massacre de Chiots). Dans le contexte où on ne mentionne que ce début de violence, on devrait surtout parler du discours de cette Secrétaire qui disait qu'il fallait "libérer" la Californie et remplacer par la force les "socialistes". La violence physique (modérée) a occulté la violence verbale (extrême). Le néo-colonialisme extérieur (Regime Change), habituel contre l'arrière-cour de la Doctrine Monroe - se retourne en autoritarisme appliqué en interne. 


L'esclavagiste Preston Brooks (SC) violente le senateur abolitionniste Charles Sumner (Ms) en plein Sénat en 1856

Une fois qu'une démocratie parlementaire a une majorité politique à l'extrême droite que ce soit en Israël, aux USA ou bientôt en France (comme c'est devenu absolument inévitable), compter encore de manière formaliste sur les sièges, les magistrats ou tous ces recours parlementaires a quelque chose de vain. 

Les Démocrates américains n'arrivent même pas à lutter contre les violations de l'Etat de droit perpétrées par les Républicains parce qu'ils sont dans une contradiction révolutionnaire : une fois que la majorité devient tyrannique, comment faire revenir à la normale sans transgresser soi-même aussi les normes parlementaires ? 

Le discours constant de guerre civile de l'extrême droite est une prophétie auto-réalisatrice. Ils se croient tout autorisés en disant que la guerre est déjà là et ils déclenchent donc la guerre. 

Les Grecs anciens craignaient (un peu) plus le risque de la Tyrannie que celui de la Dissension (στάσις) alors que Machiavel insiste plus (du moins dans le Prince) sur le risque de la Dissension que sur celui du Despotisme mais les deux sont bien sûr reliés : les guerres civiles renforcent les tyrans et les tyrans attisent des guerres civiles ou tirent prétexte du risque de l'Eris. 

1 commentaire:

賈尼 a dit…

Une fois qu'une démocratie parlementaire a une majorité politique à l'extrême droite que ce soit en Israël, aux USA ou bientôt en France (comme c'est devenu absolument inévitable), compter encore de manière formaliste sur les sièges, les magistrats ou tous ces recours parlementaires a quelque chose de vain.

Exactement.