samedi 29 décembre 2007

Eucatastrophe



Une remarque de Tom Shippey sur la mythologie scandinave :

We would know virtually nothing of the tradition of Eddic poetry, with its stories of Thor and Odin and Balder and the giants, if Bishop Brynjolfr Sveinsson had not found the one manuscript that contains most of them in an Icelandic farmhouse in 1662 and sent it as a curiosity to the Royal Library in Copenhagen.

Our other main source is the prose account, to some extent based on the poems, which the unlucky Icelandic politician Snorri Sturluson (1178-1241) wrote as a guide to obsolete poetic diction a few years before his enemies cut him down as he hid in his own cellar.


La situation aurait peut-être été encore pire si on n'avait que le manuscrit de l'Edda poétique du XIIIe siècle sans les sept manuscrits de l'Edda en prose qui expliquent et commentent le texte très allusif des poèmes. [Contrairement à ce que dit Shippey, on ajoute aussi d'autres textes mythologiques comme le Hauksbók et le Flateyjarbók]

Brynjólfur Sveinson était un évêque luthérien de la Cour danoise du XVIIe siècle. On a eu de la chance qu'il ne soit pas un puritain qui aurait pu se désintéresser de ces 45 pages de manuscrit païen, mais un érudit aussi intéressé que les autres Islandais, peuple alphabétisé et très conservateur (même si on raconte que les couvertures des manuscrits servaient parfois à d'autres usages comme simple planches). Il passait son temps à négocier avec les pêcheurs islandais pour obtenir leurs trésors vieux de trois siècles, les faire retranscrire par des écoles de scribes et de moines, et les éditer dans les premières machines à imprimer (il n'y en avait qu'une seule sur toute l'île et il y eut des disputes entre les prêlats pour son usage).

A peu près en cette année où l'Evêque Brynjólfur trouve le Codex Regius qu'il envoie à Copenhague, naît l'érudit Árni Magnússon (1663-1730), encore plus important pour l'histoire des manuscrits islandais. Devenu Historien royal à Copenhague, l'Islandais retranscrit des milliers de sagas et les traduisit en latin. Mais le 20 octobre 1728, alors qu'Árni Magnússon avait 65 ans, éclata le grand incendie de Copenhague qui ravagea la Bibliothèque royale et l'Université. Presque toutes les notes et traductions de l'historien Árni furent détruites par les flammes mais le vieil antiquaire réussit à sauver la plupart des manuscrits. Il mourut quatorze mois plus tard.

Une seconde fois, la survie des Eddas n'avait tenu qu'à un mince fil.

2 commentaires:

Regis Rappar a dit…

As-tu lu Autocensure? Sans les edda, on ne connaîtrait rien des aspects homosexuels d'une des magies vikings! ;)

Phersv a dit…

Oui, je me souviens l'avoir lu. Le Seidr (la Magie efféminée) est un élément très important car c'est notamment un des aspects différenciant les deux groupes des Dieux : les Ases et les Vanes. Les Vanes, divinités identifiées par Dumézil comme ceux de la Troisième fonction (fertilité), sont aussi ceux qui apportent le Seidr aux Ases (dieux de la Première et de la Seconde Fonction, Souveraineté + Guerre).